Le décès de Mike Bossy m’a fait réfléchir. D’abord, mes condoléances à sa famille. Au-delà du grand joueur qu’il a été, ce qui me frappe le plus quand je parle à des gens qui l’ont connu, c’est à quel point il a marqué son entourage par sa personnalité, sa bonne humeur, sa générosité et son amour pour sa famille. Sportivement pour moi, Mike Bossy est probablement le joueur le plus sous-estimé de la LNH.

Ça m’a frappé en jouant au jeu vidéo NHL 22 de EA Sports. Je jouais contre un jeune de 11 ans qui avait choisi l’équipe des légendes. Dans cette équipe, on retrouve évidemment Wayne Gretzky et tout aussi évidemment, mon jeune adversaire ne l’avait jamais vu jouer. Il me demande donc ce qui faisait de La Merveille la légende qu’il est. Il me demande s’il était si bon que ça et pourquoi il était si bon. Pourquoi est-il considéré comme le meilleur joueur de tous les temps?

Je lui explique combien il est périlleux de comparer les époques et je me risque à une explication. Je lui dis qu’il faut comparer les joueurs avec leurs pairs pour comprendre à quel point ils étaient bons. Non, les gardiens de but de l’époque n’étaient pas aussi bons techniquement et les attaquants accumulaient plus de points, mais Gretzky terminait premier marqueur de la ligue avec des avances de 29, 65 74 et même une année une avance de 75 points! Devant un certain Mario Lemieux d’ailleurs. Ça donne une idée à quel point il était dominant. Même sans l’avoir vu jouer, mon jeune ami a pu comprendre combien Gretzky était incroyable. Une petite leçon d’Histoire de la LNH qui allait se poursuivre quand j’ai réalisé qu’il manquait le grand Mike Bossy parmi cette équipe tout étoile de légendes.

La présence ou non de certains joueurs sur l’équipe des légendes de NHL22 est très probablement une discussion tout à fait futile. Cette liste de joueurs qui comprend Marcel Dionne, Mario Lemieux, Paul Coffey, Raymond Bourque et plusieurs autres ne fait foi de rien. En plus, il manque plusieurs autres joueurs légendaires comme Dominik Hasek, Bobby Orr, Sergei Federov, Paul Karya, Vincent Lecavalier et autres. Mais l’absence de Bossy m’a marquée. Devant Wayne Gretzky (le plus grand buteur de tous les temps), il est celui qui a le meilleur ratio de buts marqués par matchs joués dans la Ligue nationale de hockey. Comment a-t-on pu l’oublier? Jumelée aux questions de mon jeune partenaire de jeu et au décès récent de Mike Bossy, cette question m’a poussé à m’interroger sur notre rapport à l’Histoire de notre sport national.

Je me suis dit qu’un des plaisirs du sport c’est de raconter les prouesses d’une autre époque aux plus jeunes qui n’ont pas eu la chance de voir ces légendes fouler la glace ou le terrain. Le plaisir du sport c’est de débattre lequel de deux athlètes d’époques distinctes est le plus grand. C’est de se demander si un athlète des années 70 serait aussi dominant dans les années 2000 et vice versa. Mais avec ce plaisir, vient aussi la responsabilité comme amateurs de sport de transmettre notre savoir, de continuer à faire vivre l’Histoire de nos sports et de nos athlètes préférés.

C’est à nous amateurs de sport d’expliquer aux plus jeunes pourquoi Patrick Roy est aussi vénéré. C’est au plus vieux à nous expliquer pourquoi Guy Lafleur est un grand Canadien de Montréal, pourquoi le Démon Blond s’appelle, ce qui fait de lui la légende qu’il est, et pourquoi son décès attriste tant de gens qui l’ont vu jouer ou pas.

Les légendes du sport sont éternelles parce que leurs prouesses continuent de vivre longtemps après leur retraite et longtemps après leur départ. À nous de continuer de perpétuer le souvenir de ces légendes, même si ça nous fait paraître plus vieux qu’on aimerait.