Repêchage 2010 : scénarios inattendus pour les Bruins, les Sénateurs et le Canadien
LNH samedi, 2 mai 2020. 23:41 mercredi, 11 déc. 2024. 17:14Privé du traditionnel repêchage de la LNH en juin, le RDS.ca vous présente une analyse des séances de sélection de 2010 à 2016, maintenant qu’il est possible d’avoir une meilleure idée de la contribution de certains joueurs.
Ce tour d’horizon s’entame avec le repêchage de 2010 qui donnait le coup d’envoi à ce qui allait être la monopolisation du premier choix par les Oilers d’Edmonton.
Pendant trois années consécutives, les Oilers ont parlé au premier rang lors de l’encan annuel. Avec cette première opportunité de frapper un grand coup, Edmonton s’est tourné vers l’attaquant des Spitfires de Windsor, Taylor Hall.
Il est vrai que Hall n’a pas connu les succès escomptés lors de ses premières années à Edmonton. Qui en avait d’ailleurs? Toutefois, il devient difficile de reprocher à la formation albertaine cette sélection considérant le joueur qui a été récipiendaire du trophée Hart avec les Devils du New Jersey en 2018 grâce à une récolte de 93 points. Celui qui porte aujourd’hui les couleurs des Coyotes de l’Arizona n’est devancé en réalité au chapitre des points que par un seul autre élève dans la classe du repêchage de 2010, celui qui a été nommé tout juste après lui.
Avec l'envoi de Phil Kessel qui leur conférait la sélection de première ronde des Maple Leafs de Toronto, les Bruins de Boston ont opté pour le choix logique lors du deuxième tour de parole avec Tyler Seguin. Autre produit de la Ligue de l’Ontario, l’attaquant domine son groupe tant au chapitre des points (635) que des matchs joués (741).
La question ici qui demeurera sans réponse : est-ce que Seguin aurait eu la même carrière s’il était demeuré avec les Bruins? En trois campagnes avec l’équipe qui l’a sélectionné au deuxième rang, le patineur aujourd’hui âgé de 28 ans a amassé un total de 121 points en 203 matchs (lock-out oblige en 2012-2013).
Vient ensuite la transaction qui fait mal paraître les Bruins en 2020.
En transigeant Seguin, en compagnie de Rich Peverley et Ryan Button, la formation de Boston a obtenu Loui Eriksson et trois espoirs (Joseph Morrow, Reilly Smith et Matt Fraser).
Le changement d’air fait le plus grand bien à Seguin qui enchaîne avec une saison de 84 points. Depuis, son arrivée avec les Stars en 2014, il a récolté 570 points. Il peut donc remercier les Bruins tant pour sa sélection que pour l’avoir transigé sous le chaud soleil texan où il a su éclore.
Le troisième choix de l’encan n’est peut-être pas le défenseur le plus productif de sa cohorte, mais on parle tout de même d’un arrière qui a disputé 518 rencontres dans la LNH en Erik Gudbranson.
Coups de chance ou éclair de génie?
Par la suite, on peut regarder des joueurs qui ont été sélectionnés un peu plus tard, mais qui ont eu un impact significatif dans leur formation.
Même s’il a été limité à 10 matchs cette saison, Vladimir Tarasenko se hisse dans les découvertes de ce repêchage lui qui a été sélectionné par les Blues au 16e échelon. Les champions en titre de la Coupe Stanley ont en réalité eu la main heureuse dans ce repêchage alors que deux rangs auparavant, ils se sont assuré des services de Jaden Schwartz. Pour les deux attaquants, il est question de 428 et 364 points respectivement depuis leur arrivée à St. Louis.
Place maintenant aux éclairs de génie ou coups de chance, c’est comme vous préférez le voir.
En tête de lice, impossible d’ignorer l’attaquant Mark Stone qui a plus que fait valoir sa sélection en sixième ronde par les Sénateurs d’Ottawa. Celui qui a glissé au 178e échelon du repêchage n’est rien de moins que le septième meilleur pointeur de cette classe, tout juste derrière Evgeny Kuznetsov, alors que celui qui porte aujourd’hui les couleurs des Golden Knights de Vegas a amassé 385 points en 449 rencontres.
Le Canadien peut aussi se féliciter avec une sélection tardive dans ce repêchage. Si Jarred Tinordi n’a pas répondu aux attentes lors de son séjour dans la Métropole, et privé de choix de 2e et 3e tour, le Canadien peut vivement oublier le tout avec sa bougie d’allumage, Brendan Gallagher. Qui aurait alors pensé que cet attaquant des Giants de Vancouver ferait un jour parti du noyau de cette formation Bleu-Blanc-Rouge? Sans être épargné par les blessures, Gallagher s’est frayé un chemin dans le haut de la formation du Canadien et de ses camarades de classe afin de faire oublier sa sélection au 147e rang. Ses 173 buts le place derrière Seguin, Jeff Skinner, Hall et Tarasenko dans cette catégorie.
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Si Tom Brady est la preuve qu’il est encore possible de dénicher un bon quart dans les sélections tardives d’un repêchage, les Stars ont su mettre la main sur leur quart-arrière à la ligne bleue non pas au 199e échelon, mais bien au 131e avec John Klingberg. Il devait être difficile à prédire à ce moment que le Suédois parviendrait à devenir un morceau essentiel de la défense des Stars, lui qui s’est tout de même illustré avec des campagnes de 67 (2017-2018) et 58 (2015-2016) points. Un repêchage qui se trouve à être payant aujourd’hui pour les Stars sauf peut-être pour les gardiens, mais nous y viendrons.
La preuve également qu’il ne faut pas abandonner certaines sélections : Bryan Rust. Les Penguins auraient très fortement pu être tentés de lancer la serviette avec le 80e choix au total lui qui n’avait pas dépassé le cap des 30 points avant la saison 2017-2018. Ce n’est toutefois que cette année que l’attaquant a connu sa véritable éclosion avec une saison de records personnels alors qu’au moment de l’arrêt des activités, il produisait à un rythme impressionnant de 27 buts et 29 mentions d’aide (56 points) en 55 rencontres. Peut-être que d’autres joueurs de cet encan débloqueront encore dans les prochaines années, même plus de 10 ans après leur sélection.
Des gardiens font mentir
Il n’y a pas que les joueurs qui peuvent être sous ou surestimés dans un repêchage. Bien que la tendance soit à la prudence envers les gardiens dans les dernières années, certains ont donc su prouver qu’ils auraient eu droit d’entendre leur nom bien plus rapidement.
Si on vous disait qu’actuellement le duo de gardiens chez les Maple Leafs de Toronto était formé des membres de la classe de 2010, auriez-vous cru que Frederik Andersen n’était pas celui qui a été réclamé au 11e échelon? En fait, Jack Campbell n’a très certainement pas répondu aux attentes des Stars qui s’était tourné vers lui en première ronde. De son côté, Andersen a su transformer une sélection de septième ronde (187e) par les Hurricanes en 369 matchs dans la LNH. Il faut dire dans son cas que son envolée s'est produite deux ans plus tard lorsque les Ducks ont à nouveau réclamé ses services lors de l'encan annuel.
Les Canes ont hérité d’un autre gardien sélectionné tardivement dans ce repêchage. Deux rondes avant Andersen, Petr Mrazek avait été le choix des Red Wings de Detroit. Trois choix seulement avant le Tchèque, au 138e rang, le Québécois Louis Domingue était la cible des Coyotes de Phoenix.
Au final, sur 210 joueurs réclamés en 2010, 107 ont au moins disputé un match dans la LNH, soit un peu plus de 50 %.
On constate dès lors qu’un peu plus de la moitié des joueurs sélectionnés en première ronde (16) se retrouvent parmi la liste des 30 meilleurs marqueurs. Évidemment, ça ne fait pas d’un Erik Gudbranson un mauvais choix, comme ce dernier remplissait principalement des responsabilités défensives.
On dénote aussi que les Panthers ont su opter pour trois joueurs qui, 10 ans plus tard, se retrouvent parmi les meilleurs de leur année de graduation. Nick Bjugstad est en tête de file pour l’équipe qui en a fait le 19e choix. Joonas Donskoi (99e) et Zach Hyman (123e) n’appartiennent plus à l’organisation, mais ils ont été obtenus durant cette période. Avec Gudbranson, nous avons ici quatre joueurs qui - issus d'un même repêchage et d'une même organisation - ont eu un impact dans la LNH.
Outre, les Panthers, les Blues, les Hurricanes, les Islanders, les Bruins et le Lightning ont chacun deux joueurs qui ont su se démarquer.
S’il y a eu des bons coups, il y a forcément eu des joueurs, et incidemment des organisations, qui ont connu moins de succès avec leurs sélections de premières rondes. Dylan McIlrath (Rangers), Brandon Gormley (Coyotes), Joey Hishon (Avalanche) et Mark Visentin (Coyotes) n’ont jamais su percer la LNH afin de s’y établir. C’est donc ici deux joueurs de la formation de l’Arizona qui ont disputé à eux deux un total de 59 matchs dans la grande Ligue.
Certaines équipes veulent tout simplement oublier ce repêchage dans son ensemble et ce doit notamment être le cas des Sabres de Buffalo. De leurs neuf joueurs sélectionnés, seul le défenseur Mark Pysyk (1er tour) a évolué dans la LNH avec 417 rencontres.
Les Flames de Calgary ont beau avoir de leur côté cinq joueurs qui ont joué à un certain moment dans la meilleure Ligue en Amérique du Nord, il n’y a que l’attaquant Micheal Ferland qui a porté un uniforme pour plus de 25 rencontres. Comme 133e choix au total, celui qui évolue maintenant avec les Canucks de Vancouver était pourtant l’avant-dernière sélection des Flames dans cet encan.
Ce repêchage au tournant de la première décennie du nouveau millénaire permet donc de voir qu’il y avait pratiquement une chance sur deux pour qu’un joueur sélectionné en première ronde connaisse une bonne part de succès dans la LNH.