BROSSARD – Andrew Hammond n’a pas volé une once de toute l’attention qu’il reçoit depuis qu’il est arrivé à la rescousse des Sénateurs à la fin de la saison. Mais quand on s’y penche, l’émergence de la recrue Mark Stone, un ancien choix de sixième ronde qui est devenu l’homme des grandes occasions à Ottawa, est tout aussi spectaculaire.

On peut dire que Stone a brûlé les étapes à sa première saison dans la Ligue nationale. En l’espace de six mois, ce jeune homme en pleine période d’apprentissage s’est transformé en redoutable machine offensive, instrument central du changement de visage de toute une organisation. Les chiffres ne disent souvent qu’une partie de l’histoire, mais ceux faisant état de la progression de l’ailier de 22 ans sont frappants.

Le 8 décembre dernier, quelques heures après l’arrivée en poste de Dave Cameron à la barre des Sénateurs, Stone marquait son dixième but de la saison pour amorcer une séquence de sept parties consécutives avec au moins un point. Ce n’était qu’un début.

Le jeune homme a commencé à produire à un rythme que seuls les meilleurs de sa profession ont pu suivre. À partir du 1er janvier, il a amassé 47 points en 34 matchs, un rendement similaire à celui des Sidney Crosby, Alexander Ovechkin, John Tavares et de l’éventuel gagnant du trophée Art-Ross, Jamie Benn. 

Alors que les Sens étaient engagés dans un dernier droit au cours duquel le moindre faux pas risquait de les faire chuter irréversiblement dans le précipice qui accueille les équipes éliminées de la course aux séries, Stone s’est embarqué sur une séquence qui l’a vu s’inscrire à la feuille de pointage dans chacun des neuf derniers matchs de la saison. En feu, il a inscrit huit buts et obtenu un total de 13 points dans ce segment du calendrier.

En octobre, Stone a fait ses premiers pas dans la LNH avec un temps de jeu moyen de 13 minutes et 47 secondes par match aux côtés de Curtis Lazar, une autre recrue, et Erik Condra. Aujourd’hui, le voilà devenu l’homme à surveiller sur le premier trio complété par Kyle Turris et Clarke MacArthur. En avril, Dave Cameron l’a utilisé pendant près de 21 minutes par partie.

Stone a terminé la saison avec 26 buts, dont six gagnants. Du nombre, 18 ont permis aux Sens de créer l’égalité ou de prendre les devants. Et le sang dans ses veines ne s’est pas réchauffé sur les patinoires adverses, où il a marqué douze fois.

Le différentiel de plus-21 de Stone est le meilleur parmi les attaquants de son équipe. À Ottawa, seul le défenseur Marc Methot a fait mieux.

Si Hammond a rendu célèbre le surnom du « Hamburglar » en moins de temps qu’il n’en faut pour digérer un Big Mac, que doit faire Mark Stone pour mériter son propre sobriquet?

Un rival bien connu

Stone compte quelques connaissances dans le vestiaire du Canadien. Dale Weise, qui est de quatre ans son aîné, en est une. Les deux hommes sont natifs de Winnipeg.

« Je le connais un peu, racontait Weise lundi. Je crois qu’on s’est entraîné ensemble à quelques reprises quand on était plus jeunes, mais rien de plus. Mais comme on vient du même coin, j’ai suivi attentivement ce qu’il a fait cette saison. Il a eu un excellent début d’année, mais ce qu’il a fait en deuxième moitié est incroyable. »

Stone a aussi représenté son pays aux côtés de Brendan Gallagher, Nathan Beaulieu, Devante Smith-Pelly et Michaël Bournival au Championnat mondial junior en 2012. L’espoir des Sénateurs avait été le meilleur pointeur du Canada avec dix points, dont sept buts, en six matchs.

Mark Stone et Brendan Gallagher avec l'équipe canadienne en 2012« Je me souviens qu’il avait marqué souvent et dans les moments cruciaux. Ce n’est donc pas vraiment surprenant pour moi de le voir faire la même chose à une période de l’année aussi stressante », s’est remémoré Smith-Pelly.

« Il a toujours été comme ça, affirme Gallagher, qui a aussi croisé le fer avec Stone pendant quatre saisons dans la Ligue junior de l’Ouest. Il n’est pas le gars le plus rapide ni le plus étincelant, mais il trouve toujours un moyen de mettre la rondelle dans le filet. Je crois que c’est le plus beau compliment qu’on peut faire à un joueur de hockey. Il est intelligent, il comprend bien les subtilités du jeu et quand il est près de ton but, tu es mieux de l’avoir à l’œil parce qu’il est très dangereux. Si la rondelle traîne sur sa palette pendant trop longtemps, il va vous le faire payer. »

Les succès instantanés de Stone, qui a inscrit cinq points en quatre matchs contre le Canadien cette saison, l’ont placé parmi les candidats pour l’obtention du trophée Calder remis à la recrue par excellence dans la LNH. La lutte sera chaude avec Johnny Gaudreau, Filip Forsberg et Aaron Ekblad. Peut-il compter sur le vote de ses futurs adversaires?

« Ça sera lui ou Gaudreau, c’est sûr, croit Weise. Je ne sais pas trop qui l’emportera, mais ce sont deux excellents choix. »

« Je ne sais pas si je lui donnerais mon vote, hésite Smith-Pelly. Gaudreau a été productif du début à la fin de la saison, alors peut-être que c’est ce qui servirait à départager les deux pour moi. »