BUFFALO - Passionné comme il l’est, Samuel Girard a avalé un peu de travers sa sélection retardée au 47e rang, samedi, du repêchage de la LNH en raison de son physique. Ce disque, il l’entend sauter depuis aussi loin que son époque au niveau bantam.

Le charismatique patineur de Roberval espérait que son petit gabarit n’allait pas, une fois de plus, soulever des doutes envers ses capacités. Même s’il est devenu uniquement le deuxième défenseur de 17 ans (après Jean-Jacques Daigneault en 1983) à être nommé l’arrière par excellence dans la LHJMQ, Girard a dû exercer sa patience jusqu’à la moitié de la deuxième ronde.

C’est à ce moment que les Predators de Nashville, qui sont reconnus pour leur brigade défensive, ont commencé à s’imaginer qu’ils pourraient mettre la main sur le talentueux hockeyeur de cinq pieds dix pouces et 160 livres.

Ce scénario, les Preds ne l’avaient pas prévu.

« Pas du tout, on s’était rencontré après la première ronde et on pensait qu’il allait sortir avant la 40e place. Pour être bien honnête, on avait de la misère à croire qu’il était disponible au 47e tour et on en était très excité », a raconté le recruteur québécois Jean-Philippe Glaude.

Ainsi, on peut présumer qu’il a déjà retrouvé son sourire typique en pensant qu’il pourra se perfectionner auprès de Shea Weber, Roman Josi, Mattias Ekholm et Ryan Ellis.

Si les autres organisations avaient décidé de lever le nez sur lui jusqu’à ce moment, on aurait pu se dire que Glaude a dû sortir ses talents de communicateur pour « vendre » Girard à ses collègues.

« Vraiment pas, ils  sont venus le voir en finale contre Rouyn-Noranda et chaque fois qu’on sortait de l’aréna, on revenait sur son talent. Toutes ses passes sont décisives, il veut toujours faire avancer le jeu », a raconté Glaude qui aurait été prêt à le choisir plus tôt.

S’il n’avait pas le rire aussi facile qu’à l’habitude peu de temps après sa sélection, Girard était tout de même heureux.

« Il y en avait un peu de stress avec la soirée de la première ronde, mais il est tombé maintenant. Je suis très content de me retrouver avec les Predators. Il y a une petite déception, mais on avait évalué avec mon agent que j’avais autour de 80% des chances de sortir en deuxième ronde », a expliqué, aux médias, Girard qui a récolté 10 buts et 64 aides en 67 matchs en 2015-2016 avec les Cataractes de Shawinigan.

Girard voyait venir les prochaines questions, il savait que l’enjeu de sa taille referait surface. Au moins, il s’était préparé à l’éventualité que des équipes l’ignorent en raison de son physique.

« Oui, c’est exactement ça, sûrement que des équipes ont passé leur tour pour ce motif. Si les Predators ont jugé bon de me repêcher, c’est parce qu’ils aiment mon style de jeu. Ils vont me faire confiance quand même », a interprété le gaucher.

Girard ne se trompe pas en disant que les Preds affectionnent son style.

« Ce qui m’impressionne le plus, c’est sa capacité à s’adapter peu importe la situation. Offensivement, il se classe probablement parmi les meilleurs du repêchage en termes d’instincts naturels. On va le laisser progresser et gagner en maturité, on aime beaucoup ces défenseurs à Nashville », a décrit Glaude.

« Quand t’as du talent comme lui, tu trouves le moyen de percer. On a une grande confiance en ses moyens. »

Le modèle parfait en Ryan Ellis

Les prévisions liées au repêchage s’accompagnent souvent de comparaisons. Dans le cas de Girard, son nom était associé à Ryan Ellis depuis plusieurs mois et le hasard a voulu qu’il soit repêché par la même organisation.

Le Québécois de 18 ans risque donc de se réjouir quand il pourra s’inspirer d’Ellis en l’épiant de très près. Ça devrait chasser une partie de sa déception.

Jean-Philippe Glaude et Samuel Girard« Il va avoir le meilleur modèle autour de lui en Ellis. Quand il va arriver au camp, ils vont se regarder droit dans les yeux, ils ont la même grandeur. Ellis a eu besoin de temps et des gens commençaient à se demander s’il allait réussir. Aujourd’hui, personne ne doute qu’il pourra jouer dans notre top-4 pour encore 10 ans », a proposé Glaude qui était justement un défenseur offensif à petite stature.

Comme il l’a fait tout au long de son parcours, Girard se sentira propulsé par le désir de confondre les sceptiques.   

« Oui, ça va être une motivation pour moi. J’aurais aimé sortir un peu plus tôt et je vais vouloir prouver ce que je peux faire à ceux qui n’ont pas cru en moi », a convenu celui qui se voit en Ellis.

De plus, Girard se retrouve avec une organisation qui a souvent pigé au Québec depuis deux ans. Après les sélections de Yakov Trenin (Gatineau), Anthony Richard (Val-d’Or) et Alexandre Carrier (Gatineau) en 2015, Nashville a poursuivi dans cette veine avec lui et Frédéric Allard, des Saguenéens au 78e rang.

« C’est agréable de se retrouver avec une équipe dans laquelle tu connais déjà quelqu’un, tu n’es pas dans le néant », a exprimé Allard.

Conscient qu’il doit polir certains aspects de son jeu, Allard admet qu’il ne pouvait pas aboutir dans une meilleure destination.  

« C’est vrai, je ne peux pas demander mieux avec tous leurs défenseurs qui ont percé comme (Kevin) Klein, (Ryan) Suter, Ellis, Weber, Josi et compagnie. Ils ont encore ajouté beaucoup de défenseurs cette année, ça prouve l’importance qu’ils accordent à cette position », a noté Allard.

« Il était disponible exactement où on croyait juste de le prendre. Depuis environ trois ans, ce que j’aime surtout de lui, c’est sa progression constante. Il a commencé à jouer dans la LHJMQ alors qu’il avait à peine 16 ans. C’est aussi une bonne personne, un meneur », a vanté Glaude.

La vie fait bien les choses puisque Girard et Allard sont devenus de très bons amis dernièrement en se côtoyant durant toute la semaine des évaluations de la LNH au début juin.

Ensemble, ils pourront découvrir les charmes de la capitale du country et les deux joueurs étaient prêts à s’acheter leur première paire de bottes de cowboy.

Chanteur à ses heures, Girard voudra également s’assurer de ne plus jamais entendre le refrain sur sa petite taille.