Par Nicolas Dupont - Jean-Pierre Dumont n'en démord pas, il se plaît à Nashville. Père de quatre jeunes filles, l'attaquant des Predators soutient qu'il n'aurait pas pu espérer mieux que d'aboutir dans la capitale du country, où il règne un véritable esprit de famille.

« Il y existe quelque chose de spécial autour de cette ville-là. J'ai adoré mon passage à Buffalo où nous avons été comblés, mais nous sommes tombés amoureux de Nashville », a raconté Dumont lors de son passage à Montréal. « C'est l'endroit idéal pour ma famille : les gens sont accueillants, ils aiment le sport qu'on a à leur offrir. Bref, il fait bon y vivre. »

Âgé de 32 ans, Dumont dispute actuellement sa cinquième saison dans l'uniforme des Predators, une équipe qui ne cesse de s'améliorer à ses yeux, et ce, malgré le départ de nombreux vétérans au cours des dernières années.

L'exemple le plus récent de cet exode est Jason Arnott. Le capitaine des Predators la saison dernière a été échangé lors de la saison estivale aux Devils du New Jersey, une équipe avec laquelle il a remporté la coupe Stanley en 2000.

« Ça laisse la chance à un jeune de faire sa place. Personnellement, j'ai eu un peu de difficulté à m'adapter à ce virage jeunesse en raison des changements de trios, mais je me replace petit à petit », explique Dumont, qui revendique jusqu'à présent trois buts et cinq aides en 16 matchs cette saison. « Mon temps de glace a augmenté dû au fait que je joue du bon hockey. J'aimerais, bien entendu, marquer plus souvent, mais je ne suis pas inquiet quant à ma production offensive. »

Collectivement, les Predators ne connaissent pas le début de saison souhaité. Malgré des performances encourageantes en octobre, l'équipe occupe le 13e rang de l'Association de l'Ouest avec une récolte de 19 points en 17 rencontres.

Dumont reconnaît qu'il y a eu des moments un peu plus pénibles récemment, notamment mardi à Toronto où l'équipe a bousillé une avance de trois buts pour finalement s'incliner face aux Maple Leafs. Il explique ces contre-performances par le fait que Nashville représente une jeune équipe qui compte sur de nombreux nouveaux visages.

« Il n'y a pas de superstar ici. Nous n'aurons pas de succès si nous ne jouons pas en équipe. Il nous faut l'apport des 20 joueurs de l'équipe pour remporter des matchs. À cet égard, nous sommes visiblement sur le droit chemin. »

La longévité de Barry Trotz

Depuis son entrée dans la Ligue nationale en 1998, la concession de Nashville n'a eu à sa barre qu'un seul entraîneur-chef, soit Barry Trotz. Or, malgré cinq présences en séries d'après saison, Trotz n'a jamais été en mesure de mener les Preds à franchir le premier tour éliminatoire. Pire encore, lors de la saison 2008-2009, Nashville a été écarté de la grande valse printanière. Difficile de penser qu'à Montréal, on pourrait être aussi patient avec un coach!

Alors, qu'est-ce qui explique une telle longévité?

« Comme je l'ai mentionné plus tôt, il y a un esprit familial qui prédomine partout à Nashville et Barry Trotz fait partie de la famille des Predators », renchérit Jean-Pierre Dumont. « Quand tu es enraciné dans ce groupe, tu dois t'attendre à y être pour un bon bout de temps. Nous sommes attachés à lui et tôt ou tard, on le remerciera en se rendant loin en séries »

Le numéro 71 ajoute que Trotz représente un entraîneur possédant une belle ouverture d'esprit et avec qui il est toujours possible d'aller discuter. De l'avis même de Dumont, Trotz fait partie des Boys. De plus, il semble que Trotz soit devenu un maître dans l'art de préparer son équipe en fonction du système des autres, un atout selon plusieurs.

« Il sait comment défricher l'autre équipe et nous l'expliquer par la suite. C'est un très bon pédagogue. »

Lindy Ruff a changé

En 12 saisons dans la LNH, Dumont n'a connu que quatre entraîneurs, dont deux lors de ces deux premières années avec les Blackhawks de Chicago. Il est donc habitué à voir de la stabilité derrière le banc; il trouve d'ailleurs qu'il s'agit d'une bonne chose.

Le Québécois s'inquiète cependant du sort qui pourrait être réservé prochainement à son ancien pilote Lindy Ruff, un homme qu'il respecte énormément. En effet, les Sabres de Buffalo ont connu un début de saison désastreux (bien qu'ils se soient repris dernièrement) et plusieurs personnes ont mis la faute sur Ruff, affirmant que son message ne passait plus autant.

« Je vais te dire bien franchement, quand je parle aux joueurs avec qui j'ai joué à Buffalo, ils me disent que Lindy a beaucoup changé », fait savoir Ruff. « Lorsque que je jouais là-bas, il y avait beaucoup de vétérans dans l'équipe. Le message passait donc plus facilement. »

Dumont explique notamment qu'en raison du plafond salarial, les jeunes joueurs arrivent plus tôt dans la LNH, les équipes sauvant ainsi de l'argent. Et étant donné qu'ils font leur entrée plus aisément dans la grande ligue, ils sont plus «confortables » que par le passé.

« La mentalité a changé au hockey au cours de 10 dernières années, ce qui rend la tâche plus difficile à des entraîneurs comme Lindy Ruff. »

Le problème des coups à la tête

Jean-Pierre Dumont avoue avoir eu bien peur quand il a vu son ami Jason Pominville s'affaisser, à la suite d'une mise en échec sournoise de la part de Niklas Hjalmarsson. Selon lui, la Ligue nationale se doit de faire preuve de sévérité dans de tels cas si l'on veut un jour enrayer le fléau.

« C'est difficile à dire qu'on ne se respecte pas », admet Dumont après un long moment de silence. « C'est vrai que parfois, ça arrive vite, mais c'est frustrant pour tous les joueurs quand il survient un incident. »

Le joueur québécois en sait quelque chose quand il est question de commotions. Au début de sa carrière avec les Hawks, Dumont avait reçu un coup de coude déloyal au menton gracieuseté de Darius Kasparaitis.

« Il faut commencer à donner des suspensions de 10 à 15 parties pour donner l'exemple, pour réveiller le monde qu'il s'agit d'un problème grave. »

Val-d'Or, Tennessee

Le 20 octobre dernier, l'attaquant Steve Bégin s'est finalement trouvé une niche en signant un contrat à deux volets avec les Predators de Nashville. Une embauche qui a bien entendu réjoui son bon ami Jean-Pierre Dumont qui a remporté la coupe du Président avec Bégin en 1998.

« Je n'ai pas eu besoin de faire pression pour l'embauche de Steve, il a une assez bonne réputation. Je suis convaincu que c'est une bonne acquisition », affirme-t-il. « Présentement, il joue du gros hockey avec les Admirals de Milwaukee. C'est un joueur typique de la LNH en raison de son éthique de travail et je suis persuadé qu'il sera à Nashville très bientôt. »

En terminant, Dumont a tenu à mentionner qu'il n'oublierait jamais son stage junior passé à Val-d'Or. Bien que son rêve était de jouer dans la LNH, son passage en Abitibi l'a réellement marqué.

« Ce fut une expérience hors du commun et j'ai gardé beaucoup de contacts. Ces années à Val-d'Or ont eu un bon impact sur l'homme que je suis devenu aujourd'hui. »