Daniel Brière a la tête plongée dans ses souvenirs aujourd’hui. Après avoir confirmé sa retraite en août dernier, le Gatinois sera honoré à Philadelphie, ce soir, alors que les Flyers recevront les Sabres de Buffalo.

Entouré de ses fils et d’une cinquantaine d’invités au sein desquels on retrouvera d’anciens coéquipiers et proches amis, Brière déposera une mise en jeu protocolaire avant la rencontre. Lors des arrêts de jeu qui se multiplieront durant la rencontre, des témoignages de coéquipiers des différents clubs dont Brière a défendu les couleurs seront présentés sur l’écran géant. « C’est une cérémonie simple, mais très agréable. J’étais sur place il y a quelques matchs lorsque les Flyers ont réservé le même honneur à Kimmo (Timonen) qui vient également de prendre sa retraite. Ce sera une belle soirée », a indiqué Brière qui ne sera pas chamboulé par des émotions négatives.

« Quand j’ai annoncé ma retraite, c’est que j’étais prêt. Je n’ai aucun regret. Je n’ai que de bons souvenirs de partout où je suis passé et ce sera vraiment une soirée positive. La seule chose qui ne sont pas claire encore est de savoir si mes gars viendront sur la glace ou pas. C’est leur choix. L’ennui c’est qu’ils changent d’idée toutes les 10 minutes. J’ai hâte de voir ce qu’ils décideront une fois près de la glace », m’a expliqué celui qui occupe maintenant son rôle de père à temps complet à Philadelphie et qui, sous la gouverne de son ancien patron Paul Holmgren, apprend petit à petit les rudiments de la gestion d’un club de hockey.

Séquence historique

En plus d’effectuer des retours dans le temps et dans l’espace à Phoenix, Buffalo, Philadelphie, Montréal, au Colorado où il a disputé sa dernière saison et Los Angeles où il a passé beaucoup de temps avec sa famille dans le cadre de la cérémonie d’avant-match qui lui sera consacrée, Daniel Brière fera un autre voyage dans le temps ce soir. Un voyage gracieusement offert par Canadien qui est à une victoire d’égaler le record de la LNH de 10 gains consécutifs en début de saison. Ce record, initialement écrit par les Maple Leafs de Toronto en 1993-1994, a été égalé par Brière et ses coéquipiers des Sabres en début de saison 2006-2007.

« C’était magique cette séquence. On se sentait invincibles. Lorsqu’on arrivait dans le vestiaire avant les matchs, on ne se demandait pas si on allait gagner, mais par combien de buts ont gagnerait », m’expliquait Brière que j’ai joint à Philadelphie en début d’après-midi.

« On avait tous l’impression qu’il était normal de gagner. On avait une bonne équipe nous aussi. Si je compare les Sabres de 2006 au Canadien d’aujourd’hui, nous avions aussi trois bons trios. Des trios tous capables de marquer. On avait un excellent gardien en Ryan Miller qui était notre Carey Price. Le Canadien avec Subban, Markov et Petry sont toutefois meilleurs à la ligne bleue que nous l’étions dans le temps », analysait Brière.

Neuf ans plus tard, Ryan Miller devra donc réussir ce que le gardien Rick DiPietro n’avait pu faire lors du 10e match des Sabres en début de saison 2006-2007 s’il veut empêcher le Canadien d’atteindre ce plateau historique. Lors de cette 10e rencontre de la saison, les Sabres avaient blanchi les Islanders 3-0 à Uniondale. Daniel Brière, Tomas Vanek et Maxim Afinogenov avaient déjoué Dipietro.

Si Brière et ses coéquipiers se sentaient invincibles, un retour dans l’histoire démontre qu’ils ont trimé dur pour amorcer leur séquence historique. De fait, trois des quatre premiers gains avaient été arrachés en tirs de barrage : contre la Caroline (3-2), Montréal (5-4) et Detroit (3-2). Les Sabres avaient vaincu Ottawa 4-3 lors de la troisième partie.

Ils ont ensuite enchainé les victoires plus faciles – 7-4 contre les Rangers, 9-1 contre les Flyers, 5-4 contre la Caroline, 6-2 contre Boston et 4-1 contre Montréal avant de blanchir les Islanders.

C’est de retour devant leurs partisans, lors d’une escale des Thrashers d’Atlanta à Buffalo que les Sabres ont finalement encaissé leur première défaite. Un revers de 5-4… en tirs de barrage.

« Atlanta avait un gros club dans le temps. Kovalchuk et Hossa étaient encore là. Bob (Hartley) coachait. Ils donnaient toujours de l’opposition. Ce n’est pas comme si ce match était facile à gagner », se souvient Brière qui avait enfilé un 3e but et récolté une 12e passe lors de cette rencontre. Le Gatinois était entouré de Jason Pominville – il affichait sept buts et 11 points après cette 11e partie – et Jochen Hecht (2 buts, 6 passes).

Ce début de saison sur les chapeaux de roue pour les Sabres avait souri à plusieurs joueurs, dont Brière qui avait ensuite connu sa meilleure campagne offensive en carrière avec 32 buts et 95 points. Ces statistiques lui avaient permis de faire sauter la banque et de préférer l’offre des Flyers de Philadelphie à celle du Canadien de Montréal et des autres clubs en lice pour obtenir ses services.

Après ce premier revers, les Sabres avaient remporté cinq des six matchs suivants. Ces victoires en série les avaient catapultés en première place de la division Nord-Est et au premier rang de l’Association Est. Les Sabres avaient finalement perdu en finale de l’Est aux mains de Daniel Alfredsson et ses Sénateurs d’Ottawa. Les Sénateurs s’étaient ensuite inclinés en grande finale devant les Ducks d’Anaheim qui avait soulevé leur première et seule coupe Stanley de leur histoire.