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Repêchage 2019 : fais ton classement

 

BUFFALO – Avant de quitter Buffalo et tirer un trait sur le camp d’évaluation des principaux espoirs en vue du repêchage de la Ligue nationale, il y a deux semaines, l’adjoint au directeur général du Canadien, Trevor Timmins, a reconnu qu’une tendance à recruter en fonction des besoins immédiats se dessinait depuis quelques années parmi les clubs du circuit.

 

Le Tricolore a lui-même semblé souscrire à cette philosophie l’année dernière en utilisant le troisième choix de la première ronde sur Jesperi Kotkaniemi, un joueur de centre dont on espérait – rien de moins – qu’il vienne combler une lacune générationnelle au sein de l’organisation. Au total, sept joueurs de centre ont fait partie de la cuvée 2018 du CH.

 

Si le Canadien approche du même angle le repêchage de cette année, il serait logique de déduire qu’il partira à la recherche d’un défenseur gaucher. Depuis que Shea Weber a été acquis par voie de transaction à l’été 2016, on lui cherche un partenaire digne de ce nom qui donnerait à l’entraîneur la latitude d’utiliser tout son monde dans le bon rôle.

 

Si tel est le cas, Marc Bergevin et son groupe d’évaluateurs pourraient avoir le luxe de piger à même un bassin de prospects fort intéressant. Le Suédois Philip Broberg, le Canadien Thomas Harley et le Finlandais Ville Heinola sont quelques-uns des candidats qui pourraient être disponibles lorsque la délégation du CH montera sur l’estrade pour annoncer son choix vendredi prochain à Vancouver.  

 

Mais le nom qui revient le plus fréquemment dans les spéculations et les bruits de coulisses est celui de l’Américain Cam York.

 

York est décrit depuis deux ans comme le meilleur défenseur du programme de développement américain, un groupe qui est lui-même considéré comme le plus bel assemblage de joueurs d’âge junior au monde. Derrière le prodigieux Jack Hughes, la jeune sélection américaine comptait sur des virtuoses comme Alex Turcotte, Cole Caufield, Trevor Zegras et Matthew Boldy. Les cinq coéquipiers pourraient réalistement être repêchés dans le top-10 dans une semaine.

 

Pour chaque match où il a vu ses coéquipiers dominer des adversaires déclassés, York a des souvenirs un peu moins glorieux : ceux des jours où il a dû les affronter à l’entraînement.  

 

« Je suis certain que vous en avez entendu parler : chacune de nos pratiques était une vraie guerre, dit le grand rouquin. On est tous des gars hyper compétitifs, on aime se pousser à la limite. Pour un défenseur, ça peut être tout un défi d’affronter des joueurs aussi talentueux sur une base quotidienne, mais j’ai eu l’impression de tenir mon bout durant toute la saison et d’ainsi parfaire mes propres habiletés. »

 

Il y a les façons évidentes dont York a bénéficié de cet entourage. Un défenseur ne termine pas une saison avec 107 points en 98 matchs si les gars en avant de lui n’ont pas un certain talent pour mettre le petit objet noir derrière le gardien adverse. Mais il y en a de plus subtiles, celles qui n’apparaissent pas sur la feuille de pointage et qu’on néglige peut-être un peu de surveiller au sein d’une équipe qui peut souvent se permettre de lever le pied après une période.

 

« Je ne reçois pas une tonne de crédit pour mon jeu défensif, mais je considère que ça représente une grande partie de ce que j’ai à offrir. Dans l’ensemble du jeu, je suis capable d’accomplir plusieurs choses qui font de moi un joueur assez spécial, juge York avec confiance. Je veux être celui qu’on envoie sur la glace pendant 30, 35 minutes par match. Si vous êtes seulement compétent offensivement, vous ne jouerez pas plus de 20 minutes par match. Je veux être le gars fiable et respecté à qui l’on confie des missions importantes. »

 

Dans une catégorie spéciale

 

York a grandi à Anaheim. Désireux de sortir du rang, il a très jeune préféré le hockey au baseball ou au football. Et rapidement, il a compris qu’il possédait un talent particulier. L’un de ses entraîneurs au hockey mineur a été l’ancien défenseur des Devils du New Jersey et des Ducks d’Anaheim Scott Niedermayer, avec qui on lui trouve aujourd’hui des points en commun.

 

« J’ai vu à quel point il était un patineur fluide. C’est probablement la plus grande similitude qui existe dans notre façon de jouer. Ça et notre façon de lire le jeu », propose lui-même l’adolescent.

 

York énumère les forces de son jeu avec une confiance nonchalante, un trait de sa personnalité que ceux qui le côtoient attribuent à ses racines californiennes. Calme et zen, son tempérament est selon plusieurs recruteurs le miroir de son jeu. Sa technique de patinage au-dessus de la moyenne et son sens du jeu lui permettent d’anticiper l’action et de se sortir sans trembler de situations périlleuses. La qualité de ses sorties de zone et l’aisance avec laquelle il atteint la ligne bleue adverse en font un brillant général en attaque.

 

« C’est personnellement un de mes favoris, révèle Dan Marr, le directeur de la Centrale de recrutement de la LNH. À 16 ans, il était le meilleur défenseur de l’équipe américaine des moins de 18 et cette année, il est encore meilleur. Il est toujours en plein contrôle. Ses décisions sont rapides et sont surtout toujours les bonnes. Ce n’est pas le genre de gars qui va transporter la rondelle d’un bout à l’autre de la patinoire, il n’essaie pas d’épater la galerie avec la rondelle, mais tout ce qu’il fait, il le fait bien. »

 

« Il pourrait être dans une catégorie spéciale, insiste Marr. Regardez les jeunes défenseurs dont on parle le plus, les Morgan Reilly, les Charlie McAvoy... Ce sont différents styles de hockeyeurs, mais je crois que très bientôt, les gens vont parler de Cameron York dans la même veine. Il sera une partie importante de l’avenir de l’équipe qui le repêchera. »

 

Un recruteur de la LNH sondé par le site Hockeyprospect.com classe York dans son top-10 devant des attaquants avantageusement cotés comme Kirby Dach et Dylan Cozens. Un autre affirme avec assurance qu’il sera le deuxième meilleur défenseur disponible à Vancouver, après Bowen Byram. « Je pense qu’il est l’un des joueurs les plus sous-estimés de cette cuvée. »

 

York, qui dit avoir l’intention de faire le saut dans la LNH après une ou deux années à l’Université du Michigan, a rencontré les dirigeants du Canadien une fois au cours de la saison et une autre fois à Buffalo. « J’ai senti qu’ils étaient pas mal intéressés et j’en ai gardé l’impression que ça pourrait très bien être une possibilité pour moi. »

 

Reste à voir si son nom sera déjà affiché au tableau lorsque le tour du Canadien viendra. ​