MONTRÉAL – À l’aube de sa troisième saison à la barre des Flyers, Alain Vigneault savait qu’il amorçait une campagne cruciale pour son avenir à Philadelphie. Son avenir dans la LNH.

« Chuck a fait un travail exceptionnel au cours de la saison morte et c’est maintenant à moi de faire ma job », que Vigneault m’avait répondu alors que son équipe défilait les matchs préparatoires.

Lundi matin, Vigneault a appris que son patron était insatisfait de son travail. Insatisfait du rendement de cette équipe qu’il a renforcée après l’exclusion des Flyers des séries l’été dernier. Une exclusion qui a conclu une saison de 58 points en 56 matchs (25-23-8). Une récolte qui a laissé les Flyers 13 points derrière les Islanders de New York qui ont terminé au quatrième rang dans la division Est.

Dimanche soir à Philadelphie, les Flyers ont été rossés 7-1 par le Lightning de Tampa. C’était leur huitième revers consécutif – six en temps réglementaire, un en prolongation, un dernier en tirs de barrage – leur 14e défaite en 22 matchs jusqu’ici cette année. (8-10-2-2). Vigneault et Michel Therrien n’ont pas survécu à ce revers.

Est-ce que Fletcher congédie ses coachs trop vite? Est-ce qu’il effectue ce geste d’éclat pour secouer des joueurs qui sous-performent cette saison?

Sûrement un peu des deux.

Cela dit, avec 60 matchs à disputer cette saison et une formation qui devrait jouer du meilleur hockey et afficher de meilleurs résultats, Fletcher considère sans doute, avec raison, qu’il a assez de matchs et de temps devant son club pour redresser la situation.

Le deuxième adjoint de Vigneault derrière le banc des Flyers, Mike Yeo – il était l’adjoint de Michel Therrien à Pittsburgh lorsque les Penguins l’ont congédié en 2009 – prendra la relève dès lundi soir alors que l’Avalanche du Colorado, qui en sera à un quatrième match de cinq consécutifs loin de Denver, sera à Philly.

Un tremplin pour « Lappy »!

Au-delà le mandat confié à Mike Yeo, c’est ce qui guette Ian Laperrière au sein de l’organisation des Flyers qui retiendra le plus mon attention.

À 47 ans, Laperrière prépare depuis des années son entrée dans la LNH à titre d’entraîneur-chef. Le caractère qu’il a affiché au cours de sa carrière de 16 ans dans la LNH, fait de lui un ancien joueur respecté. Il fallait le voir aller sur la patinoire, à titre d’adjoint avec le grand club à Philly, lors des entraînements pour saisir à quel point la passion du hockey l’habitait toujours.

Loin de se contenter de guider les joueurs dans les exercices qu’il dirigeait, il prenait un plaisir évident à participer activement à ces exercices. Difficile pour les joueurs d’y aller à demi-régime lorsqu’un coach, même un adjoint, patine à tes côtés et pourrait te faire bien mal paraître s’il te devançait au fil d’arrivée...

Laperrière est depuis l’automne l’entraîneur-chef des Phantoms de Lehigh Valley le club-école des Flyers dans la Ligue américaine.

Le ménage était inévitable chez les Flyers

Pourrait-il aboutir derrière le banc des « Broad Street Bullies » dès l’an prochain? Les résultats qu’obtiendra Mike Yeo dicteront la suite des choses à Philly. Mais Laperrière est certainement un candidat de premier plan.

D’ailleurs, Ian Laperrière a toujours été sur ma liste de candidats potentiels pour obtenir le job à Montréal au cours des dernières années. Il le sera encore si Dominique Ducharme, qui a reçu un vote de confiance pour le reste de la saison, n’arrive pas à reprendre le contrôle de son club d’ici la fin de la saison et perd son emploi.

D’autres candidats intéressants seront sur cette liste. Patrick Roy, s’il n’est pas considéré comme DG et qu’il est intéressé par le poste de coach, Guy Boucher, Benoit Groulx et bien d’autres s’ajouteront sans l’ombre d’un doute. Mais Ian Laperrière y sera aussi. Du moins, il sera sur la mienne.

Pourquoi? Parce que je vois « Lappy » réussir dans la LNH au même titre de Rod Brind’Amour qui réussit à la barre des Hurricanes de la Caroline depuis qu’on lui a confié l’équipe.

Vigneault : à Ottawa ou ailleurs...

Revenons à Alain Vigneault...

Fort d’un contrat de cinq ans qui lui permettra de toucher le reste de son salaire de 5 millions $ (US) cette saison et d’encaisser le même magot l’an prochain et encore dans deux ans, Alain Vigneault n’a pas à s’inquiéter des prochaines fins de mois.

C’est clair.

Comme il est tout aussi clair qu’il recevra à court ou moyen terme des offres pour revenir derrière un banc de la LNH.

Vous pouvez biffer le nom de Montréal de la liste.

Du moins, ça me semble acquis considérant le fait que la première grande décision que Jeff Gorton ait prise après la vente des joueurs des Rangers pour mettre la main sur des espoirs et des choix au repêchage a été de congédier Alain Vigneault. Je veux bien croire que Jeff Gorton a indiqué que le prochain directeur général aura les coudées franches dans ses décisions, mais j’imagine mal que le vice-président aux opérations hockey donnerait sa bénédiction à une telle embauche.

Cela dit, au-delà l’ironie que représenterait un deuxième retour de Vigneault derrière le banc du Tricolore après les deux séjours déjà effectués par Michel Therrien et Claude Julien qui lui ont succédé derrière le banc au début des années 2000, un tel retour à Montréal ne serait pas souhaitable pour personne.

Du moins à mon avis.

Alain Vigneault est toujours un excellent entraîneur-chef. Il s’est rendu deux fois plutôt qu’une et avec deux équipes différentes à la finale de la coupe Stanley. Il jouit d’une excellente réputation autour de la LNH n’en déplaise à des partisans qui le considèrent d’une autre époque et de quelques joueurs qui le trouvent trop dur – je fais référence ici aux commentaires de Robin Lehner des Golden Knights – et d’une autre époque.

Mais un retour à Montréal le placerait dans une situation impossible. Déjà que la polémique entourant la réalité fondamentale selon laquelle l’entraîneur-chef du Canadien doit parler français crée une situation délicate pour les entraîneurs-chefs qui obtiennent le poste à Montréal, un retour à la barre serait considéré par plusieurs comme un autre exemple de retour en arrière.

Ou, comme l’a scandé Patrick Roy la semaine dernière dans sa sortie visant à mousser sa candidature comme directeur général, un autre exemple que le Canadien tourne trop souvent en rond.

Cela dit, le Alain Vigneault qui reviendrait derrière le banc du Canadien avec 1363 matchs d’expérience et une fiche gagnante (722-489-117 et 35 verdicts nuls) serait bien meilleur que celui qui a succédé à Mario Tremblay en 1997.

Mais bon...

À l’image de Bruce Boudreau vers qui les Canucks de Vancouver viennent de se tourner afin de sauver leur saison, ou de tenter de la sauver, Alain Vigneault aura des offres au fil des 6, 12, 18 prochains mois.

Les Sénateurs d’Ottawa pourraient lui offrir de boucler la boucle et de revenir à la maison. Toujours résident du secteur Hull, à Gatineau, où il a connu beaucoup de succès avec les Olympiques dans la LHJMQ au tournant des années 1990, Vigneault est entré dans la LNH en même temps que les Sénateurs en 1992 alors qu’il était l’adjoint de Rick Bowness derrière le banc de cette misérable équipe d’expansion.

Avec son bagage d’expérience, Vigneault pourrait amener les Sens à un autre niveau.

La grande question n’est pas de savoir s’il pourrait être bon dans ce rôle, car la réponse est oui. La grande question est plutôt est-ce que Vigneault a encore le goût de diriger dans la LNH?

Vigneault, sa conjointe, ses filles et ses proches amis sont les seuls à pouvoir répondre à cette question. Et c’est cette réponse qui décidera de la suite des choses.

Car si je suis convaincu qu’Alain Vigneault recevra d’autres offres lui permettant de revenir dans la LNH, je ne suis pas convaincu qu’il soit très pressé d’y revenir.

Le temps nous le dira.

Même chose pour Michel Therrien. Après avoir accepté l’offre d’Alain Vigneault de l’accompagner à Philadelphie pour relancer les Flyers, je ne suis pas convaincu que Therrien trépigne déjà à l’idée de reprendre un boulot autour de la LNH. Que ce soit comme adjoint ou comme entraîneur-chef.

Contacté aujourd’hui, Michel Terrien a simplement répondu par message texte qu’il n’avait pas l’intention de commenter sa situation.

Alain Vigneault n’a rien répondu du tout.

Je les comprends. Car pour le moment, Vigneault et Therrien doivent encaisser les contrecoups de leur congédiement respectif. Ils doivent panser leurs plaies avant de penser à leur avenir que ce soit dans la LNH ou dans leur vie de tous les jours.