Valois-Fortier stoppé en 8es

Antoine Valois-Fortier a connu l'euphorie aux Jeux olympiques de Londres en 2012. Quatre ans plus tard à Rio de Janeiro, il a vécu la douleur de l'échec. Et quand il se présentera sur le tatami des Jeux reportés de Tokyo, il réalisera un « petit miracle », qu'il monte ou pas sur le podium.

Car la vie du judoka de 31 ans n'a pas été un long fleuve tranquille ces dernières années. Plus d'une fois, l'adversité aurait pu avoir raison de sa grande détermination.

Depuis Rio, les blessures se sont en effet accumulées pour l'athlète originaire de Beauport. Des opérations à la hanche et au dos ont nécessité des mois de rééducation. Et tout aurait pu basculer quand il a pris la décision, en juillet 2018, de se faire opérer pour soigner deux hernies discales.

Tout a finalement bien tourné pour lui. Il a repris la compétition quelques mois plus tard et a même remporté la médaille de bronze aux Mondiaux en août 2019.

Si toute cette adversité a fait naître des doutes sur sa capacité à revenir parmi l'élite, elle n'a en rien altéré son amour du sport. Et petit à petit, il a appris à composer avec un corps qui lui impose désormais plus de limites.

« C'est vrai que ça m'a demandé une adaptation, convient le médaillé olympique de bronze à Londres. Je dois désormais accorder beaucoup plus de temps à m'assurer que je suis en santé. Je dois gérer l'entraînement en fonction de tous mes petits bobos. »

Et c'est avec cette réalité à l'esprit, combinée aux restrictions de voyage toujours en vigueur dans la foulée de la pandémie de COVID-19, que Valois-Fortier a décidé de faire l'impasse sur les championnats du monde, le mois dernier, quitte à glisser de quelques rangs au classement mondial - il occupe le neuvième rang mondial.

« J'ai regardé les risques versus ce que j'avais à gagner. Il y avait aussi le contexte, avec une quarantaine au retour. Mon objectif no 1 est d'arriver aux Olympiques en santé. C'était la bonne décision à prendre », a-t-il dit, sans hésitation.

Car il a beau ne pas figurer parmi les favoris à Tokyo, Valois-Fortier y vise néanmoins une médaille, ce qui serait pour lui "l'accomplissement ultime".

Le poids de l'incertitude

Valois-Fortier avoue qu'il avait tendance à se mettre trop de pression, à se stresser pour rien et à vouloir trop en faire par le passé.

Et si le report des Jeux de Tokyo, les désagréments causés par les mesures sanitaires, quarantaine obligatoire et restrictions de voyage qui ont cruellement affecté les athlètes olympiques canadiens dans leur préparation n'ont pas fait son affaire, il reconnaît qu'il a beaucoup appris sur lui au cours de la dernière année et demie.

« Il y a eu beaucoup de défis, surtout au niveau psychologique. Dans mon cas, ç'a été d'apprendre à composer avec l'incertitude. Surtout d'accepter que je ne contrôle pas tout et que ce qui est hors de mon contrôle, je ne doive pas y accorder trop d'attention », a-t-il évoqué.

« La situation a également testé ma persévérance et le besoin de garder mon sang-froid dans ces circonstances incertaines. Le plus important a été de contrôler où je mets mon 'focus' », a poursuivi le judoka québécois.

Valois-Fortier a notamment travaillé avec un préparateur mental - Jean-François Ménard, auteur de l'Olympien au bureau - qui lui a apporté une vision extérieure au judo qui l'a aidé à relativiser.

La force de l'expérience

Si Valois-Fortier est parfois encore hanté par son combat contre le Russe Khasan Khalmurzaev _ défaite en prolongation en quarts de finale des Jeux de Rio _ il espère que son expérience des grandes compétitions internationales l'aidera à compenser pour son peu de compétition depuis plus d'un an.

« Je suis un athlète plus expérimenté, c'est l'une de mes forces à ce stade-ci de ma carrière. Et c'est d'autant plus important avec la dernière année de préparation très inhabituelle que nous avons eue. Mon moral n'est pas mauvais. J'ai un bon judo, je suis confiant d'être bien entouré. C'est un peu tout ça qui va entrer en ligne de compte pour avoir du succès le jour J à Tokyo. »

Et peu importe le nombre de combats qu'il remporte, il pourra dire que sa seule présence à Tokyo aura été une victoire sur l'adversité.