L'avant-match

MONTRÉAL – Lorsqu’une équipe se contente de deux minuscules victoires en vingt matchs, le danger est de s’habituer à perdre, de finir par accepter que ce soit normal. Les Coyotes de l’Arizona essaient à tout prix de ne pas tomber dans ce précipice.

Certains diront que dans les dessins animés du Road Runner, le coyote finissait toujours par y chuter. Mais les hommes de Rick Tocchet veulent prouver le contraire.

« C’est vrai que perdre peut devenir confortable et il ne faut pas accepter ça. Pour éviter de plonger vers cette tendance, il faut faire des choses qui sont à l’encontre de nos habitudes sur la patinoire. Par exemple, un joueur qui bloque rarement des lancers devra se jeter devant un tir », a exprimé Tocchet qui a disputé 1144 parties régulières dans la LNH.

Malheureusement pour lui, ses protégés ont fait un pas de plus vers cette dégringolade, mardi, dans un revers de 4 à 1 à Winnipeg. Les Coyotes (2-15-3) n’ont pas connu un fort match et ils ont subi une cinquième défaite d’affilée.

Mercredi, Tocchet a donc essayé de chasser ces mauvaises sensations en tenant un entraînement exigeant au Centre Bell même si ça impliquait de sauter sur la patinoire en fin d’après-midi. Les Coyotes ont également procédé à une réunion d’équipe et le défenseur Niklas Hjalmarsson (qui est blessé) a pris la parole pour fouetter les troupes.

« Tout le monde est tanné de perdre, on doit maintenant se concentrer à jouer la bonne manière. Nik a dit des choses intéressantes pendant la réunion, on a besoin de ce genre de gestes. Je continue de croire qu’on n’est pas aussi mauvais que notre fiche par contre », a mentionné l’entraîneur.

« En gros, il a dit que c’est important de connaître son rôle et de le remplir de son mieux. Il faut utiliser nos forces respectives pour aider l’équipe. Si tout le monde contribue à sa façon, on va pouvoir s’en tirer », a expliqué Anthony Duclair qui a été laissé de côté pour six des neuf dernières parties des siens.

Duclair et ses coéquipiers ne doivent surtout pas jeter un coup d’œil au classement parce qu’ils auraient le vertige instantanément. Installés dans la cave du classement, leur retard sur l’avant-dernière équipe est déjà colossal (sept points).

Ce contexte peu stimulant complique le défi des entraîneurs qui doivent essayer de développer plusieurs jeunes joueurs.

« Je dois leur répéter de s’accrocher et de suivre le plan. Dans le junior, ils ont tellement de talent qu’ils peuvent s’emparer du disque et le transporter d’un bout à l’autre de la patinoire pour marquer. Ça ne fonctionne pas dans la LNH. Cette saison, on peut bien jouer pendant 44 minutes, mais le train déraille ensuite pour 5 ou 10 minutes et ça coule notre équipe. C’est le plus gros défi à résoudre pour nous, les entraîneurs », a-t-il expliqué.

Par contre, Tocchet n’entend pas déroger une seconde à l’idée de miser sur la relève de cette organisation. Il doit penser avec une vision à long terme.   

« Mais je vais continuer d’utiliser ces jeunes, ce sont des travaillants et de bons jeunes. Ça va rapporter des dividendes éventuellement. Je ne vais pas clouer des jeunes au banc parce qu’ils font des erreurs dans leurs décisions », a précisé celui qui obtient une deuxième chance comme entraîneur-chef.

Duclair doit comprendre le message

C’est vrai, Anthony Duclair est encore jeune à 22 ans, mais il détient déjà un bagage de 171 parties dans la LNH. Les Coyotes auraient souhaité qu’il trouve enfin son élan cette saison, mais ils ont dû le retrancher assez souvent.

« Je peux mieux jouer »

« C’est une question de constance et il doit aussi batailler un peu plus. Il faut se rendre dans les endroits éprouvants pour marquer et il faut le faire régulièrement. On a vu quelques bonnes séquences de sa part, mais on veut voir de la constance », a jugé Tocchet.

« Tout le monde peut aider l’équipe davantage et ça commence par moi. Je peux mieux faire et j’essaie que ça se produise depuis le début de la saison.

« Je travaille fort durant chaque entraînement et je me présente à l’aréna avec une attitude positive. Ce n’est pas une situation idéale, mais en même temps, ça arrive à beaucoup de jeunes joueurs dans la LNH », a réagi Duclair, invité à expliquer pourquoi il peine à trouver cette constance.

Comme plusieurs joueurs de talent qui ont dominé tout au long de leur parcours mineur, Duclair doit trouver d’autres façons de contribuer quand les buts se font rares.   

Malgré ses embûches personnelles et celles de sa formation, Duclair ne sonne pas comme un homme qui veut jeter le blâme sur son entraîneur.

« La responsabilité revient sur les joueurs. Personne ne va se sentir mal pour nous, il faut vraiment trouver de la constance », a admis l'auteur de trois buts et trois aides en 14 rencontres. 

« Parfois, quand les choses commencent à mal aller, ça va vraiment mal. C’est juste une question de rester positif sur le banc. Quand quelqu’un commet une erreur, il ne faut pas arrêter de jouer ensuite », a souhaité le patineur qui a été repêché par les Rangers en troisième ronde en 2013.

Une chance que Keller est là

Duclair n’est pas le seul à en arracher, Max Domi a dû se contenter d’un seul but en 20 parties. Heureusement, les dirigeants des Coyotes peuvent trouver une dose de réconfort en s’émerveillant devant les prestations de la recrue Clayton Keller.

« Nous devons nous concentrer sur le jeu collectif »

En juin 2016, quelques semaines avant son repêchage, Keller avait affiché une immense confiance en ses moyens malgré son gabarit (cinq pieds dix pouces et 168 livres). Les Coyotes avaient cru en son assurance en le sélectionnant au septième échelon. Un an et demi plus tard, Keller tend à prouver qu’il aurait mérité d’être choisi dans le top-5 et peut-être même dans le top-3 derrière Auston Matthews et Patrik Laine.

Il domine largement la colonne des pointeurs des Coyotes avec une récolte de 17 points (11 buts et 6 aides) et il est le deuxième attaquant le plus utilisé (19:44) après Derek Stepan (20:12).  

« C’est un joueur très intelligent, il passe beaucoup de temps avec la rondelle sur sa palette et il n’est pas effrayé d’aller dans les coins. Il a clairement été une belle surprise pour nous. Il commence à être confronté aux meilleurs joueurs défensifs parce que les équipes le connaissent bien maintenant donc on doit lui trouver de l’aide », a vanté Tocchet.

« Je ne le connaissais pas beaucoup, mais j’ai pu voir à quel point il s’est amélioré depuis le camp des recrues. À son âge, il joue 20 minutes par match parce qu’il le mérite. Il veut être sur la patinoire, c’est ce que j’adore de lui. Quand il est sur le banc dans des moments cruciaux, il veut sauter par-dessus sur la bande. Les joueurs spéciaux ont cette attitude, ils veulent faire partie des moments déterminants », a ajouté son entraîneur.

Le défi pour Keller consistera à ne pas perdre ses bonnes habitudes durant une saison aussi pénible de son équipe.  

« Il faut se concentrer sur les objectifs collectifs. Tout le monde veut gagner dans cette équipe. Il faut demeurer positifs et croire au message des entraîneurs », a déclaré celui qui a remporté le Championnat mondial junior avec les États-Unis au Centre Bell.

Keller épate déjà ses partenaires par son aplomb à 19 ans.  

« Je suis très surpris (de son rendement), mais c’est très bien mérité de sa part. C’est un joueur qui est vraiment plaisant à regarder. On parle toujours de son style comparable à Patrick Kane, sa vision du jeu est impressionnante. Il travaille très fort pour un jeune. Même s’il a l’air d’un adolescent de 14 ans, il est incroyable avec la rondelle, c’est beau à voir », a conclu Duclair en souriant. 

Entrevue avec l'analyste des Coyotes, Tyson Nash