LONDON, Ontario - Daniel Sprong est arrivé au camp des recrues des Penguins de Pittsburgh avec les oreilles grandes ouvertes, prêt à absorber comme une éponge les conseils de ses nouveaux tuteurs.

« Il me fait rire parce que chaque fois qu’il revient au banc, il me regarde avec de gros yeux, comme pour vouloir me dire : ‘Et puis, comment j’étais, coach?’ », confiait Mike Sullivan, qui a pris la barre du club-école des Penguins depuis que son successeur, John Hynes, a été embauché par les Devils du New Jersey.

« Il veut avoir nos impressions, alors nous les lui avons données », dit Sullivan. Ce dernier, qui commence à peine à se familiariser avec le bassin d’espoirs qu’il a sous la main, a rapidement pu apprécier les attributs qui faisaient de Sprong un candidat de premier plan en marge du plus récent repêchage et qui ont incité les Penguins à investir un choix de deuxième ronde pour l’obtention de ses services.

L’attaquant des Islanders de Charlottetown, qui a terminé au 14e rang des compteurs de la LHJMQ la saison dernière, mange du hockey et a la chance d’avoir développé les habiletés qui n’ont d’égal que son dévouement pour son sport. « C’est un jeune très talentueux », résume Sullivan.

Mais Sprong n’est pas parfait et sa première avancée en contrée professionnelle a permis de démasquer des travers qui, s’ils sont sans conséquence à un niveau inférieur, le forcent maintenant à faire un examen de conscience.

« Ça lui est arrivé à quelques reprises d’étirer beaucoup trop ses présences, exposait Sullivan entre deux matchs d’un récent tournoi préparatoire. Il est sur la glace depuis plus d’une minute, il essaie de faire un jeu et soudainement, la rondelle est en direction de notre territoire. C’Est le genre de leçon qu’on peut inculquer à un joueur qui est à sa position dans une compétition comme celle-là. »

« Il est en train d’apprendre à jouer d’une certaine façon dans une situation donnée et à prendre les décisions appropriées. Ça fait partie du processus d’apprentissage de tout jeune joueur », relativise Sullivan.

Sprong n’oserait pas contredire son patron. Le Montréalais d’adoption, qui est né aux Pays-Bas avant de déménager au Québec avec sa famille pour maximiser son potentiel, réalise que l’écart est substantiel entre le junior et le pro. Sa vitesse d’exécution doit être améliorée, la répartition de ses efforts mieux partagée... et pas de revirement à la ligne bleue!

« Je crois que j’en ai commis quelques-uns aujourd’hui, confessait piteusement le Néerlandais de 18 ans après un match contre les recrues des Sénateurs d’Ottawa. Je me suis fait prendre et on s’est retrouvés coincés dans notre zone. Mais c’est juste que le jeu est plus rapide ici, je dois garder la tête haute plus souvent. »

Ces petites carences techniques ne sont pas la seule tache au dossier de Sprong, qui peine à se défaire d’une réputation défavorable. Dans les semaines précédant le repêchage, plusieurs intervenants québécois avaient notamment dénoncé son attitude égoïste dans un texte signé par le collègue Éric Leblanc.

« Je n’ai rien vu de tout ça, rassure sans hésiter Mike Sullivan. Je suis le genre d’entraîneur qui préfère former ses propres opinions plutôt que de me fier aux bobards qui circulent à gauche et à droite. Mon expérience à travailler avec lui n’est pas exhaustive, mais jusqu’à maintenant il est un charme à diriger. »

Peu d’observateurs doutent que Sprong puisse se développer comme un joueur d’impact dans la Ligue nationale. Le principal intéressé est sans complexe, mais il semble avoir été rattrapé par une lucidité nouvelle au cours de la période estivale.

« Tout le monde ici voudrait commencer l’année dans la LNH, mais il faut aussi être réaliste. Il y a des choses sur lesquelles je dois travailler pour devenir un joueur de la LNH. Mon but, c’est de les perfectionner le plus tôt possible. »

À moins qu’il ne parvienne à causer une surprise de taille au camp des Penguins, Sprong retournera à Charlottetown pour y disputer une troisième saison. Les Islanders ont remporté leurs deux premiers matchs de la saison en son absence.  

Regard vers l’avant pour Beauregard

Contrairement à Sprong, qu’il a côtoyé au camp des recrues, Mickaël Beauregard n’a plus l’option de revenir vers l’arrière. Le défenseur de 6 pieds 3 pouces, qui aura 21 ans le 7 octobre, a écoulé toutes ses années d’admissibilité dans la LHJMQ et doit maintenant se battre pour se trouver un boulot au cours des prochaines semaines.

Beauregard avait accepté l’invitation des Penguins après avoir évalué les besoins de l’organisation à la ligne bleue. « Plusieurs de leurs défenseurs de la Ligue américaine ont fait le saut dans la Ligue nationale, alors ça donnait des espaces libres dans la LAH », calculait le natif de St-Jérôme, vêtu d’un polo noir orné du logo des Olympiques, le week-end dernier.

Finalement, Beauregard n’est pas parvenu à faire sa place. Seulement deux des défenseurs qui ont participé au camp des recrues des Penguins – Derrick Pouliot et Harrison Ruopp – ont obtenu leur place dans le processus d’évaluation du grand club. Matt Murphy, des Remparts de Québec, et Nat Halbert, de l’Armada de Blainville-Boisbriand, sont aussi retournés à la maison à court de leur objectif.

Beauregard avait reçu des offres de quelques équipes de la ECHL avant de tenter sa chance avec les Penguins. C’est peut-être l’option sur laquelle il devra se rabattre, à moins que son jeu au tournoi des recrues ait piqué la curiosité d’un observateur influent.  

« C’est de l’expérience incroyable pour le futur et en même temps, je me fais voir par trois autres équipes, pas seulement les Penguins », saisissait le gentil colosse avant de connaître son sort. Ça me donne de la visibilité, donc c’est toujours bon. Le plus de visibilité que tu as, le mieux c’est. »