BROSSARD – Devante Smith-Pelly est un joueur de séries. On nous l’a répété à maintes reprises depuis qu’il est arrivé à Montréal, mais c’est une réputation qui a commencé à le précéder bien avant qu’il n’accède à la Ligue nationale.

Smith-Pelly n’avait que 16 ans quand il a réussi son premier coup d’éclat printanier. À sa première saison dans la Ligue junior de l’Ontario, il avait permis aux Majors de Mississauga St. Michael’s d’éliminer les Colts de Barrie en marquant en troisième période de prolongation.

« Je crois que j’avais frappé la rondelle au vol, elle avait traversé le demi-cercle du gardien et dévié sur le patin d’un joueur adverse avant d’entrer dans le filet, s’est rappelé l’attaquant du Canadien, ses lèvres courbées par un sourire nostalgique, lundi. C’était un but chanceux, comme on en voit souvent dans ces circonstances, mais ça m’était égal. J’étais tellement épuisé! C’est un moment que je n’oublierai jamais. »

En trois saisons dans l’OHL, Smith-Pelly a cumulé 40 points en 47 matchs éliminatoires. Au tournoi de la Coupe Memorial en 2011, il a fourni six points en cinq parties alors qu’il avait aidé son club à atteindre la finale. Puis l’an dernier, à sa première expérience du genre chez les professionnels, il a enfilé cinq buts en douze matchs.

Ainsi, lorsque le directeur général Marc Bergevin a transigé avec son confrère des Ducks d’Anaheim pour ajouter Smith-Pelly à son effectif, à la fin janvier, le verdict des observateurs fut presque unanime. Le joueur sacrifié dans l’échange, Jiri Sekac, était plus rapide et talentueux, c’était pratiquement indéniable. Mais le Canadien, disait-on, venait de se trouver un joueur fait sur mesure pour le style de jeu robuste généralement préconisé à partir du mois d’avril.

Le temps est donc venu de voir ce que le gaillard a dans le corps. Les yeux d’une ville entière seront tournés vers lui au cours des prochains jours. Les plus optimistes l’imaginent connaître le genre d’éveil qui avait secoué Rene Bourque à pareille date l’an dernier. Les plus cyniques diront que de toute façon, il n’a pas mis la barre très haute pendant la vingtaine de matchs qu’il a disputés jusqu’ici.

Peu importe votre clan, sachez que le calendrier de Smith-Pelly est à la même page que le vôtre.

« Je suis conscient des attentes et je n’ai pas vraiment de problème avec ça, affirme-t-il sur un ton calme. C’est vrai, depuis mes années au niveau junior, j’ai toujours senti que j’en donnais un peu plus en séries. Je ne sais pas vraiment comment l’expliquer, à part peut-être le fait que je déteste perdre. Mais peu importe l’étiquette qu’on m’a apposée, tout le monde veut gagner en séries. »

« J’ai vraiment hâte que ça commence. Je n’ai pas énormément d’expérience en séries à ce niveau, alors je ne veux pas trop m’emporter, mais je suis prêt à tout faire pour aider l’équipe à gagner. J’espère que ce sera le début d’un long parcours pour nous. »

Smith-Pelly s’apprête à vivre une expérience unique. À Anaheim, il se souvient d’avoir vu quelques petits fanions accrochés aux fenêtres des automobiles autour du Honda Center. L’ambiance à l’intérieur de l’amphithéâtre n’était pas piquée des vers non plus. « Pendant la saison régulière, ce n’est rien de trop fou, mais en séries, on pouvait sentir la différence quand on se promenait en ville », se souvient-il.

Mais Anaheim, ce n’est pas Montréal.

« Je ne sais pas vraiment à quoi m’attendre. Les gars m’ont souvent dit à quel point c’était bruyant à l’intérieur du Centre Bell. J’ai hâte d’entendre l’hymne national et d’effectuer mes premières présences. J’espère que les papillons s’envoleront rapidement. »

Une belle lancée

Smith-Pelly n’a convaincu personne à ses premiers coups de patin avec le Canadien. On le trouvait lent. On a remis en doute sa condition physique. Il a obtenu son premier point avec sa nouvelle équipe à son sixième match. Ensuite, ce fut la sécheresse totale pendant onze parties.

Mais la lumière est apparue au bout du tunnel au cours des dernières semaines. Parmi les expériences qu’il disait vouloir tenter dans le dernier droit de la saison, Michel Therrien a décidé de promouvoir « DSP » sur un trio à vocation offensive. Le jeune homme a finalement obtenu son premier but avec le Canadien lors d’un match en Floride qu’il avait amorcé au côté de David Desharnais et Max Pacioretty. La blessure subie par ce dernier lui a ensuite permis de profiter d’un temps d’utilisation plus généreux pour terminer la saison.

« Je le sens beaucoup plus engagé. Je le sens capable de se rendre au jeu, plus rapide qu’il ne l’était à son arrivée avec l’équipe », avait observé Therrien la semaine dernière après une victoire aux mains des Red Wings pendant laquelle Smith-Pelly avait joué pendant plus de 15 minutes.

« Je ne sais pas trop comment l’expliquer, répond le principal intéressé en corroborant les propos de son entraîneur. Je commence à me sentir plus à l’aise, comme si j’étais à la maison, et j’imagine que ça apporte des résultats depuis deux ou trois semaines. Ça a aussi été bénéfique d’avoir la chance de jouer avec David et P.A. Ce sont deux excellents joueurs et en jouant en leur compagnie, les chances de marquer sont plus nombreuses. »

Malgré des récentes performances encourageantes, ça ne devrait être qu’une question de temps avant que Smith-Pelly retrouve sa « chaise ». Une fois que le retour attendu de Pacioretty se concrétisera, on le reverra probablement au sein d’un trio d’énergie.

« Ça ne me dérange absolument pas, assure-t-il sans surprise. Je veux simplement aider l’équipe à gagner et faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que mes coéquipiers connaissent du succès. On espère tous que Max sera de retour pour le début des séries et si c’est le cas, je reprendrai la place qui me revient sans problème. »