NASHVILLE - Deux minutes après être descendu de l’avion, ce n’est pas de la musique country qui m’a souhaité la bienvenue alors que je marchais en direction des carrousels à bagages à l’aéroport de Nashville.

C’est plutôt Mike Fisher. Ou sa voix en fait.

Oui! Oui! Mike Fisher qui a beau être le mari de la belle et ô combien populaire chanteuse Carrie Underwood, mais qui est aussi le capitaine des Predators. Des Predators qui ont pris le contrôle de la capitale du country.

Bon! Il ne faudrait pas exagérer non plus. Nashville demeure et demeurera toujours la capitale de la musique country comme on pouvait le voir et l’entendre encore hier soir au Tootsie’s, au Stage et dans les nombreux bars qui ceinturent les deux côtés de l’avenue Broadway. La «main» de Nashville.

Mais tout autour du Bridgestone Arena, quelques milliers d’irréductibles partisans des Predators encourageaient leurs favoris avec passion tout en faisant honneur aux chandails arborant le logos et les couleurs des «Preds», mais aussi aux nombreux t-shirts sur lesquels on pouvait lire : « Nashville : Hockey Capital of the South ».

Débarqué à Nashville en fin d’après-midi, je m’étais donné comme mission de dénicher un bar sportif où, bien assis dans un coin, je pourrais suivre le match, les réactions des fans et surtout leur niveau d’intérêt.

Je ne me suis jamais rendu au bar.

Une fois à proximité de l’avenue Broadway, ce ne sont pas les notes country qui ont attiré mon attention, mais les cris de ralliement et les encouragements à l’endroit des Predators.

Patience récompensée

Un brin surpris, deux brins curieux, j’ai tourné le coin près du Bridgestone Arena et me suis retrouvé devant trois voitures de police qui barraient la rue. De l’autre côté, dans le Parc «Walk of Fame», ils étaient là.Rassemblement des partisans des Predators

Drapés de jaune, assis sur des chaises pliantes, sur des couvertures, une bière à la main, plusieurs autres dans la glacière, des sandwichs et autres grignotines entassées dans des paniers et des sacs, ils étaient 1000, peut-être 1500 les yeux rivés sur l’écran géant installé à l’entrée du parc pour suivre la description du match qui était sur le point de débuter. Au fond du parc, deux restos ambulants et une tente pour acheter des liqueurs douces d’un côté, de la bière et des liqueurs, disons moins douces de l’autre côté. On avait aussi monté une tente de premiers soins à l’autre bout du parc... au cas où.

Bien sûr! À Montréal, les partisans du Canadien auraient été 5000, peut-être le double dans une telle circonstance.

Mais à Nashville, un dimanche de fête des Mères, sous un soleil de plomb, alors que le centre-ville est habituellement seulement occupé par les touristes venus se laisser bercer par la musique, c’était impressionnant à voir.

Surtout qu’à un tir des poignets plus loin, devant l’entrée principale du Bridgestone Arena, ils étaient 500 peut-être un peu plus à attendre le début de la partie également.

Quand Ryan Johansen a donné les devants 1-0 aux «Preds» en déjouant habilement John Gibson au terme d’une belle échappée, ils se sont levés d’un trait pour célébrer en chantant, en dansant en s’échangeant des «high five».

Quand James Neal a doublé l’avance, le party a repris de plus belle.

Mais ils ne célébraient pas seulement les buts. Ils célébraient aussi les pénalités écopées par les Ducks, les mises en échec assénées par leurs favoris, les beaux jeux des joueurs de leur équipe. Comme quoi ils ont appris à connaître et à comprendre le sport venu du Nord.

« Ça fait 18 ans qu’on attend ce moment. Je suis les Preds depuis leur naissance. On a été patients. On les a vus grandir, on les a vus s’améliorer, on les a vus gagner et perdre et voilà qu’on est en finale de l’Ouest et qu’on a vraiment une chance de se rendre jusqu’au bout », m’a lancé Jeff Price qui était tout en avant de la foule avec son épouse Amy et le reste de la famille.

De Weber à Subban

Comme tous les fans qui les entouraient – ou la très grande majorité – Jeff Price et les membres de sa famille portaient des chandails aux couleurs des «Preds». Et oui, un membre du groupe portait fièrement le chandail 76 de P.K. Subban. Et il n’était pas le seul alors que les chandails de Subban faisaient la lutte à ceux des Forsberg, Rinne, Josi, Fisher et Johansen dans la course à la popularité.

Il y avait aussi des chandails de Weber ici et là. Et je parle bien sûr ici de l’ancien capitaine Shea Weber – le chiffre 6 en témoignait – et non d’un autre ancien du Canadien Yannick Weber qui complète avec Matt Irwin, le troisième duo de défenseurs des Predators.

« J’étais un grand fan de Shea qui nous a donné de très belles années. Mais P.K. nous a apporté autre chose. J’ai aimé Shea. Je l’aime encore. Mais en même temps, j’ai tourné la page. P.K. est une belle surprise pour nous. Surtout qu’on dirait qu’il prend moins de chances qu’il n’en prenait à Montréal. Mais on a aussi plein de jeunes qui sont excellents. Johansen, Arvidsson, Forsberg notre présent est très bon, mais notre avenir est encore meilleur », a commenté Price pendant le premier entracte.

Parce que le hockey fait graduellement sa place à Nashville, les quelques chaises pliantes aux couleurs des Preds étaient en minorités dans une mer de chaises aux couleurs des Titans de la NFL, de chaises orange, la couleur des Volunteers de l’Université du Tennessee, et de chaises aux couleurs des Universités de la Caroline du Nord ou de la Géorgie.

Mais l’enthousiasme des partisans était évident. Il était palpable.

« On a du plaisir ici ce soir, mais c’est bien tranquille en comparaison au party qu’on vivra mardi lors du premier match de la finale ici. Ça va être l’enfer », assurait Jeff Price qui dépense régulièrement, avec sa femme et les enfants, les 60 $ que lui coûte chaque billet qu’il achète en saison régulière. Des billets qui sont pas mal plus chers maintenant que les «Preds» sont en finale de l’Ouest.

« Je paie le surplus avec plaisir, je te l’assure », a ajouté Jeff Price.Karen Kelley et Satchel

Voisine de la famille Price tout en avant du parc «Walk of Fame», Karen Kelley écoutait la conversation avec la même attention qu’elle venait de porter au premier tiers qui venait de prendre fin sur une avance de 2-1 de ses favoris.

Karen Kelley n’était pas seule dans la foule. Elle portait dans ses bras son chien Satchel – comme le légendaire joueur de baseball Satchel Paige a-t-elle pris bien soin de m’expliquer – qui endossait comme sa maîtresse, un maillot aux couleurs des Predators.

Prochain rendez-vous : mardi!

Dans le Parc Walk of Fame, devant le Bridgestone Arena et autour des télés accrochées dans tous les bars et restos de Nashville, les Partisans des «Preds» ont fêté l’avance de 2-0. Ils ont maugréé quand les Ducks ont nivelé les chances en deuxième. Ils ont célébré à nouveau quand Philip Forsberg a marqué le troisième but.

Quand les Ducks sont une fois encore revenus de l’arrière et qu’ils ont pris les devants, les partisans sont demeurés sur place. Ils ont maintenu leurs encouragements. On sentait qu’ils croyaient vraiment aux chances de leurs favoris de revenir dans le match et de le gagner. Ils ont d’ailleurs ovationné Pekka Rinne quand il s’est dressé devant Jakob Silfverberg pour racheter, du moins un peu, les largesses dont il s’était rendu coupable plus tôt dans le match. Une première sortie ordinaire pour le gardien finlandais qui a multiplié les miracles en première ronde contre Chicago et en deuxième contre St. Louis.

Quand il devenait évident que la remontée espérée n’allait pas se produire, les fans n’ont malgré tout pas abandonné. Ils ont même salué les commentaires du descripteur de NBC lorsqu’il a indiqué que les fans des Preds feraient vibrer le Bridgestone Arena mardi pour remercier leur club d’avoir profité de leur escale en Californie pour gagner une partie et voler l’avantage de la patinoire aux Ducks.

Lorsque Antoine Vermette a marqué dans un filet désert, le Parc «Walk of Fame» a commencé à se vider. Mais il se remplira à nouveau mardi alors que les Predators et leurs partisans tenteront de convaincre tout le monde que Nashville, rebaptisée «Smashville» par les partisans des Predators est non seulement la capitale de la musique country, mais également la nouvelle capitale du hockey dans le sud des États-Unis.