L’Avalanche du Colorado a raté les séries lors des trois derniers printemps, terminant même la dernière campagne au dernier rang de l’Association Ouest. L’amphithéâtre n’est plus rempli lors des matchs de hockey dans une ville pourtant fière des ses équipes sportives et, surtout, de ses deux coupes Stanley. Jamais, alors que j’amorçais à peine ma carrière dans la LNH, je n’aurais pu imaginer tel scénario au moment même où on s’arrachait les billets pour les rencontres de la première saison suivant le déménagement de l’équipe, de l’autre côté de l’autoroute, passant du vétuste McNichol’s Arena au flambant neuf et luxueux Pepsi Center. Il faut dire qu’à cette époque, évoluer pour l’Avalanche voulait aussi dire avoir pour voisin de casier un futur membre du Temple de la renommée. En bourgogne et bleu à la fin des années 90 et au tournant du millénaire les Forsberg, Bourque, Andreychuk, Foote, Sakic et Roy.

Les temps ont bien changés.

Après quelques résultats bien en deçà des attentes sur la glace et aux guichets, il était temps de tenter un grand coup afin de tenter de redorer le blason d’une organisation jadis synonyme de succès. La direction semblait avoir perdu de sa vigueur et de sa couleur depuis le départ de Pierre Lacroix de la chaise de directeur général. Greg Sherman a été tassé, malgré son titre honoraire de DG. Il s’occupera désormais des contrats et de la gestion de la masse salariale au quotidien.

L’entrée en scène d’un grand de l’histoire des Nordiques et de l’Avalanche, Joe Sakic, un gentleman très respecté partout dans le monde du hockey aura un impact immédiat. Pour l’avoir côtoyé, je ne suis pas surpris de la flexibilité dont il a fait preuve dans les négociations pour attirer Patrick Roy à la barre du Colorado. N’est-ce pas exactement ce qu’il a fait en 1996? C'est-à-dire de partager, avec un gagnant qui a fait ses preuves, le leadership d’un groupe dont il était le capitaine dans le but avoué de les mener vers de plus hauts sommets. Il prend le risque bien calculé, à nouveau, de partager avec Roy une certaine partie de son pouvoir décisionnel en connaissant cette fois-ci très bien l’homme qu’il engage. Il sait ce dont Patrick est capable, il admire sa passion, sa contagion et son abandon envers son sport et il a déjà été plus d’une fois témoin de la fougue et de l’intensité du légendaire gardien. En vrai leader, Sakic n’a pas peur de s’entourer d’une personnalité forte car il croit donc qu’il s’agit de ce dont les jeunes joueurs de l’organisation ont besoin pour se développer en symbiose, le plus grand défi du nouvel entraîneur d’ailleurs.

Pour ce qui est de Patrick Roy lui-même maintenant : il était mûr pour un nouveau défi. Mais il n’était pas prêt à le relever dans un environnement qu’il ne considérait pas propice à ce qu’il puisse manœuvrer entièrement selon ses convictions. S’il a apposé son nom au bas de ce contrat, c’est qu’il a la conviction que les Kroenke, propriétaires du club, et Sakic partagent sa vision en ce qui a trait au processus de prises de décisions qui devra impliquer des gens envers qui il a confiance. L’exemple d’Alain Vigneault, pris dans un bourbier où il n’avait pas le dernier mot quant au personnel à sa disposition à Vancouver, va servir aux entraîneurs avertis. Il a fait ses classes derrière le banc des Remparts et saura s’entourer des bons adjoints pour combler tout manque qui pourrait nuire à ce qu’il connaisse du succès.

Maintenant patron d’une équipe jeune et talentueuse, mais qui manque clairement de cohésion, il aura la possibilité d’identifier les pommes pourries, s’il y en a, et de poser les gestes en conséquence aussi afin d’amener à Denver des joueurs qui ont les priorités aux bonnes places. L’Avalanche possède le tout premier choix du prochain repêchage et il s’agit là d’un bon bloc de départ afin de solidifier une défensive qui en a besoin. Les Duchene, Landeskog et Johnson sont des jeunes prometteurs.

Une chose est certaine avec cette embauche, avec Sakic et Roy qui mènent désormais la destinée de l’Avalanche on ne devrait plus s’en faire dans ce vestiaire avec le voyage de fin d’année à Vegas. Car s’il n’en tient qu’à ces deux gagnants, le voyage du printemps c’est celui des séries.