TORONTO - Teemu Selanne, Paul Kariya, Mark Recchi, Danielle Goyette et Dave Andreychuk ont officiellement rejoint lundi les grands, très grands et très, très grands membres du Temple de la renommée du hockey.

 

S’il a su faire très bonne première impression en marquant 76 buts en 1992 lorsqu’il est débarqué à Winnipeg à titre de recrue, Teemu Selanne a candidement admis qu’il ne croyait pas possible de jouer un jour dans la LNH.

 

« Quand j’ai commencé à jouer au hockey en Finlande, je ne pouvais imaginer le genre de carrière que j’aurais. Mon but premier était de m’amuser. Mon rêve ultime était de joindre les rangs de l’équipe nationale, car la Ligue nationale de hockey semblait inatteignable. J’aimerais remercier John Ferguson et Mike Smith qui ont cru en moi et m’ont donné la chance de faire le saut dans la LNH », a raconté Selanne qui a reçu sa plaque officialisant son intronisation des mains de Jari Kurri. Son idole de jeunesse et seul autre Finlandais élu au Temple de la renommée du hockey.
 

Fidèle à son habitude, Selanne s’est permis quelques blagues dans son discours de remerciement dont l’une adressée à l’un de ses frères. «Mes deux frères ont été mes deux premiers coéquipiers. Nous jouions beaucoup ensemble. L’un d’eux était gardien. Je m’excuse d’ailleurs de t’avoir volé ta confiance en marquant aussi souvent à tes dépens. Mais j’avais besoin de toute cette confiance pour mousser mes chances de succès», a-t-il lancé en jetant un regard amusé en direction de ses frères.

 

Comme tous les autres intronisés, Selanne a remercié ses coéquipiers et entraîneurs de toutes les organisations dont il a défendu les couleurs. Il a aussi remercié l’orthopédiste qui lui a permis de relancer sa carrière en 2004 avec une reconstruction de ses genoux sérieusement endommagés. « Tu m’as dit que je pourrais jouer trois saisons supplémentaires sur avec ces nouveaux genoux. J’ai joué dix ans et ils sont encore solides aujourd’hui », a lancé Selanne qui, malgré une forme physique évidente, s’est amusé à nier toute possibilité de retour au jeu.

 

« J’ai joué hier – dimanche dans le cadre du match des Légendes du Temple de la renommée — et même si j’ai adoré retrouver Paul (Kariya) sur la patinoire, je jouerai mon prochain match l’an prochain. »

 

Surnommé « l’éclair finlandais », Teemu Selanne a toujours fait honneur à ce surnom. Même au Colorado où il a passé une saison. Capitaine de l’Avalanche à l’époque, Joe Sakic garde des souvenirs précieux de cette saison passée en compagnie de Selanne.

 

« Teemu est l’un des grands joueurs de l’histoire. Tout le monde parle de sa vitesse, de son talent, de ses mains magiques. Mais je peux vous assurer que sa plus belle qualité était son enthousiasme. Son amour du hockey et des partisans. Je n’ai jamais joué avec un gars qui avait autant de plaisir au hockey. Et cette passion était contagieuse. Il avait de gros ennuis avec ses genoux lorsqu’il est arrivé au Colorado. Malgré tout, il avait le sourire tous les jours, il était heureux sur la glace pas juste lors des matchs, mais aussi lors des entraînements. Cette joie de vivre est ce qui me reste le plus comme souvenir de Teemu. Il était aussi très près des gens. Il passait un temps fou à signer des autographes, à prendre des photos et à simplement parler avec les fans. Il était tellement près des amateurs qu’il avait le don de faire sentir une personne à qu’il parlait pour la première fois comme un ami de longue date », a témoigné Sakic.

 

« Malgré ses genoux malades, il m’impressionnait aussi avec l’explosion de ses premiers coups de patin. Je ne crois pas qu’il y ait un autre joueur qui pouvait accélérer comme lui en deux ou trois enjambées », a ajouté le directeur général de l’Avalanche.

 

Paul Kariya

 

Coéquipiers à Anaheim et au Colorado le temps d’une saison, mais amis depuis toujours et pour toujours, Teemu Selanne et Paul Kariya était assis côte à côte lors de la cérémonie d’intronisation. Ils semblaient tout droit sortis de la même mercerie et portaient même des nœuds papillon presque identiques.

 

Si Selanne a adopté le ton badin qui le caractérise depuis toujours, Kariya a été plus émotif. Non! Il n’a pas fait allusion aux commotions qui ont mis un terme prématuré à sa carrière ou aux mesures à prendre pour maximiser la sécurité des joueurs. Ce n’était sans doute pas l’endroit ou le moment.

 

Mais Kariya s’est assuré de remercier ses premiers entraîneurs dans le hockey mineur, dont l’un qui l’a initié aux visualisations positives. « Dès 15 ans, je me voyais comme un Wayne Gretzky offrant des occasions de marquer à Jari Kurri. Je m’imaginais aussi marquer des buts avec des tirs du revers comme le faisait Brett Hull. Depuis que je suis entré ici en fin de semaine, je réalise le nombre important d’intronisés qui m’ont marqué et ont influencé ma carrière », a convenu Kariya qui a récolté 989 points en 989 matchs disputés dans la LNH.

 

Après avoir salué ceux et celles qui ont marqué sa carrière depuis ses débuts dans le hockey mineur à Vancouver, Paul Kariya a tenu à rendre un hommage particulier à deux coéquipiers : Steve Rucchin qui a été son centre de prédilection avec les Mighty Ducks d’Anaheim et Teemu Selanne.

 

« Steve avait le talent nécessaire pour faire des choses que je ne pouvais faire sur la patinoire: aller dans les coins, faire de l’échec avant, effectuer des replis défensifs », a indiqué Kariya avant que Selanne n’ajoute que Ruccin devait avoir le dos très endolori après avoir transporté ses deux ailiers – Selanne et Kariya – sur ses épaules comme il l’a fait si longtemps.

 

En regardant Selanne droit dans les yeux, Kariya a ajouté : « Teemu : je ne serais pas debout ici sans toi. »

 

S’adressant ensuite à ses parents – sa mère était présente, mais son père est décédé – Kariya a souligné les leçons de vie qu’ils lui avaient inculquées. « Vous m’avez toujours dit d’être prêt à tout, de toujours rester concentré sur ce que j’avais à accomplir et de toujours demeurer humble au hockey comme dans la vie. Je peux vous assurer que je ne me suis jamais senti aussi humble et aussi reconnaissant que ce soir », a conclu celui qui est sorti pour la première fois de l’ombre où il s’est réfugié après sa retraite il y a sept ans pour prendre une part active à son intronisation.

 

Danielle Goyette

 

Pionnière du hockey féminin, Danielle Goyette a souligné les épreuves qu’elle a dû surmonter pour se faire une place au sein de l’équipe nationale et réaliser son rêve de défendre les couleurs du Canada en compétitions internationales.

 

« J’ai joint l’équipe nationale en 1991. Personne ne voulait jouer avec moi parce que je ne parlais pas anglais et parce que je ne connaissais pas les systèmes de jeu. Ma vie a basculé lorsque j’ai appris que le hockey féminin serait des Jeux à Nagano. En 1996, je suis déménagée à Calgary pour apprendre l’anglais et pour me trouver un emploi qui me permettrait de vivre là-bas et de jouer au hockey afin de me faire une place avec Équipe-Canada. J’ai réalisé mon rêve de jouer pour le Canada lors de trois Jeux olympiques et dans neuf championnats du monde », a indiqué Goyette qui a reçu un cigare en guise de cadeau de la part de Pat Quinn après la conquête de la médaille d’or aux Jeux de Salt Lake City en 2002.

 

« J’avais dit à Pat que je fumerais un cigare si jamais nous battions les Américaines. Le lendemain de notre victoire, je l’ai entendu crier mon nom. J’étais avec Geraldine – Hayney qui est aussi membre du Temple de la renommée et qui lui a présenté sa plaque honorifique – et il a sorti des cigares de son sac pour nous les offrir. Pat nous avait dit que nous l’avions impressionné dans le match de médaille d’or et qu’il allait demander aux joueurs de l’équipe masculine de jouer comme les filles l’avaient fait. »

 

« Je suis fière d'avoir été un modèle pour les jeunes filles »

 

Outre ses médailles aux Jeux olympiques et en championnat du monde, outre le cigare offert en cadeau par le grand Pat Quinn, la plus grande victoire de Danielle Goyette est associée à l’essor du hockey féminin.  

 

« J’ai grandi en voulant imiter Guy Lafleur ou Mats Naslund. Les jeunes filles d’aujourd’hui ont maintenant des modèles féminins à imiter... »

 

Andreychuk et Recchi

 

Parallèlement aux cinq joueurs intronisés, le propriétaire des Bruins de Boston Jeremy Jacobs et Clare Drake, l’entraîneur-chef des Golden Bears de l’Université de l’Alberta, l’entraîneur-chef le plus titré de l’histoire du hockey universitaire canadien, l’entraîneur-chef des entraîneurs-chefs tant il en a influencé plusieurs ont également fait leur entrée au Temple de la renommée.

 

Les collègues Cam Cole (prix Elmer Ferguson) et Dave Strader (prix Foster Hewitt) ont fait leur entrée au Temple pour l’excellence de leur carrière dans la presse écrite et à la description des matchs.

 

Mark Recchi a livré un vibrant témoignage sur sa carrière de 22 ans dans la LNH au cours duquel il a souligné l’importance de ses trois coupes Stanley avec trois organisations différentes : Pittsburgh, Caroline et Boston.

 

Quant à Dave Andreychuk, il a grandement remercié la direction du Lightning de Tampa Bay qui lui a donné l’occasion de réaliser le rêve de tout hockeyeur : soulever la coupe Stanley.

 

« J’étais prêt à prendre ma retraite, mais j’ai eu la chance de me retrouver avec de jeunes loups qui avaient besoin d’un peu d’aide pour comprendre à quel point ils étaient bons et à quel point ils pouvaient gagner », a témoigné Andreychuk.

 

L’un de ces jeunes loups, Martin St-Louis a tenu à balayer du revers de la main tous les doutes évoqués par certains quant à la pertinence d’ouvrir les portes du Temple de la renommée à Andreychuk.

 

« Dave n’était certainement pas un bon patineur, mais il avait le meilleur bâton de la Ligue. Même à la fin de sa carrière avec nous à Tampa, il n’y avait personne d’aussi bon que lui pour se planter devant le gardien et trouver une façon de toucher à la rondelle et à la mettre dans le but. Il a marqué 640 buts et personne n’en a marqué autant que lui en attaque massive. C’était un pilier. Il a joué un grand rôle dans notre conquête. Il nous a donné l’expérience qui nous manquait. Il a su nous garder concentrés », a témoigné Martin St-Louis.

 

2018 : qui accompagnera Brodeur?

 

En levant les yeux sur la cuvée 2018, le visage de Martin Brodeur apparaît instantanément. Meilleur gardien de son époque, l’un des plus grands de l’histoire du hockey, Martin Brodeur sera éligible pour la première fois depuis sa retraite.

 

Il est impossible d’imaginer que sa candidature puisse être écartée. De fait, Brodeur devrait être un choix unanime et obtenir le vote des 18 membres du comité de sélection.

 

Qui accompagnera Brodeur?

 

Martin St-Louis sera à sa première année d’éligibilité également. S’il ne fait aucun doute que St-Louis franchira un jour les portes du Temple de la renommée, il est permis de se demander s’il obtiendra les 14 votes nécessaires pour y faire son entrée.

 

Croisé sur le tapis rouge avant la cérémonie de lundi, le nouveau retraité s’est contenté de sourire lorsqu’on lui a demandé s’il songeait à cette prochaine étape.

 

« Je suis fier de ce que j’ai accompli. Je suis satisfait de ma carrière. Satisfait de la façon dont tout a commencé, de la façon dont tout s’est terminé. Je vais laisser à ceux qui ont des votes le soin de déterminer si ce que j’ai accompli justifie que je puisse passer à une autre étape », a indiqué le Lavallois qui a peut-être raccroché les patins à titre de joueur, mais qui les chausse presque quotidiennement à titre d’entraîneur de ses fils dans le hockey mineur.

 

St.Louis sera un jour au Temple. C’est acquis. Tout comme Daniel Alfredsson. Écarté du processus cette année alors qu’il était éligible pour la première fois, Alfredsson doit être intronisé dès l’an prochain, car une année supplémentaire serait injustifiée considérant la carrière qu’il a connue.

 

Vrai qu’Alfredsson n’a pas soulevé la coupe Stanley. Mais ce qu’il a accompli avec les Sénateurs d’Ottawa dont il est le plus grand joueur de l’histoire, avec ce qu’il a accompli dans la LNH et sur la scène internationale avec l’équipe de sa Suède natale, l’assure d’une place au Temple. Et le plus tôt sera le mieux.

 

Sergeï Gonchar, Jeremy Roenick, Sergeï Zubov sont également des candidats logiques qui pourraient également accompagner Martin Brodeur l’an prochain.

 

On verra bien...