Le fameux coup porté par Matt Niskanen sur Sidney Crosby lors du match no 3, lundi, a joué en boucle durant les 24 dernières heures et chaque fois que je le revois, je ne peux m’empêcher de penser qu’il y a un côté instinctif à ce que le défenseur des Capitals de Washington a fait. Pour avoir vécu cette situation à quelques reprises, je comprends que le réflexe de protection de Niskanen a été de placer ses mains vers l’avant alors que son adversaire tombait vers l’avant en sa direction.

Cette séquence s’est déroulée à mon avis beaucoup trop vite pour qu’on puisse reprocher à l’Américain d’avoir agi délibérément ou d’avoir prémédité la chose. En même temps, je ne suis pas insensible non plus aux arguments de ceux qui s’offusquent de la clémence de la Ligue nationale de hockey, qui n’a pas cru bon suspendre Niskanen. Certains affirmeront qu’il faut faire craindre aux joueurs les répercussions possibles pour les coups à la tête et les sanctionner, que ceux-ci soient intentionnels ou pas. Je n’adhère pas à cette théorie mais je respecte ceux qui la défendent.

La ligne est mince lorsqu’il s’agit de distinguer les gestes mal intentionnés de ceux qui sont carrément accidentels. Comme dans plusieurs aspects de la vie, ce n’est pas que noir ou blanc. Il y a place à la nuance et à l’interprétation dans l’évaluation de ce type d’incident. L’émotion entre aussi dans l’équation : on parle ici de l’un des meilleurs joueurs au monde qui a souvent été la proie de ses adversaires et dont l’historique de commotions cérébrales est déjà bien documenté.

Le fait qu’on revoit le geste en utilisant les images en hyper-ralenti n’est rien pour aider. Parce qu’à vitesse réelle, il se passe à peine une demi-seconde entre le moment où le capitaine des Penguins est heurté sur le casque par le cinglage d’Alex Ovechkin, celui où il commence sa descente vers la patinoire, et finalement celui où Niskanen porte le coup d’assommoir.

 À ma connaissance, le ralenti permet toutefois de constater que Niskanen ne regarde pas un seul instant la tête de Crosby. Selon moi, cela vient confirmer qu’il n’avait pas pour motivation d’appliquer un double-échec à cette région du corps.

Holtby va rehausser sa confiance

Si on s’en tient à l’aspect hockey de la rencontre de lundi, je me dois absolument de saluer le brio de Braden Holtby, qui a gardé les buts tel un gardien qui avait des choses à se faire pardonner après les deux prestations décevantes servies à Washington lors des matchs nos 1 et 2.

Il ne faut jamais compter les Penguins de Pittsburgh pour battus, même dans le no 87, et Holtby s’est fait servir un rappel dans les deux dernières minutes de l’affrontement. Mais globalement, le résultat a été très positif et celui-ci procurera sûrement au gardien des Caps comme à ses coéquipiers une énergie nouvelle.

De l’adversité, les hommes de Barry Trotz en ont peu vécu en saison régulière. Ce qu’ils ont connu comme opposition face aux Maple Leafs de Toronto au premier tour les a peut-être préparés à faire preuve de combativité pour arriver à leurs fins. Et si Sidney Crosby devait s’absenter l’espace de quelques matchs, ce sera à eux de capitaliser sur cette situation dans le quatrième duel.

Il a toutefois été intéressant de noter que Pittsburgh a joué du hockey inspiré après que son capitaine ait retraité au vestiaire. Evgeni Malkin, en particulier, a élevé son jeu d’un cran en troisième période. L’idée n’est pas de minimiser l’impact de la perte de Crosby, mais je soulignerai néanmoins que le grand joueur de centre russe a souvent excellé lorsque son capitaine est tombé au combat

La naïveté des Oilers

Le 18 avril dernier, les Oilers d’Edmonton avaient vécu une soirée cauchemardesque au SAP Center de San Jose, alors que les Sharks avaient outrageusement dominé le quatrième match de leur série de premier tour afin de niveller les chances à deux victoires de chaque côté.

Comment la jeune équipe albertaine avait-elle réagi à cette dégelée? Au lieu d’être fragilisée et de s’affaisser contre un club formé de vétérans chevronnés, elle s’était plutôt relevée et remporté les deux parties suivantes, dont la seconde au domicile des Sharks.

Cam TalbotIl y a beaucoup y avoir quelques vétérans capables de faire un appel au calme parmi le groupe, cela reste une équipe qui possède très peu d’expérience des séries d’après-saison. C’est ce qui me fait dire que la bande de Todd McLellan possède une belle naïveté qui lui a rendu service dans les dernières semaines.

C’est une équipe qui joue comme si elle n’avait rien à perdre, mais qui s’est aussi beaucoup responsabilisée au fur et à mesure que la saison avançait. McLellan a développé une identité offensive, mais surtout a fait des Oilers une équipe dont le jeu défensif doit aussi être respecté.

Assurément, il y aura des baisses de régime et des moments où les jeunes Oilers perdront de vue leurs repères. Mais je m’attends à ce qu’ils reviennent en force pour le match no 4 contre les Ducks d’Anaheim devant leurs partisans. Chose certaine, c’est une équipe amusante à voir jouer en tout cas.  On sent un groupe qui a énormément de plaisir et qui mord à pleine dents dans cette nouvelle expérience!

J’irais même jusqu’à dire que rien n’indique qu’Edmonton souffrirait d’un complexe d’infériorité face à l’une ou l’autre des équipes toujours en lice dans l’Ouest.

Pas mal pour un club dont la dernière présence en éliminatoires remontait au printemps 2006.

* propos recueillis par Maxime Desroches