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MONTRÉAL – La Centrale de recrutement de la Ligue nationale de hockey a publié mercredi son classement de mi-saison des plus beaux espoirs en vue du repêchage de juillet prochain. Concentrées sur les représentants de la LHJMQ qui y sont répertoriés, voici quelques observations que cette liste nous a inspirées.

Luneau garde la pole

Attendu depuis deux ans comme le meilleur Québécois de cette cuvée, Tristan Luneau a perdu un peu de sa superbe depuis le début de la saison. D’abord ralenti par une blessure, le défenseur des Olympiques de Gatineau a peiné à jouer à la hauteur de son statut dans la première portion de cette année cruciale.

« Il a beaucoup de soirées moyennes récemment et d’après moi, c’est un gars qui est en train, malheureusement, de glisser un peu dans le repêchage, nous alertait un recruteur d’une équipe de la LNH avant les Fêtes. Demain matin, si je dois choisir entre Maveric Lamoureux et lui, je ne suis pas sûr que je prends Luneau alors que cet été, ça ne faisait aucun doute. »

La Centrale ne partage pas cet avis, du moins pas encore. Le nom de Luneau apparaît au dixième rang du palmarès des meilleurs patineurs nord-américains, cinq échelons devant celui de Lamoureux. Mais la cote de ce dernier a monté en flèche au cours des derniers mois et le dernier droit de la saison pourrait lui permettre de bousculer cette hiérarchie.

« J’ai vu deux de ses matchs en fin de semaine et il y avait pas mal de recruteurs sur place, entendait-on récemment au sujet du géant des Voltigeurs de Drummondville. Ce qui en dit long, c’est que ce n’était pas juste des scouts régionaux. Il y avait des dépisteurs en chef, des cross-over...À ce stade-là de la saison, c’est bon signe, ça veut dire qu’un joueur est bien coté. Lui, c’est son cas. »

Gaucher le métronome

Blotti confortablement au 16e rang, juste derrière les deux défenseurs, Nathan Gaucher représente peut-être la plus belle valeur sûre de ce repêchage pour le Québec. Sans faire trop de bruit, le joueur de centre des Remparts connaît une solide saison. Ses 26 points en 30 matchs lui valaient le troisième rang des compteurs de son équipe avant l’acquisition de Conor Frenette. Il domine la LHJMQ avec quatre buts en désavantage numérique et montre un taux d’efficacité de 58,5% aux mises en jeu, ce qui le place au troisième rang parmi tous les joueurs de centre ayant pris un minimum de 500 mises en jeu.

Rapport d’un recruteur : « Il est régulier comme une horloge, il n’y a pas de surprise avec lui. Sur une courte comme sur une longue période, tu peux savoir exactement ce qu’il va t’apporter. Il n’a pas beaucoup d’égo et ce n’est pas un gars qui court nécessairement après les points nécessairement.  Je pense que c’est un gars qui va tout le temps conquérir le cœur de ses entraîneurs. »

Un projet dévoilé au grand jour

« Je vous l’avais dit », a probablement chuchoté Louis Robitaille en scrutant la liste de la Centrale.

Depuis le début de la saison, l’entraîneur-chef et directeur général des Olympiques de Gatineau ne manque pas une occasion de parler en bien de Noah Warren. Au collègue Mikaël Filion en septembre, il décrivait le grand défenseur comme « le plus beau projet » de son équipe. « Il a un patin de la Ligue nationale, il a la force pour la Ligue nationale », disait-il. Un mois plus tard, Robitaille en remettait : « Le monde ne parle pas beaucoup de Noah, mais c’est un gars qui joue du hockey inspiré pour nous. Il prend confiance, il grandit. Un gars de 6 pieds 6 pouces qui patine comme le vent! »

Quelqu’un portait apparemment attention puisque le nom de Warren apparaît au 49e rang de la liste nord-américaine de la Centrale.

Un recruteur que nous avons sondé approuve. « Il n’y a rien qui me dérange plus qu’un gars qu’on qualifie de "projet" parce qu’il est grand et gros. Ça ne vient pas me chercher pantoute. Alors j’avais des doutes un peu sur lui au début de l’année, mais à chaque fois que je le vois, je sors de là impressionné. »    

Deux autres joueurs des Olympiques sont classés par la Centrale. Antonin Verreault pointe au 89e rang et Samuel Savoie au 123e rang.

Angus Booth : l’excellence dans la discrétion

On n’avait encore jamais entendu parler d’Angus Booth quand, alors que les camps d’entraînement battaient leur plein en septembre, un espion nous avait prédit que le jeune défenseur trouverait preneur dans les trois premières rondes du repêchage LNH. « Je te le dis, check-le aller », nous avait-on suggéré.

Cette prophétie pourrait bien être en voie de se réaliser. Le défenseur des Cataractes de Shawinigan, dont on compare le style de jeu à celui de Marc-Édouard Vlasic, arrive au 54e rang sur la liste publiée mercredi.

« Il y a des gars de qui, à chaque fois qu’ils embarquent sur la glace, tu es en droit de t’attendre à un flash, à un ‘wow!’. Angus, c’est tout le contraire, nous explique son entraîneur Daniel Renaud. Mais peu importe ce que tu lui donnes et ce que tu lui demandes, tu peux te fermer les yeux et être assuré qu’il va te donner de la qualité. Dans toutes mes années dans la Ligue, je n’ai pas vu beaucoup de défenseurs de 17 ans aussi efficaces et matures. Il fait tout ce qui lui est demandé de façon impeccable. C’est une horloge suisse. Il est régulier, régulier, régulier. Pour un coach, c’est de l’or en barre. »

Angus Booth est le frère de l’ancien gardien des Remparts Callum Booth, qui avait été repêché en quatrième ronde, 93e au total, par les Hurricanes de la Caroline en 2015.

Jérémy Langlois : ombre et lumière

Si vous jouez pour une équipe des Maritimes, votre nom risque de se retrouver un peu moins souvent dans les conversations. Si vous jouez pour une équipe des Maritimes qui en arrache au point d’être isolée dans la cave du classement général, vous ferez probablement votre petit bout de chemin dans l’anonymat le plus total.

Dans l’ombre, Jérémy Langlois réussit à faire son nom chez les Eagles du Cap-Breton. Dans des circonstances difficiles, le défenseur à caractère offensif a connu une séquence de neuf matchs avec au moins un point en début de saison. Sa production a commencé à diminuer vers la mi-novembre, mais n’empêche : la Centrale l’a placé en 59e place dans son évaluation.

L’histoire de Langlois est intéressante en ce sens qu’il évoluait au niveau Midget Espoir quand les Eagles en ont fait leur choix de première ronde, le 17e au total, au repêchage 2019 de la LHJMQ. « Il ne fallait vraiment pas avoir peur du risque, mais avec Jérémy on était confiants parce qu’on s’attendait vraiment à ce qu’il amène des résultats », nous disait Jacques Carrière, le directeur général des Eagles, plus tôt cette saison.

Langlois a subi une commotion cérébrale qui a ralenti sa progression l’an dernier, mais l’incident a permis à ses patrons de lui découvrir une résilience et une force de caractère dont ils ne soupçonnaient pas la force. « T’sais quand on dit que le mental, c’est important? Jérémy est arrivé dans un match à Charlottetown, il a pris un lancer sur l’aile gauche et a marqué un but absolument incroyable. J’imagine que ça a fait partie des plus beaux buts de la saison l’année passée, en tout cas pour notre équipe. À partie de là, il y a eu comme un déclic dans sa tête où tout s’est mis à fonctionner pour lui. Toutes les pièces sont tombées en place. »

« Depuis ce temps-là, il ne regarde pas en arrière, il regarde en avant », nous disait Carrière.

Des nouvelles des exilés

Des 20 joueurs sélectionnés en première ronde au repêchage 2020 du circuit Courteau, deux ont décidé de s’exiler aux États-Unis pour explorer la voie des collèges américains. Engagé envers l’Université Notre Dame pour la saison 2022-2023, le défenseur Michael Mastrodomenico, dont les droits appartiennent aux Cataractes, est classé au 79e rang par la Centrale.

Nathan Morin, que les Tigres de Victoriaville ont repêché au 19e rang cette année-là (et au 142e l’année suivante), n’apparaît pas sur la liste de la LNH. Il évolue au niveau junior A en Colombie-Britannique et joindra l’an prochain les rangs de l’Université Harvard.

La première fois n’est pas toujours la bonne

Sur les 36 joueurs de la LHJMQ dont le nom se retrouve dans le classement publié mercredi, cinq en sont à leur deuxième ou même troisième année d’admissibilité à l’encan amateur de la LNH. Ils sont les défenseurs David Spacek (Sherbrooke – 81e), Miguël Tourigny (Bathurst – 178e), Frédéric Brunet (Rimouski - 221e), l’attaquant Lorenzo Canonica (Shawinigan – 147e) et le gardien Ivan Zhigalov (Sherbrooke – 2e).

Révisionnisme

En septembre, on vous proposait une liste de dix espoirs à surveiller cette saison dans la LHJMQ. Certains d’entre eux font bonne figure sur le récent ouvrage de référence offert par la LNH, alors que d’autres semblent y avoir été un peu sous-estimés. Un de nos choix, l’attaquant des Huskies de Rouyn-Noranda Leighton Carruthers, a même été ignoré par nos amis de la Centrale. On s’en reparle en juillet!