Les larmes ont commencé à couler sur le visage de Brent Sopel au moment où il se voyait à l'écran, puisant au plus profond de lui-même pour trouver le courage nécessaire afin de détailler les moments les plus sombres de sa bataille quotidienne avec la dyslexie.

Les souvenirs cinglants des railleries de ses camarades de classe. La sensation d'inutilité qui l'a privé de son énergie, même lorsque l'ancien défenseur a gagné la coupe Stanley avec les Blackhawks de Chicago en 2010.

Ensuite, il y a eu ses batailles contre l'abus d'alcool et de drogue après sa retraite, après une carrière de 17 ans avec six équipes de la Ligue nationale de hockey dont le Canadien de Montréal pendant ses 12 derniers matchs dans la LNH, en 2011.

Il a aussi porté les couleurs de deux autres formations en Russie entre 2011 et 2014, et d'une dernière, les Wolves de Chicago de la Ligue américaine, en 2014-2015.

Sopel relate son histoire dans un documentaire intitulé Brent Sopel: Here to Change the World (Brent Sopel: Ici pour changer le monde).

Le court métrage de 25 minutes, sorti récemment, a pour objectif de promouvoir sa fondation caritative qui elle-même vise à aider les autres à affronter les défis et la stigmatisation associés à la dyslexie.

« Ç'a été difficile. J'ai pleuré, a déclaré Sopel. Ça ramène de vives émotions. J'ai des cicatrices qui ne partiront jamais. »

Le film commence au moment où l'ancien hockeyeur relate la gêne qu'il a ressentie en neuvième année, le jour où on lui a demandé de lire à haute voix pendant un cours d'anglais.

« Ç'a probablement été l'une des pires journées de ma vie », décrit-il.

Le documentaire se termine sur un message motivant, avec Sopel qui dit: « Bonjour, je suis Brent Sopel, ici pour changer le monde ».

Ce n'est pas la première fois que Sopel raconte son histoire. Et même si c'est probablement toujours aussi difficile à revivre, ce ne sera certainement pas la dernière fois qu'il en parlera.

« Peu importe la bataille dans laquelle vous êtes engagé, alcoolisme, dépression, dyslexie, lorsque vous êtes dans cette bataille, vous pensez que vous êtes seul. Mais je dois vous dire, vous ne l'êtes pas », affirme Sopel, qui est sobre depuis trois ans et demi.

« Je ne veux jamais voir un autre jeune ressentir ce que je ressens jour après jour. »

Selon la clinique Mayo, la dyslexie est un trouble d'apprentissage qui affecte la capacité du cerveau à déchiffrer le langage, et qui engendre des difficultés de lecture et d'écriture.

Bien qu'il n'existe aucun traitement pour la dyslexie, qui touche près de 20 pour cent de la population, ses défis peuvent être surmontés grâce au tutorat, surtout lorsque le diagnostic survient à un âge précoce.

Mort sans le hockey

Jeune garçon en Saskatchewan, Sopel ignorait ce qui n'allait pas chez lui. À l'école, il est devenu le clown de la classe mais aussi un tortionnaire, quelque chose qu'il regrettera toujours. Le hockey lui servait de bulle.

« Si je n'avais pas eu le hockey, je serais mort », dit-il.

Sélectionné en sixième ronde par les Canucks de Vancouver en 1995, Sopel s'est fait remarquer par sa combativité et son habileté à bloquer les tirs des adversaires.

« Terrifié » à l'idée d'une vie sans le hockey, Sopel a continué de jouer malgré de nombreuses blessures, incluant une fracture à une main.

Le fait marquant de sa carrière est venu en 2010, quand il a pu soulever la coupe Stanley. Et pourtant, le moment ne l'a pas entièrement rassasié.

« La sensation était formidable, mais vide », souligne-t-il.

Peu importe l'allégresse qu'il a pu ressentir, tout ça a été noyé au fil d'une longue chute vers une dépression et une dépendance aux substances illicites, sans grand espoir de trouver un emploi parce qu'il manquait d'instruction. Certains jours, il était incapable de quitter son lit.

« Les drogues et l'alcool sont devenus mes meilleurs amis, avoue-t-il dans le documentaire. Je suis passé très près de la mort. »

Sopel rend hommage aux membres de sa famille et aux amis qui sont demeurés près de lui et qui sont intervenus. Il a maintenant de bonnes raisons de sortir du lit, parce qu'il tient à aider les autres, incluant à titre d'instructeur d'équipes mineures dans la région de Chicago.

« Ç'a n'a pas été facile. Mais vous savez quoi? Je suis ici et à un meilleur endroit », affirme Sopel, dont la fille, une adolescente, a reçu un diagnostic de dyslexie en deuxième année.

« J'ai un objectif, et je pense que la fondation est mon objectif. Et je dis les choses telles qu'elles sont. »

Ce qu'il fait aujourd'hui, il ne le changerait pour rien au monde, même pas pour une bague de la coupe Stanley, qu'il a tenté de vendre un jour.

« Mon rêve d'enfance était de gagner une coupe Stanley. Mais sans aucun doute, mon héritage et celui de ma fondation, afin d'avoir un impact dans la vie de jeunes, sont beaucoup plus importants. »