Si j’étais un partisan des Sénateurs d’Ottawa, disons que je serais bien nerveux à l’heure actuelle.

Sans Jason Spezza et maintenant Erik Karlsson, les Sens s’éloignent des séries. Déjà très abrupte, la pente menant au tournoi printanier vient en effet de gagner quelques degrés d’inclinaison supplémentaires.

Victime d’une déchirure au tendon d’Achille à la suite d’une mise en échec de Matt Cooke, des Penguins de Pittsburgh, Karlsson a été opéré jeudi et ratera le reste de la campagne.

Mettons immédiatement une chose au clair, on ne remplace pas un gars comme Karlsson. Sans le récipiendaire du dernier trophée Norris, l’attaque d’Ottawa souffrira beaucoup.

L’entraîneur-chef Paul MacLean devra inévitablement se rabattre sur sa défensive, tout en  espérant que son gardien Craig Anderson saura poursuivre sur sa lancée.

Pour générer de l’attaque, les Sénateurs devront simplifier leur jeu et octroyer davantage de responsabilités à de jeunes joueurs. Les vétérans Daniel Alfredsson et Milan Michalek devront aussi prendre les bouchées doubles. Bref, les joueurs des Sénateurs ont tout intérêt à se serrer les coudes.

J’ai toutefois mes doutes quant à la capacité des Sens à pallier à ces absences à long terme. Pour sauver la mise, le directeur général Bryan Murray sera peut-être tenté de transiger.  Ça reste à voir.

Pour l’instant, les succès d’Ottawa passent par le travail en comité. Animés par un concept d’équipe évident, les Sens ont causé la surprise l’an dernier et il pourrait peut-être rééditer l’exploit.

De là à accéder aux séries, peut-être pas. Avec Spezza et Karlsson, les Sénateurs se seraient à mon avis battus pour l’une des positions entre 5 et 10 au classement dans l’Est. Livrer bataille jusqu’au tout dernier instant risque d’être beaucoup plus ardu.

Pas de malice

Matt Cooke méritait-il une sanction pour avoir sectionné le tendon d’Achille de Karlsson avec la lame de son patin? Pas du tout.

Il n’y avait aucune malice ou de mauvaises intentions derrière ce geste clairement accidentel. Il s’agit simplement d’une mise en échec qui a mal tourné.

Avant le lock-out de 2004, les joueurs de la LNH pouvaient simplement effectuer la prise de l’ours sur un adversaire pour l’amener le long de la rampe et compléter la mise en échec.

Maintenant que l’accrochage est plus sévèrement réprimandé, les joueurs doivent compenser en utilisant certaines parties de leur corps différemment. Le genou en est un et il est employé plus souvent que les gens peuvent le penser. C’est exactement ce qui est arrivé mercredi à Pittsburgh, alors que Cooke a levé son genou pour retenir Karlsson le long de la rampe.

Une barrière tombe

Par ailleurs, Jarmo Kekalainen a fait tomber une barrière mercredi en devenant le premier directeur général d’origine européenne à être embauché par une formation de la LNH.

Qu’il soit Finlandais, Canadien ou Américain, cela importe peu. Ce qui compte surtout, c’est que les Blue Jackets ont procédé au changement qui s’imposait. Un autre direz-vous? Vous avez tout à fait raison, mais depuis l’arrivée de John Davidson à titre de président des opérations hockey, les Blue Jackets sont enfin sur la bonne voie et cette embauche en témoigne.

Avec Kekalainen, un évaluateur de talent hors pair qui a déjà roulé sa bosse dans la LNH avec les Blues de St Louis et les Sénateurs, les Blue Jackets ont mis la main sur une excellente tête de hockey.

Tournant en rond depuis sa venue dans le circuit, la franchise de Columbus ne complètera pas son virage à 180 degrés en une ou deux saisons. C’est un long processus qui s’amorce, mais les Blue Jackets peuvent aborder l’avenir avec positivisme.

Propos recueillis par Mikaël Filion