OTTAWA – La dernière fois que John Tavares a enfilé l’uniforme d’Équipe Canada, il est sorti de la glace avec l’aide d’un soigneur et n’y est retourné que huit mois plus tard.

Aux Jeux olympiques de Sotchi, pendant le match de quart-de-finale que le Canada disputait à la Lettonie, Tavares a mal encaissé une mise en échec du défenseur Arturs Kulda et a subi une sérieuse blessure au genou gauche.

« Un jeu vraiment simple, le genre de jeu dans lequel j’ai bien dû être impliqué des centaines de fois », résume-t-il sans amertume.

Les conséquences avaient été fâcheuses : non seulement avait-il été incapable de contribuer aux moments les plus intenses de la conquête de la médaille d’or, mais il avait aussi dû faire une croix sur le reste de sa saison avec les Islanders de New York.

L’épisode aurait pu laisser des traces dans la tête du jeune homme, le sensibiliser aux risques d’ajouter une compétition de haut niveau à un calendrier déjà chargé et l’inciter à y penser deux fois avant de retourner représenter son pays.

Ça aurait pu, mais ce n’est pas arrivé. Quand Doug Armstrong l’a contacté pour lui faire connaître son intention d’ajouter son nom à la formation canadienne en vue de la Coupe du monde de hockey, Tavares n’a pas hésité une seconde à lui donner son accord.

« Les matchs de finale, les matchs pour la médaille d’or, ce sont ceux-là que je veux jouer, plaide Tavares, qui n’a pas été impliqué dans un tel contexte depuis son dernier passage avec Équipe Canada junior en 2009. Les blessures font partie du sport et ce qui m’est arrivé à Sochi est malheureux, mais je suis quand même reconnaissant d’avoir pu prendre part à quatre matchs et de quitter avec une médaille autour du cou. Maintenant, on ne sait jamais quand la prochaine chance de jouer pour le Canada se présentera, alors quand le téléphone sonne, c’est sûr que je vais répondre. »

Il y a deux ans, le malheur de Tavares avait provoqué la colère du directeur général des Islanders Garth Snow, qui venait de perdre son meilleur joueur pour le dernier droit de la saison. Snow avait ouvertement critiqué la Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF) et le Comité international olympique (CIO), affirmant au quotidien new-yorkais Newsday qu’« ils veulent tous les avantages d’avoir les joueurs de la LNH aux Olympiques, mais ne veulent pas payer quand nos meilleurs joueurs se blessent. »

En amont de la Coupe du monde, Snow aurait pu être tenté de loger un appel poli à son joueur vedette pour lui demander de revoir ses priorités, mais Tavares dit n’avoir reçu que des encouragements de son patron avant de confirmer sa présence au tournoi automnal.

« À l’époque, il avait voulu exprimer son point de vue sur une situation globale et n’avait pu cacher sa frustration, mais rien de tout ça n’était dirigé vers moi. Il s’était senti mal de m’avoir mis dans une situation délicate, on en avait parlé à mon retour de Sotchi et il s’était excusé. Jamais il ne m’empêcherait d’aller représenter mon pays, même s’il n’est pas toujours d’accord avec les conditions dans lesquelles se font ces prêts. »

Tavares devrait jouer un rôle centre dans l’animation offensive de Mike Babcock à la Coupe du monde. Depuis le début du camp d’entraînement, il joue à l’aile de Ryan Getzlaf sur un trio complété tantôt par Steven Stamkos, tantôt par Corey Perry ou encore Tyler Seguin en plus d’avoir sa place sur la première unité du jeu de puissance.

Le jeune vétéran de 25 promet de jouer sans retenue et de ne pas se laisser ralentir par un excès de prudence.

« Chaque fois que je saute sur la glace, je veux donner tout ce que j’ai. Je ne veux pas m’éloigner de mon style, de ce qui m’a toujours permis de connaître du succès et je ne crois pas qu’il existe une autre approche. C’est encore plus vrai dans un tournoi comme celui-ci, au cours duquel tu affrontes les meilleurs joueurs au monde. Tu n’as pas le choix, tu dois tout donner. »

Une défense à la hauteur?
Un profil différent des autres