Pour la troisième fois de ma carrière, je suis arrivé à Montréal lundi avec mes coéquipiers des Blues en vue d'un affrontement avec le Canadien, l'équipe que j'encourageais quand j'étais petit gars. L'expérience a encore une fois été marquante et je suis convaincu qu'elle le sera encore lorsque je la répéterai pour la vingtième fois.

Jouer à Montréal, c'est vraiment spécial.

Au total, il y avait peut-être une centaine de personnes qui étaient au Centre Bell pour me voir. Certains d'entre eux avaient acheté leurs billets depuis longtemps. Personnellement, j'en avais acheté 25 sur la cinquantaine qui est toujours mise à la disposition des joueurs des équipes visiteuses. J'ai bien essayé d'obtenir un laissez-passer pour que tout le monde puisse venir me rejoindre après la partie, mais je n'ai malheureusement pas pu satisfaire tout le monde.

De toute façon, après les matchs, on est toujours un peu à la hâte. Le temps de qualité avec mes proches, c'est surtout la veille du match que j'ai pu en profiter. L'avion de l'équipe est atterri à Montréal lundi après-midi et après un petit entraînement, j'ai rejoint mes parents, mon frère et mes grands-parents paternels pour un petit souper en famille.

On a pu se parler, relaxer, passer du bon temps ensemble. Ce n'était rien d'extravagant, mais c'est exactement ce que je voulais. Ça a fait du bien.

Ce soir-là, j'ai moins bien dormi que d'habitude. Je ne sais pas si c'est parce que c'était mon premier match à Montréal depuis mon retour au jeu, mais j'ai l'impression que cette fois-ci j'étais encore plus nerveux que les occasions précédentes. On dirait que le temps passait plus vite, que je n'étais pas capable de faire tout ce que je voulais faire. Je voulais que tout se passe bien.

Finalement, je suis content que ça se soit bien passé et qu'on soit reparti avec la victoire.

Je vous le dit, Montréal a un cachet particulier pour tous les joueurs qui viennent y jouer, pas seulement les Québécois. Il y a quelque chose là-bas qu'on ne retrouve nulle part ailleurs. Il y a plusieurs bons endroits pour jouer au hockey à travers la Ligue nationale, mais la passion qu'on ressent chez les amateurs montréalais est différente. C'est à un tout autre niveau.

Que le Canadien soit au premier rang ou qu'il en arrache un peu plus, comme en ce moment, les joueurs adverses sont toujours prêts à donner leur meilleur quand ils arrivent à Montréal parce qu'ils savent qu'il n'y a pas une plus belle vitrine pour épater la galerie qu'au Centre Bell.

Les Européens qui arrivent en Amérique du Nord ont tous entendu parler de la glorieuse histoire du Canadien. Les Américains, eux, semblent avoir appris très tôt à détester le Tricolore! Mais je vous le dis, pour tout le monde, c'est spécial de jouer à Montréal. Des gars comme Jamie Langenbrunner et Jason Arnott, qui ne sont quand même pas nés de la dernière pluie, m'ont répété que ça leur faisait un petit quelque chose de jouer là-bas.

Lors de l'entraînement matinal, quelques heures avant le début du match, je regardais autour de moi et c'était la même chose pour tout le monde. Les gars levaient souvent les yeux pour regarder les bannières et les numéros retirés. Je peux vous dire que ce n'est pas comme ça partout dans la Ligue!

Le retour de deux anciens

Évidemment, ce match revêtait un cachet particulier pour deux coéquipiers. Jaroslav Halak et Matt D'Agostini retournaient pour la première fois à l'endroit où leur carrière a débuté et au terme du match, tout le monde dans l'équipe était vraiment heureux pour eux.

C'est sûr que Jaroslav devait penser à celle-là depuis un bon bout de temps. On essayait de ne pas trop lui en parler, on le laissait faire ses affaires. Ça ne donnait rien d'aborder le sujet de toute façon. Jaroslav est une personne assez tranquille, qui ne brasse pas trop d'air, mais de la façon dont il a joué hier, il n'est pas près d'oublier sa soirée.

L'ovation qu'il a reçue à la fin du match en dit beaucoup sur le genre de partisans sur lesquels peut compter le Canadien. Ils ont démontré beaucoup de classe et je sais que l'accueil réservé à Jaroslav lui a fait chaud au cœur.

Le retour de D'Agostini est passé un peu plus inaperçu, mais lui aussi était content d'être de retour. Matt joue du gros hockey pour nous depuis son acquisition. Il a marqué une vingtaine de buts l'année dernière et en compte déjà une dizaine cette saison.

Matt est un patineur extrêmement rapide et possède également un excellent lancer, probablement le plus foudroyant de l'équipe. Dans les entraînements, il n'y a pas un gardien qui aime le voir dégainer. Il n'entre peut-être pas dans la catégorie des joueurs vedettes, mais à un contre un, je parie sur ses chances n'importe quand.

Je n'ai jamais eu l'occasion de parler avec lui de ce qui n'avait pas fonctionné à Montréal. Il y a plusieurs raisons qui peuvent expliquer pourquoi un jeune joueur ne se développe pas comme on l'espérait. C'est dommage pour lui qu'il ait eu à vivre la déception d'une transaction, mais St. Louis, on est très heureux de le compter parmi nous.

Santé : rien de négatif à signaler

Lors de ma chronique précédente, je vous disais que normalement, un joueur qui revient d'une commotion cérébrale a besoin de 15 à 20 matchs pour retrouver sa forme et sa confiance d'antan. Le match contre le Canadien était mon 17e de l'année et honnêtement, je me sens très bien.

Je suis content de la façon dont j'ai réagi depuis mon retour au jeu. J'ai reçu des coups, j'ai encaissé des mises en échec et au niveau de la santé, rien de négatif à signaler.

Mon match à Montréal n'a pas été mon meilleur, mais je dirais que les cinq parties précédentes avaient été mes meilleures depuis mon retour. Au niveau de ma production, je ne peux pas trop me plaindre avec 13 points, dont onze passes, en 17 matchs.

La seule petite chose qui me dérange, c'est que je sens que mon lancer n'est pas aussi précis que l'an passé. Dans la LNH, la ligne est très mince entre un but et un arrêt. Les gardiens sont tous excellents et on n'a pas beaucoup de temps pour trouver l'ouverture. Présentement, il me manque peut-être une fraction de seconde, un retard que j'attribue aux heures d'entraînement que j'ai perdues cet été et en début de saison en raison de mon état de santé.

Pour régler le problème, ce n'est pas sorcier. Je travaille d'arrache-pied pour remédier à la situation. Si je continue de tout donner dans les entraînements et que je transporte mes bonnes habitudes dans la saison morte, je suis confiant de retrouver ma touche d'antan. C'est une question de temps, j'en suis sûr.

Pas de congé pour les Blues

Partis de Montréal immédiatement après le match, on est revenus à St. Louis vers 2h00. Après une courte nuit de sommeil, tout le monde s'est présenté à l'aréna pour des rencontres et un entraînement en gymnase. Ça va bien nos affaires et il n'est pas question de relâcher!

Les gens du Québec ont peut-être été impressionnés par notre performance contre le Canadien, mais ce n'est pas d'hier qu'on livre des solides performances. On a gagné nos quatre derniers matchs et on a seulement perdu sept matchs depuis le début du mois de décembre. On travaille fort et on est content d'obtenir les résultats qu'on recherche.

L'un des ingrédients primordiaux à nos succès est selon moi notre profondeur. Mardi soir, par exemple, notre quatrième trio a probablement été notre meilleur. Et mes deux compagnons de trio, même si je n'étais pas à mon mieux, étaient partout sur la glace. Ça prouve que tout le monde dans notre groupe peut contribuer et c'est pourquoi, à mon avis, on connaît tant de succès.

Dès qu'il est arrivé, Ken Hitchcock nous a fait comprendre que dans sa mentalité, le travail vient avant les habiletés individuelles. Si on travaille fort pour prendre possession de la rondelle lorsque l'adversaire en a le contrôle, ton talent va prendre le dessus en temps opportun. On en a eu un exemple parfait sur notre troisième but contre le Canadien. David Backes a eu une bonne approche au porteur de la rondelle, qui était Alexei Emelin, a pris le bon angle pour lui soutirer la rondelle et ensuite, il a laissé parler son talent.

Pour Hitchcock, l'équipe passe toujours avant l'individu et c'est aussi vrai lorsqu'on se rassemble pour étudier du vidéo. Chaque fois qu'il nous montre une séquence, c'est fait en fonction d'orienter l'équipe dans la bonne direction et non pas pour viser quelqu'un en particulier. Il a compris qu'au niveau où on est rendu, les gars sont conscients des gaffes qu'ils commettent et n'ont pas besoin qu'on insiste sur leur cas devant tout le monde.

Notre entraîneur est autant capable d'utiliser la méthode forte que d'user de plus de diplomatie. Sa grande qualité, c'est qu'il sait sur quels boutons appuyer et à quel moment. À Edmonton, par exemple, la semaine dernière : on perdait 3-1 après deux périodes et il n'avait vraiment pas apprécié qu'on écope de pénalités inutiles pour se creuser un trou. Certains le voient comme un tyran, mais il est entré dans le vestiaire et n'a crié après personne. Il a parlé calmement, a utilisé les mots qu'il fallait et a été juste avec ses gars.

On est sortis pour la troisième en marquant deux buts en avantage numérique et on a éventuellement gagné le match 4-3. À mes yeux, cette histoire démontre deux choses à propos de notre équipe : la force de caractère de ceux qui la composent et la capacité de celui qui la dirige à changer le cours d'une partie.

Si vous avez appris à nous connaître mardi contre le Canadien, gardez nous à l'œil d'ici la fin de la saison. Je sens que de belles choses s'en viennent pour les Blues.

À la prochaine tout le monde!

*Propos recueillis par Nicolas Landry.