La LNH a pris une excellente décision en reportant le match entre les Stars de Dallas et les BlueJackets de Columbus à la suite du malaise cardiaque subi par Rich Peverley. Le hockey est un sport rapide et instinctif qui doit être joué avec intensité et émotions pour qu'il conserve sa raison d'être. Voilà la raison principale pour laquelle le hockey attise nos passions. Or, lundi soir,  la seule raison de s'en faire avait trait à l'affaissement d'un coéquipier, d'un adversaire, d'un athlète, d'un homme. Cultiver l'espoir d'une santé retrouvée pour l'attaquant des Stars était la seule chose en tête pour les joueurs des deux équipes impliquées, des milliers de spectateurs au American Airlines Center et des centaines de milliers d'entre nous, impuissants témoins d'une scène irréelle. Parce que Rich Peverley, comme tous les athlètes professionnels d'ailleurs, sera un mari, un père et un citoyen ordinaire bien plus longtemps qu'il ne sera un joueur de hockey; il ne reste qu'à lui souhaiter une récupération en toute sérénité.

Pendant ma carrière, j'ai vu plusieurs coéquipiers gravement blessés. Certaines scènes pas très jolies, mais rien de l'amplitude d'un homme frôlant la mort. Il y a bien eu l'effondrement de Jiri Fisher quelques jours après une séquence de deux matchs consécutifs contre les Red Wings en novembre 2005, mais l'impact réel est quelque peu diffusé lorsque tu es dans ta bulle. C'est avec du recul que tu ressens l'onde de choc. C'est «grâce »à cette «première réanimation cardiaque en direct », comme Fisher l'a lui-même appelée, que l'on doit tous ces défibrillateurs dans les arénas du monde entier, dont possiblement celui qui a sauvé la vie à Peverley lundi soir.

Je ne peux donc que m'imaginer l'état d'esprit dans lequel les joueurs des deux équipes ont pris l'avion pour leurs destinations respectives après le match reporté. Les bonnes nouvelles depuis aident certainement. Les Blue Jackets, à domicile, ont battu les Red Wings. C'est une autre paire de manches pour les Stars. Plusieurs vivront avec le souvenir de ce triste soir. Certains pourront peut-être s'inspirer d'un coéquipier qui a demandé à retourner dans le match après être passé si près d'y rester. Dallas s'est d'ailleurs payé les Blues, premiers au classement, à St Louis et en prologation. Vernon Fiddler s'est empressé d'aller cueillir la rondelle après le but gagnant du capitaine Jamie Benn.

Cette rondelle, elle est destinée à Rich Peverley.