OTTAWA – Jean-Gabriel Pageau a dû faire un petit tour à la clinique avant de rentrer au travail lundi, mais le jeune joueur des Sénateurs n’a probablement pas eu besoin d’analgésique pendant que son dentiste réparait la marque laissée la veille par le bâton de P.K. Subban.

Auteur d’un tour du chapeau dans la victoire de 6-1 des siens, Pageau arborait le sourire du jeune conquérant lorsqu’il est revenu sur les lieux de son petit exploit.

« Ils m’ont arrangé un petit quelque chose. J’ai perdu une dent, mais ils me l’ont replacée. On verra si ça va tenir jusqu’à la fin de la série », racontait Pageau avec toute l’insouciance de ses 20 ans, la lèvre inférieure cicatrisée par le coup encaissé au moment où il marquait le premier de ses trois buts.

Le domicile des Sénateurs était plongé dans un calme relatif en ce début de semaine, une atmosphère contrastant avec le vacarme qui y régnait la nuit précédente, pendant que les locaux infligeaient une gênante correction au Canadien. Au cœur de la pagaille, Pageau s’est démarqué en parvenant à faire monter le niveau de décibels sans jeter les gants. Il est devenu le cinquième joueur de l’histoire de la LNH à faire le tour du chapeau en séries avant l’âge de 21 ans.

Sa touche offensive a été célébrée, son nom a été scandé et la première étoile lui a été attribuée.

« C’était motivant, je ne m’attendais pas à ça, a partagé le jeune joueur de centre. C’est un support qui m’a vraiment donné l’énergie dont j’avais besoin. Les partisans ont été notre septième joueur, ils ont été très bruyants. Ça m’a forcé à pousser et toujours donner mon maximum. Ça a été un moment très spécial, je vais m’en rappeler super longtemps. »

Les récents succès de Pageau incitent soudainement les observateurs de tout acabit à s’attarder à son intéressant parcours. Celui qui s’est d’abord fait un nom de l’autre côté de la rivière des Outaouais, dans l’uniforme des Olympiques de Gatineau, évolue sur la grande scène moins de deux ans après avoir été repêché en quatrième ronde.

Pageau était le sixième marqueur du club-école des Sens lorsqu’il a été rappelé dans la grande ligue le 10 avril. Il a récolté une passe à son premier match dans la LNH et brisé la glace avec son premier but le lendemain. Il est peut-être le principal responsable de la naissance de la rivalité entre le Canadien et les Sénateurs : s’il ne marque pas le but vainqueur lors du dernier match de la saison régulière, qui sait si les Penguins de Pittsburgh ne sont pas présentement en visite dans la capitale canadienne?

À son douzième match dans la Ligue nationale dimanche, Pageau a réussi le troisième but vainqueur de sa jeune carrière. Il a aussi remporté 71% des 17 mises en jeu qui lui ont été données en mission, incitant son entraîneur Paul MacLean à lui donner 23 présences sur la patinoire.

« Au début de l’année, je ne m’attendais même pas à jouer dans la Ligue américaine et maintenant, j’ai la chance d’être avec le grand club en séries, s’étonne presque la verte recrue. L’entraîneur me fait vraiment confiance, il me laisse la chance de me reprendre quand je fais des petites erreurs. Je suis content, j’espère que ça va continuer. »

« Je n’ai pas encore eu la chance de parler à Jean-Gabriel aujourd’hui, il était trop occupé à vous faire la conversation, a rigolé MacLean, tout sourire lors de son point de presse quotidien. Et c’est bien, il a mérité cette attention. Ceci étant dit, on parle d’un joueur qui a participé à neuf matchs pour nous cette saison et, évidemment, il en a joué tout un hier. Je veux simplement m’assurer qu’il comprenne bien où il en est et comment se préparer pour le prochain match. Ses coéquipiers s’occupent bien de lui, mais le personnel d’entraîneurs s’assurera aussi de bien l’encadrer. »