MONTRÉAL – L’attaque est imminente. L’assaillant le plus redouté au pays vient de prendre possession de la rondelle dans son propre territoire et a déjà mis les gaz. Filant à toute vitesse le long de l’aile droite, il sème un premier opposant, puis un deuxième, puis un troisième...

Ne reste plus que Samuel Montembeault entre lui et le filet. Un lancer des poignets entre les jambières du gardien ne sera toutefois pas suffisant pour ouvrir le pointage. Montembeault effectue l’arrêt, se relève, remet le disque à l’officiel et esquisse aussitôt un large sourire qui en dit long sur la fierté qui l’habite.

Montembeault se dresse devant McDavid

Il vient de refouler Connor McDavid.

La première période du match des meilleurs espoirs de la LCH n’a beau être vieille que de 38 secondes, le portier de l’Armada de Blainville-Boisbriand vient néanmoins de prouver qu’il peut tenir tête au meilleur d’entre eux.

« Je l’ai arrêté et c’était bien le fun », résume humblement Montembeault, un mois plus tard.

Du plaisir, ce dernier en éprouvait toutefois bien moins en début de campagne. Héritant du poste de gardien no 1 de l’Armada laissé libre à la suite du départ d’Étienne Marcoux pour les professionnels, Montembeault s’attaquait au défi avec seulement 10 départs à son dossier dans la LHJMQ.

« Quand la saison a commencé, j’avais peur de commettre des erreurs, de nuire à l’équipe. Je me mettais trop de pression », confesse-t-il.

C’est ainsi que lors du tout premier match de la saison de l’Armada, Montembeault flanche à quatre reprises sur 13 lancers du Drakkar. Après 40 minutes de jeu, son premier départ à titre de gardien no 1 dans la LHJMQ appartenait déjà au passé.

La suite n’est guère plus joyeuse. À l’instar du reste de l’équipe, qui n’a remporté que deux de ses huit premières rencontres, Montembeault connaît des ratés et alloue au moins quatre buts à six reprises au cours de cette même période pour un grand total de 28.

« Je n’ai pas connu le début de saison que j’espérais », convient aujourd’hui le jeune gardien de 18 ans.

« Lors des premiers matchs, il était correct », observe quant à lui le directeur général et entraîneur-chef de l’Armada, Joël Bouchard. « Il s’en mettait trop sur les épaules. Il voulait bien faire sans laisser tomber l’équipe, sans me laisser tomber. Il voulait prouver qu’il était là pour nous alors que tout ce qu’il devait faire, c’était simplement de garder les buts. »

Une évidence, certes, mais Bouchard et son entraîneur des gardiens Maxime Vaillancourt ont alors jugé qu’il valait peut-être mieux la rappeler à Montembeault au terme d’un revers de 6-5 infligé en fusillade par l’Océanic le 10 octobre, à Rimouski.

« On jouait à Drummondville le lendemain et pendant le trajet en autobus, j’ai eu une bonne discussion avec Max et Joël, qui m’ont alors demandé de changer ma façon d’approcher les matchs et d’arrêter de penser pour juste goaler. »

« On ne lui demandait pas d’être parfait, mais plutôt de nous offrir une chance de gagner en étant lui-même », note Bouchard.

Effet immédiat

Visiblement, Montembeault a saisi le message. Dès le lendemain, il signait le premier d’une série de neuf gains consécutifs.  « Tout de suite après cette conversation, je le sentais plus à l’aise devant le filet, se souvient Bouchard. Il semblait soulagé et tout cela a coïncidé avec notre poussée de 11 victoires de suite à laquelle il a pris part. »

Samuel Montembeault

À l’image de l’Armada, Montembeault a alors amorcé son ascension vers le sommet. Si bien que plus de quatre mois plus tard, il affiche la deuxième meilleure moyenne de buts alloués du circuit Courteau à 2,63, derrière Philippe Desrosiers (2,62), de l’Océanic.

« Oui, je n’avais pas beaucoup d’expérience avant le début de la saison, mais je me savais capable de faire le travail », assure-t-il.

Ce ne sont pas les occasions qui lui ont manqué pour le prouver. Montembeault a pris part à 46 des 59 matchs des siens jusqu’à maintenant, signant 29 victoires au passage. Seuls Alex Dubeau (34), Philippe Cadorette (31) et Marvin Cüpper (30) peuvent dire mieux.

Ce rendement n’a d’ailleurs pas échappé à la Centrale de recrutement de la LNH, qui le classe troisième meilleur gardien nord-américain dans sa plus récente mise à jour en vue du repêchage.

Alliant rapidité dans ses déplacements  à un bon sens du jeu et des réflexes aiguisés, Montembeault est donc parvenu à éveiller l’intérêt des éclaireurs professionnels malgré un début de saison chancelant. « Il lit très bien le jeu devant lui et est très athlétique, mais le meilleur dans tout ça, c’est qu’il peut encore s’améliorer », estime Bouchard.

 « Pour lui, être gardien n’est pas demandant ou encore stressant, c’est naturel, renchérit  l’entraîneur-chef. Il est dans ses shoe-claques. »

Surtout depuis qu’il est redevenu lui-même, un certain soir d’octobre...