BOCA RATON - Les directeurs généraux des 30 équipes de la LNH sont réunis depuis 8 h ce matin pour faire le point sur l’état actuel du hockey et échanger sur les moyens à prendre pour l’améliorer encore davantage.

Le commissaire Gary Bettman et les membres de l’état-major de la LNH prendront la parole dans le cadre de la session matinale de cette rencontre annuelle. Réunis autour de la table, Marc Bergevin, dont le club joue ce soir à Tampa Bay et demain à Sunrise, et ses homologues seront mis au fait des affaires courantes et des objectifs particuliers de cette réunion qui se prolongera jusqu’à mercredi.

Une fois cette première étape complétée, les directeurs généraux seront divisés en trois groupes qui se pencheront sur les changements à apporter à la formule des prolongations et séances de tirs de barrage, ainsi qu’au bien fondé – ou non – de faire appel aux reprises vidéo dans le cas des buts marqués en dépit de contacts sur les gardiens.

Ces deux sujets sont au cœur des débats depuis deux années déjà.

Trois contre trois

Directeur général des Red Wings de Detroit, Ken Holland mène une croisade afin de minimiser le nombre de parties décidées en tirs de barrage. Le DG des Wings aimerait – et il n’est pas seul dans son camp – que des situations réelles de hockey plus que des tirs individuels décident du sort des matchs.

Les meilleurs moments à 3 c. 3

Les opposants à cette idée – dont je fais partie – insistent sur le fait qu’il y a beaucoup plus d’échappées dans le cadre d’un match que de séquences au cours desquelles les équipes évoluent à trois contre trois. Il y a même plus de tirs de pénalité décernés par les arbitres depuis le début de la saison que de telles situations de jeu à trois contre trois. Depuis le début de l’année, neuf buts ont été marqués en 34 tirs de pénalité. Dale Weise, aux dépens de Niklas Svedberg des Bruins de Boston, le 13 novembre, a marqué sur le seul tir accordé au Canadien cette saison.

Banc d’essai de la LNH, la Ligue américaine prolonge de deux minutes ses prolongations cette année. Amorcées à quatre contre quatre, ces prolongations passent à trois contre trois dès le premier arrêt de jeu alors que trois minutes ont déjà été écoulées au cadran.

Les résultats sont intéressants. Car depuis le début de l’année, 77 % des matchs (170/221) qui nécessitent une prolongation sont décidés avant les tirs des barrages.

Dans la LNH, 256 des 1036 matchs disputés jusqu’ici (en date de dimanche) ont nécessité de la prolongation soit 24,7 % des matchs. De ce nombre 110 ont été décidés en prolongation (43 %) et 146 (57 %) en tirs de barrage.

Président des opérations hockey avec les Flames de Calgary, Brian Burke a plusieurs fois soumis l’idée que les pénalités mineures soient écourtées de deux à une minute en prolongation. Si cette proposition est logique en considérant l’impact plus grand d’une pénalité mineure en prolongation que dans le cours normal d’une période de 20 minutes, elle a de quoi surprendre considérant que Burke est justement de ceux qui tiennent à voir une plus grande portion des matchs se décider avant les tirs de barrage.

On verra.

Obstruction sur les gardiens

S’il est loin d’être acquis que les directeurs généraux accepteront le principe du trois contre trois, plusieurs croient que les trois jours de rencontres déboucheront sur une amélioration de la protection accordée aux gardiens sur les buts controversés marqués à leurs dépens.

« Il faut protéger les gardiens de but »

La Ligue tient à éviter le genre de situation où des buts sont accordés alors que les reprises démontrent clairement que le gardien n’a pu effectuer son travail. Un tel but a été marqué contre Henrik Lundqvist – par Dwight King – en finale de la coupe Stanley. Aux prises avec son coéquipier Ryan McDonagh et le joueur des Kings, Lundqvist avait été incapable de bouger pour contrer le tir de Matt Green venant de la pointe.

Plus tôt dans le match, sur un jeu similaire, Benoit Pouliot des Rangers s’était fait refuser un but.

En première ronde, dans la série opposant le Canadien au Lightning de Tampa Bay, Ryan Callahan s’était fait refuser un but sur un jeu du même genre alors que Carey Price n’était plus dans l’angle de tir. Entraîneur-chef du Lightning, Cooper avait imagé son état d’esprit en indiquant qu’il devrait y avoir du ruban jaune pour protéger la scène de crime tant la décision des officiels avait des allures de vol selon lui.

S’il est clair que la LNH tient à minimiser le nombre de ces buts controversés qui noircissent l’image du circuit, il est loin d’être évident de les éliminer complètement. En novembre dernier, lors de la première réunion qui se tient à Toronto, Colin Campbell, vice-président aux opérations hockey, avait demandé un vote secret aux 30 directeurs généraux à qui il a présenté sur vidéo des buts controversés. Les votes étaient également partagés entre ceux qui tenaient à ce qu’ils soient refusés ou accordés.

« C’est le plus gros problème avec ces buts. C’est rarement blanc ou noir. Ce n’est pas une question de savoir si la rondelle a franchi la ligne rouge ou non, si la rondelle a été touchée plus haut que la limite permise – barre transversale – ou non, c’est beaucoup d’interprétation. Il faudra que les directeurs généraux s’entendent d’abord sur les principes de l’obstruction faite aux gardiens et après il sera plus facile de juger. Il est toutefois clair que la Ligue militera pour que ces buts marqués en situation d’obstruction sur les gardiens soient ajoutés à la liste des buts qui sont revus à la salle de contrôle de Toronto », m’expliquait la semaine dernière un officiel de la LNH.

Coups illégaux

Comme il l’a fait en novembre dernier avec les coups de genoux, le responsable de la sécurité des joueurs de la LNH Stéphane Quintal reviendra avec une présentation spéciale au cours de la réunion printanière pour contrer les mises en échec illégales sous les genoux.

Il semble que la LNH se servira du coup de Dmitry Kulikov pour exposer les risques reliés à ces gestes illégaux. Tyler Seguin des Stars a raté 10 matchs, soit moins que les pronostics initiaux et Kulikov a été suspendu quatre matchs pour son geste aux dépens de l’étoile des Stars.

Outre cette présentation, la LNH devrait revenir également sur la mise en échec tardive afin de clarifier le délai de 0,6 seconde suivant le départ de la rondelle de la lame du bâton qui sert de paramètre pour déterminer qu’un coup est légal ou non.

Comme c’est le cas à chaque réunion, les directeurs généraux devraient aussi multiplier les questions associées aux suspensions que certains considèrent trop sévères et d’autres pas assez, mais ces conversations restent souvent entre les quatre murs de la salle de réunion.

Dans le cadre de leur souper annuel, les directeurs généraux rendront également hommage à leur homologue Bryan Murray des Sénateurs d’Ottawa.

Âgé de 72 ans et aux prises avec un cancer du colon qu’il combat depuis près d’un an, Murray a été directeur général des Red Wings de Detroit, des Panthers de la Floride et des Mighty Ducks d’Anaheim avant de prendre les rênes des Sénateurs d’Ottawa. Il a amorcé sa carrière dans la LNH il y a plus de 17 ans à titre d’entraîneur-chef des Capitals de Washington. Murray s’est également retrouvé derrière le banc des autres clubs dont il a été directeur général.