Il n’existe pas des dizaines de manières d’analyser l’élimination du Canada face à la Finlande dans leur affrontement de quart de finale. Ce n’est pas compliqué : Équipe Canada junior s’est encore battue elle-même samedi, ce qui explique sa catastrophique sixième position au classement. On a répété les erreurs commises lors des matchs de ronde préliminaire sans en tirer la moindre leçon.

Dans la rencontre face à la Suède, plus tôt cette semaine, trois buts avaient été concédés en raison de pénalités stupides. Un scénario étrangement semblable s’est dessiné deux jours plus tard, alors que les Canadiens ont écopé d’un total de neuf pénalités mineures, ce qui est carrément inadmissible.

Au premier et deuxième vingts, ÉCJ avait pourtant du rythme, mais ce dernier s’est évaporé en raison d’une suite de mauvaises pénalités. Pendant ce temps, le gardien Mackenzie Blackwood n’a pas effectué d’arrêts importants qui auraient pu calmer le jeu et soulever l’équipe dans les moments de doute.

Les Finlandais, eux, ont semblé être fouettés lorsque leur instructeur a procédé à un changement de gardien, à la suite du troisième but sur 12 tirs alloué par Veini Vehvilainen. L’allure du match a changé après cette décision.

Dans l’ensemble, on ne peut pas vraiment dire que le Canada méritait un meilleur sort, principalement en raison des nombreux gestes égoïstes posés. Même Mitch Marner, qui a connu une superbe troisième période avec un doublé, a trouvé le moyen de nuire à son équipe lorsqu’il a été incapable de se retenir de passer un gant au visage de son adversaire alors qu’une pénalité avait déjà été appelée contre le clan adverse.

Censé être un leader incontesté de la formation, Jake Virtanen a été épouvantable en se rendant coupable de trois pénalités mineures, dont deux sur une même séquence au dernier tiers. Impossible de remporter des matchs aussi âprement disputés lorsque tes meilleurs effectifs se retrouvent au cachot.

Les joueurs canadiens ont semblé oublier que l’enjeu ne réside pas dans le fait d’être celui qui applique le plus de coups, mais plutôt d’être celui qui réagit le mieux à ceux qu’il encaisse. C’est ça, l’attitude d’un gagnant, et cette facette a fait cruellement défaut. L’émotion a trop souvent pris le dessus sur le désir de vaincre, point à la ligne.

Dans toute compétition d’élite, une production de cinq buts devrait être suffisante pour l’emporter, surtout avec un groupe de patineurs aussi talentueux en place. Mis à part Joe Hicketts, signé comme joueur autonome, et Julien Gauthier, qui sera admissible au repêchage l’été prochain, tous les membres de cette édition appartiennent à une formation de la LNH. Clairement, le niveau d’habiletés ne faisait pas défaut. Le travail collectif, cependant, a été à la source du problème.

Lowry doit faire son mea culpa

C’est facile de critiquer le travail des entraîneurs compte tenu des résultats décevants, mais je crois franchement que Dave Lowry aurait pu soutirer davantage de son effectif. D’une part, la discipline, ça devrait lui appartenir. Comment a-t-il géré le flagrant manque de discipline de Virtanen? En le renvoyant dans la mêlée sans le réprimander. Un coach se doit d’envoyer ce genre de messages au groupe, celui qu’un geste égoïste allant à l’encontre des succès de l’équipe ne restera pas impuni. Mais il ne l’a pas fait en quarts de finale, et je trouve qu’il n’est pas normal que Lowry n’ait pas ajusté le tir après ce qui s’était produit contre la Suède. C’était aussi son mandat de trouver les combinaisons de joueurs ayant le potentiel de transporter l’équipe jusqu’aux plus grands honneurs, et il a jonglé sans arrêt avec les trios depuis les matchs préparatoires, sans pouvoir trouver de solution à l’énigme.

Canada 5 - Finlande 6

Bref, je réfute l’hypothèse du manque de talent par rapport aux rivaux présents à la compétition. Je n’accepterai pas qu’on me dise que le Canada manque de joueurs talentueux. Il en regorge, et en gardant certains joueurs retranchés parmi les derniers, les résultats auraient peut-être été différents pour Équipe Canada junior.

Je ne suis pas d’avis que le programme de développement de Hockey Canada devrait être révisé. C’est simplement l’exemple d’un groupe de joueurs sans cohésion qui n’a pas accepté de jouer comme il est souhaitable de le faire pour une équipe qui aspire à décrocher l’or. Je suis prêt à concéder que le Canada n’avait pas la même force de frappe offensive que l’édition championne de l’an dernier, mais au point de se faire tenir tête jusqu’en tirs de barrage par la Suisse et de ne gagner qu’un seul autre match, contre le Danemark? À mon sens, c’est non seulement incompréhensible, mais aussi inacceptable.

Et l’excuse que certains des meilleurs joueurs canadiens d’âge junior n’avaient pas été libérés par leur club de la LNH n’est à mon avis qu’une béquille. Chaque année est différente, et il ne sert à rien de supposer le déroulement des événements si tel ou tel patineur avait été disponible. Ça arrive à tous les ans que des joueurs ne sont pas prêtés afin qu’ils aillent représenter leur nation. Dans le camp américain, Dylan Larkin, Jack Eichel et Noah Hanifin n’y sont pas, mais ça ne les empêche pas de livrer la marchandise pour autant…

Je dirai en terminant que je m’attends à un triomphe suédois en grande finale. Dès le tout début, je les voyais comme les favoris pour terminer au sommet, et ils n’ont rien fait pour me faire changer d’idée alors qu’approchent les matchs de demi-finale. Même sans leur prolifique marqueur, l’espoir des Maple Leafs de Toronto William Nylander, ce groupe de joueurs est un véritable rouleau compresseur. Aucun autre pays présent à ce tournoi ne lui arrive à la cheville, donc normalement, c’est la Suède qu’on devrait couronner après la finale de mardi.

Propos recueillis par RDS.ca