LAVAL – Au hockey, il est conseillé d’interpréter les statistiques personnelles d’un joueur comme on filtrerait le discours d’un politicien : il faut en prendre et en laisser. S’ils servent d’introduction à toute évaluation, les chiffres ne racontent pas toujours toute l’histoire à propos du rendement de celui qui les affiche.

 

Ryan Poehling est toutefois le premier à admettre que l’évolution de son jeu est lisible dans la fiche qu’il garnit depuis qu’il apprend son métier dans la Ligue américaine.

 

Sans but, sans aide et coupable d’un déficit de moins-4 à ses trois premiers matchs avec le Rocket de Laval, Poehling a repris des couleurs lors de la séquence de cinq matchs en huit jours dont vient de sortir son équipe. Il a récolté un point dans quatre parties consécutives et a trouvé le fond du filet dans les deux dernières, se hissant ainsi au deuxième rang du classement des pointeurs derrière Alex Belzile.

 

« Très positif pour moi, a approuvé l’entraîneur-chef du Rocket, Joël Bouchard. Non seulement parce qu’il s’est inscrit à la feuille de pointage – ça c’est le résultat – mais je l’ai trouvé beaucoup plus impliqué. J’ai trouvé que son ajustement a été meilleur dans les matchs cette semaine. Ça n’a pas été parfait, mais j’ai aussi aimé son niveau de compétition. Des fois, quand un jeune joueur arrive, il regarde beaucoup à gauche et à droite, il n’est pas sûr, il est hésitant. Je l’ai trouvé beaucoup plus investi. Il prend sa place. »

 

Poehling, qui n’avait jamais été réellement exposé à la routine quotidienne du hockey professionnel avant de se présenter au camp d’entraînement du Canadien en septembre, admet qu’il a dû changer ses habitudes de travail afin de rétrécir l’écart qui le séparait de ses pairs. Il cite notamment l’éthique de travail, un atout nécessaire à la survie dans la Ligue américaine, comme un aspect qu’il a dû améliorer. La supériorité physique de ses rivaux l’a aussi forcé à développer de nouvelles ruses aux cercles de mises en jeu.

 

« Tout le monde ici travaille dans le but d’atteindre l’échelon supérieur, ce qui fait que le niveau de compétition est extrêmement élevé à chaque soir. J’ai l’impression que pour mon style de jeu, c’est un peu plus difficile, a confessé le jeune joueur de centre lundi. En fait, je devrais plutôt dire que ça l’était, parce que je crois m’être bien ajusté. J’en ai arraché dans les premières semaines, mais j’ai fait beaucoup de progrès. »

 

«  C’est beaucoup pour un jeune joueur, rappelle Bouchard. Il arrive du niveau universitaire, il a joué un match l’an passé, ça a bien été, il s’est blessé au camp. Il faut mettre les pièces du casse-tête ensemble quand on regarde les performances d’un joueur ou comment on pense qu’il devrait performer. Mais j’aime beaucoup son écoute. J’aime la façon dont il applique les choses qu’on lui demande. Et ce qui est le fun, c’est qu’il a des résultats en fin de semaine. »

 

L’éclosion de Poehling dans la Ligue américaine a coïncidé avec celle de Nick Suzuki dans la Ligue nationale. La recrue du Rocket n’a pas caché qu’il suivait attentivement les performances de son bon ami, mais il le fait sans aucune jalousie et sans ressentir qu’il doit en faire plus pour aller le rejoindre en haut.

 

« Honnêtement, je n’y pense pas. Tout ce que je dois faire, c’est rester fidèle à mon style. Je ne dois pas sortir de ma zone de confort et commencer à me prendre pour un joueur que je ne suis pas. Je me suis rendu jusqu’ici avec les qualités qui sont les miennes, je ne vais pas commencer à m’en éloigner. Si je joue comme j’en suis capable, mon tour finira par arriver. »

 

Juulsen : un retour mercredi?

 

Le Rocket a disputé cinq matchs depuis que Noah Juulsen a rejoint l’équipe le 11 octobre à Milwaukee. Le défenseur de 22 ans n’en a disputé aucun.
 

Joël Bouchard assure toutefois que l’absence répétée de Juulsen dans sa formation partante est circonstancielle et n’est pas reliée aux problèmes de santé qui l’ont affligé depuis l’an dernier.

 

« Quand on s’est assis avec le groupe d’entraîneurs et les préparateurs physiques, on trouvait qu’il n’avait juste pas eu assez d’entraînement avec l’équipe, a justifié l’entraîneur. Quand tu joues cinq matchs en huit soirs, avec un voyage dans le milieu de tout ça, le niveau de pratique que tu peux avoir est minime et quand tu en as, c’est court. Ce n’était pas des situations où on sentait que Noah en avait eu assez pour entrer dans une séquence de deux matchs en deux soirs. »

 

« Il est à 100% partout, mais il faut le mettre dans des situations gagnantes », a plaidé Bouchard, notant que Juulsen « devrait être correct » pour jouer mercredi contre les Senators de Belleville.

 

À l’entraînement lundi, Juulsen formait toujours une paire avec le Tchèque David Sklenicka, qui a été laissé de côté dans les cinq derniers matchs des siens.​