TOKYO - Il y a eu plusieurs jours lors des 18 derniers mois au cours desquels la boxeuse Mandy Bujold a dû essuyer quelques larmes avant de monter dans l'arène pour s'entraîner.

Les batailles menées à l'extérieur de celui-ci étaient accablantes.

Un mois après avoir gagné un appel en matière de droits humains auprès du Tribunal arbitral du sport pour participer aux Jeux de Tokyo, son parcours olympique tumultueux s'est terminé en neuf minutes, dimanche.

Bujold s'est inclinée par décision unanime aux points contre la Serbe Nina Radovanovic, à son premier combat du tournoi.

Sa plus importante victoire est toutefois survenue contre le Comité international olympique et entraînera des changements pour toutes les jeunes femmes qui la suivront.

« C'était un immense parcours, mais honnête, j'ai simplement continué à avancer, a dit Bujold. Plusieurs personnes disaient qu'une seule femme ne pouvait pas s'en prendre au CIO, mais je l'ai fait et j'ai créé ce changement. Je vais rendre la vie plus facile pour les femmes qui vont suivre. Plusieurs femmes vont à ces Jeux olympiques en tant que mères et elles sont aussi au sommet de leur art. Nous mettons la table pour les générations futures. »

Onze fois championne canadienne chez les poids plumes, Bujold n'avait pas participé à un combat international en 18 mois. Dans la zone mixte, quelques instants après sa défaite, l'Ontarienne de 34 ans a formé un coeur avec ses mains pour sa fille de deux ans Kate Olympia.

Bujold a brièvement été submergée par les émotions et a d interrompre une entrevue pour se ressaisir.

Arrivant à Tokyo après ce qu'elle a qualifié de combat le plus difficile de sa carrière, sa dernière apparition olympique ne s'est pas déroulée comme prévu.

« Je ne pense pas qu'il y ait une excuse pour ce que je ressentais physiquement, a déclaré Bujold. C'était simplement de tout mettre ça ensemble. C'est de la boxe. Parfois, vous avez de bons jours, d'autres fois, vous en avez des mauvais. Elle a eu une meilleure journée aujourd'hui. »

Les problèmes sont survenus quand la pandémie de COVID-19 a annulé la saison 2020. Après que sa qualification olympique à Buenos Aires eut été annulée en raison de cas grandissants de COVID-19 en Argentine, le groupe de travail de boxe du Comité international olympique a décidé d'utiliser les rangs mondiaux pour déterminer les boxeurs invités à Tokyo.

Le groupe a toutefois sélectionné trois événements internationaux où Bujold n'avait pas participé en raison de sa grossesse et de sa récupération post-partum.

Évidemment incapable de prédire l'arrivée d'une pandémie globale, Bujold avait planifié sa grossesse afin de revenir en forme pour les Jeux de Tokyo. Elle a donné naissance à sa fille le 5 novembre 2018.

Bujold et son avocate, Sylvie Rodrigue, ont perdu leur appel initial auprès du CIO en mai, laissant le tribunal comme sa dernière chance de boxer dans ce qui seront ses derniers Jeux olympiques.

Le tribunal a décidé le 30 juin que le groupe devait inclure une accommodation pour les femmes qui étaient enceintes ou en récupération post-partum pendant la période de qualification.

Bujold a malgré tout laissé sous-entendre qu'il y a eu d'autres embûches qu'elle pourra partager plus tard.

 

« Je crois qu'il y a une plus grande histoire à raconter. Même quand je croyais avoir gagné, je me demandais si j'avais vraiment gagné. Il y a une autre histoire qui va au-delà de ça, a-t-elle affirmé. Vous devrez attendre de lire le livre. »

Elle a gagné six de ses sept combats depuis son retour de grossesse. Dimanche, Bujold montait sur une arène internationale pour une première fois depuis février 2020.

Bujold, double championne aux Jeux panaméricains, a été éliminée en quarts de finale lors des Jeux de Rio après qu'un virus intestinal l'eut envoyée à l'hôpital la veille de son combat. Elle recevait des fluides intraveineux quelques heures avant les quarts et a déclaré qu'elle pouvait à peine grimper dans l'arène pour son affrontement.