Section Repêchage 2020

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MONTRÉAL – Hendrix Lapierre ne savait pas trop quand il le retirerait de son profil Instagram. Les clichés dignes des meilleurs Bouillon de Poulet pour l’âme, ce n’est habituellement pas son genre.

 

Turn your setbacks into comebacks.

 

Traduction libre : transformer les revers de la vie en un retour en force.

 

« Je n’ai vraiment pas l’habitude de mettre des affaires de même sur Instagram. À la limite, je trouve ça un peu flashy », s’excusait presque l’attaquant des Saguenéens de Chicoutimi, quelques semaines avant qu’il ne supprime le proverbe de sa page personnelle.

 

« C’était quand je venais de me faire frapper, j’étais un peu en maudit après ma saison. Je pense que j’ai vu ça sur un site Internet et je me suis dit que j’allais le mettre. Je ne sais pas si ça va rester là longtemps, mais je pense que ça représente bien la situation. »

 

La situation est celle-ci : Hendrix Lapierre n’a pas joué le moindre match de hockey depuis le 21 novembre dernier. Deux blessures s’apparentant d’abord à des commotions cérébrales, mais qui ont depuis été diagnostiquées comme un problème cervical et traité avec succès, ont fait dérailler une saison qui selon ses propres standards laissait déjà à désirer.

 

« On dirait que je ne jouais pas dans mon élément, c’est-à-dire d’être créatif et faire des jeux. J’essayais juste trop de me compliquer la vie, démêle l’auteur de 2 buts et 15 passes en 19 matchs. [...] Je travaillais énormément pour en faire plus et avoir du succès, mais les blessures ont fait que je n’ai pas pu montrer à tout le monde de quel bois je me chauffais. »

 

À quelques semaines du repêchage, Lapierre n’avait donc qu’un rapport médical rassurant, une prestation prometteuse à la Coupe Hlinka-Gretzky et toute sa franchise pour convaincre les décideurs de la LNH qu’il est toujours ce joueur que certains analystes voyaient dans leur top-5 en début d’année.

 

« Je leur dis que ça va super bien maintenant. Que ç’a été une année avec des hauts et des bas, mais que je vais revenir à 100 % l’année prochaine. Que je suis confiant et que je vais arriver au camp pour leur montrer que je peux être le Hendrix Lapierre qu’ils ont vu l’année passée. »

 

Ce Hendrix Lapierre, le fabricant de jeu hors pair, les éclaireurs de la LNH le connaissent bien, mais est-ce suffisant pour dissiper les doutes?

 

« Malheureusement, ses blessures subies cette saison vont le faire reculer, répond un premier recruteur sondé par le RDS.ca. Je ne serais même pas surpris qu’il ne sorte pas en première ronde. »

 

« Il va y avoir une certaine hésitation, prédit un autre dépisteur. Peu importe son potentiel, il ne va pas sortir aussi tôt qu’on pensait qu’il sortirait il y a un an. [...] Rendu aux 17e, 18e, 19e ou 20e rangs, les gars qui ont le potentiel d’être des stars sont partis. Il va en rester un. L’équipe qui va se dire "OK, on prend une chance sur lui (Lapierre)", elle va peut-être finir avec [l’équivalent] d’un choix de top-10. »

 

Avant tout, le club qui le sélectionnera mettra la main sur un jeune homme déterminé à non seulement redevenir celui qu’il était, mais encore plus. Car aussi frustrante fût-elle, la longue convalescence de Lapierre aura été une occasion inattendue pour ce dernier d’apporter les correctifs qui s’imposaient à son jeu.  

 

« Cette année, je pratiquais pas mal chaque jour. [...] J’étais souvent seul sur la glace avec l’entraîneur [d’habiletés] et on voulait pratiquer plusieurs affaires spécifiques, surtout mon tir. »

 

Ne pas lancer assez souvent, voilà l’une des rares choses que l’on puisse reprocher au joueur de centre originaire de Gatineau.  

 

« Cette année, on l’a moins vu, mais il fait des jeux de distribution de rondelles que peu de joueurs sont capables de faire. Il est vraiment ultra-créatif, mais ça lui enlève parfois un peu de mentalité de tireur. Il est le premier à le dire, il doit prendre plus confiance à lancer la rondelle au but », observe l’un de nos espions consultés.

 

Des tirs, Lapierre en a effectués depuis le mois de novembre. D’abord à l’entraînement sur la patinoire à Chicoutimi, puis dans son entrée de garage depuis que la COVID-19 l’a privé d’un retour au jeu attendu.

 

« On a tout revu en détail ; on a regardé des vidéos, on a changé ma technique, on a essayé des nouvelles affaires. Je n’ai pas encore eu la chance de l’essayer dans un match, mais je shoote des rondelles dehors et je me sens vraiment bien », jure celui qui effectue des lancers pendant une à deux heures chaque jour.

 

« Je pense que c’était vraiment [une question] de technique. J’ai vraiment compris le principe de comment flexer mon bâton de hockey à la bonne place. Avant, on dirait que j’essayais de tirer dans le top [du filet]. Il fallait tout le temps que ce soit dans le top et que ce soit beau, mais là c’est vraiment une shot pour scorer. »

 

« J’ai hâte d’essayer ça, de voir si ça va marcher et si ça va me permettre de connaître plus de succès. »​