Quand l'entraîneur Mike Sullivan a choisi le jeune gardien Matt Murray pour sauver la saison des Penguins dans le septième match contre Tampa, il a fait son nid avec lui. Peu importe ce qui se passera durant cette finale qui est plutôt bien enclenchée, Murray sera son gardien numéro un la saison prochaine.

Marc-André Fleury n'a besoin de personne pour lui dire que son avenir est désormais ailleurs. La haute direction des Penguins avait déjà Murray en haute estime. En s'absentant très longtemps pour soigner une commotion cérébrale, Fleury a peut-être facilité la décision de ses patrons. Ce n'est pas fréquent qu'une blessure subie par un joueur étoile en vienne à modifier radicalement son parcours, mais ce sont des choses qui arrivent à l'occasion. Fleury pensait peut-être écouler toute sa carrière dans l'uniforme des Penguins, mais sa commotion et le brio affiché par Murray semblent avoir bousillé ses espoirs.

Ce qu'il vit est loin d'être facile. On parle ici d'un athlète établi qui s'est hissé parmi les meilleurs gardiens de la ligue au cours des 11 dernières années. D'un gardien qui, de surcroît, a remporté 35 victoires cette saison. Ses coéquipiers, qui ont beaucoup gagné avec lui, ne se font jamais tordre un bras pour vanter ses mérites. Ils parlent de lui avec affection. Ils sont solidaires avec ce qui lui arrive, mais comme ils sont en mission, ce n'est pas le moment de brouiller l'eau en s'arrêtant sur des considérations personnelles, aussi difficiles soient-elles.

Son comportement depuis qu'il est apte à retourner au coeur de l'action l'honore. Si jamais les Penguins gagnent la coupe Stanley, il aura joué un rôle important en se faisant discret et en continuant d'épauler tout le monde, y compris Murray qui est à trois victoires de sa première coupe.

Sa situation rappelle celle de Stéphane Fiset qui était le gardien numéro un de la ligue quand Patrick Roy est débarqué au Colorado. Il n'a jamais protesté quand Roy s'est emparé du filet et l'a gardé durant toutes les séries. Il a été l'ultime joueur d'équipe. Il a regardé Roy lui procurer une bague de la coupe Stanley avant d'être échangé, à sa demande, durant l'été.

S'il n'avait pas été blessé, on ne parlerait pas de Fleury de cette façon puisque Murray n'aurait jamais eu l'occasion de se faire un nom d'une façon aussi éclatante durant les séries. On imaginait un excellent duo de gardiens à Pittsburgh l'an prochain jusqu'à ce que Fleury, âgé de 31 ans, soit abandonné à lui-même. C'est plus une question de destin que de contre-performances dans son cas.

Quand la direction d'une équipe doit choisir entre deux gardiens capables de produire des résultats quasi identiques, il est normal qu'elle ait un préjugé favorable pour celui qui lui permettra de mieux équilibrer sa masse salariale. Or, Fleury empochera 5.7 millions $ au cours des trois prochaines années tandis que Murray touchera 620 000 $ la saison prochaine.

De la façon dont les choses se dessinent, en plaçant leur vétéran gardien sur le marché, les Penguins auront la possibilité de réussir une transaction majeure qui les rendra plus puissants encore. Des preneurs pour un gardien de sa trempe, il y en aura, n'en doutez pas.

Le contrat de Fleury contient une clause de non mouvement, mais une fois placé dans une situation inconfortable, il se laissera probablement tenter par la possibilité d'aller clore sa carrière ailleurs. Il serait très étonnant qu'un joueur de son statut accepte de jouer les seconds violons derrière un gardien prometteur de 22 ans l'an prochain.

Fleury a été un tout premier choix de la Ligue nationale en 2003, un événement rare pour un gardien de but. Un seul autre gardien a été repêché bon premier depuis l'avènement des séances de repêchage amateur. Rick DiPietro, à qui les Islanders avaient consenti le plus long contrat dans le hockey, une entente de 15 ans, n'a jamais été à la hauteur des espoirs qu'il avait suscités.

C'est si rare qu'on choisisse un gardien au premier rang qu'on s'attendait au départ à ce que Fleury connaisse une carrière pouvant le mener un jour au Panthéon de la renommée du hockey. Ce n'est pas ce qui s'est produit dans son cas, même s'il connaît une belle carrière. Il n'a gagné aucun trophée individuel, mais il faut reconnaître qu'il a été l'un des héros de la dernière coupe Stanley alors qu'il a gagné les 16 matchs de son équipe en 2009.

Ce n'est malheureusement pas la première fois qu'une jeune joueur pousse un vétéran vers la sortie. C'est l'implacable loi du sport.

Subban aura son tour

P.K. Subban a trop de talent pour assister continuellement aux événements internationaux sur les lignes de côté. C'est en plein son genre de spectacle. Il se croit né pour s'y illustrer. Personne ne serait plus à l'aise que lui dans les circonstances. Il aura son tour éventuellement si son style flamboyant ne lui joue pas trop de mauvais tours.

Il a parfaitement le droit de faire ce qu'il veut de ses vacances, mais il ne s'est pas aidé quand il a refusé de porter le chandail du Canada aux récents championnats mondiaux de hockey. Il se disait sans doute qu'il n'avait pas à subir ce genre d'audition pour mériter sa place dans l'équipe canadienne qui participera au prochain tournoi de la Coupe du monde. Toutefois, une grande performance de sa part à ces championnats aurait pu faire une bonne différence. Quand les décideurs de la formation canadienne l'ont vu faire la fête un peu partout au lieu de prêter main-forte au Canada en Russie, il n'a pas aidé sa cause.

Subban n'a pas été vu sur une patinoire depuis le 10 mars pendant que d'autres en ont profité pour s'illustrer durant les présentes séries. Dans les faits, c'est Kristopher Letang et non Subban qui a été victime d'une injustice en n'étant pas retenu pour la Coupe du Monde.