RIO DE JANEIRO - Le basket reste un empire américain après l'écrasante victoire des États-Unis, emmenés par un formidable Kevin Durant, sur la Serbie (96-66), dimanche en finale des Jeux olympiques de Rio.

Avec cette troisième médaille d'or consécutive, la quinzième en dix-neuf éditions du tournoi olympique, l'époque des Jeux d'Athènes, où la domination des États-Unis avait été lézardée, paraît lointaine.

La finale est toutefois un peu trompeuse car la sélection de NBA n'a pas survolé la compétition. Contre la plupart des autres grandes écoles de basket, l'Espagne en demies (+6), la France (+3), l'Australie (+10) et déjà la Serbie (+3) en poules, elle n'a pas creusé d'écarts énormes. Mais jamais elle n'a paru en danger, même en l'absence des deux superstars Steph Curry et LeBron James, et de quelques autres.

Collectivement, le jeu proposé par les Américains n'a pas toujours été abouti. Normal pour un groupe qui n'avait qu'un mois de vie commune. Mais l'addition des talents individuels leur donnait une marge de sécurité.

L'équipe avait tout l'arsenal nécessaire. Des tireurs avec Kevin Durant bien sûr (30 points en finale), mais aussi Klay Thompson (12 pts) et Carmelo Anthony (7 pts), ce dernier étant désormais le seul basketteur de l'histoire triple médaillé d'or olympique. Des passeurs (Kyrie Irving), des rebondeurs (DeAndre Jordan, DeMarcus Cousins) et des défenseurs (Jimmy Butler). Il le fallait face à une concurrence de plus en plus relevée.

« Il y a plus d'excellentes équipes qu'en 2008 et 2012. Et leurs joueurs ont l'habitude de la NBA. Ça a rendu la compétition beaucoup plus serrée », a déclaré Mike Krzyzewski, dit « coach K », qui passe la main à l'entraîneur des Spurs de San Antonio Gregg Popovich.

« Coach K » s'en va

En finale, les Serbes n'ont pas tenu plus de dix minutes. Une fantastique accélération de Durant (18 points dans le seul deuxième quart-temps), un durcissement en défense, et l'omniprésence de Cousins au rebond (15 prises et 13 points) ont mis fin au suspense avant la pause, atteinte sur le score de 52 à 29...

Durant, star d'Oklahoma City qui jouera pour Golden State la saison prochaine, a été un grand leader à Rio. Toujours là dans les moments chauds, il a été le meilleur marqueur des États-Unis avec 19,3 points de moyenne, sans pour autant tirer la couverture à lui (Anthony a pris presque autant de tirs que lui).

En seconde période, les Américains ont pu dérouler dans une Carioca Arena un peu assoupie, puis faire entrer presque tout leur banc dans le dernier quart-temps et improviser une petite danse de la victoire à côté de leur entraîneur.

« Coach K » quitte son poste à 69 ans avec la satisfaction d'avoir rétabli la suprématie américaine. Il avait pris ses fonctions après l'échec de 2004, à Athènes, le seul des États-Unis aux Jeux olympiques (médaille de bronze) depuis qu'ils y alignent les joueurs de NBA.

Ce fiasco avait pris les dimensions d'une humiliation car pour les Américains, la domination dans ce sport qu'ils ont inventé va de soi. Le basket fait partie de la culture américaine comme le foot de la vie brésilienne.

Selon une étude de la Sports and Business Industry Association, plus de 26 millions d'Américains jouent au basket, dont plus de 4 millions en compétition. Des chiffres à comparer aux 600 000 licenciés français.

Le vrai défi pour les Américains, aussi bien chez les femmes que chez les hommes, serait de rencontrer une sélection de toute l'Europe, comme en golf dans la Ryder Cup, voire du reste du monde.

L'Espagne met la main sur le bronze

Pau Gasol a maintenu l'Espagne sur le podium des Jeux olympiques en réussissant un match époustouflant face à l'Australie, battue 89 à 88 dans un final à suspense.

Le pivot de 2,13 m, âgé de 36 ans, a inscrit 31 points en ne ratant presque rien (12 tirs sur 15 réussis). Il a aussi pris 11 rebonds pour donner à son pays sa quatrième médaille olympique après l'argent en 1984, 2008 et 2012.

À cinq secondes de la fin de ce thriller, le meneur Sergio Rodriguez n'a pas tremblé pour marquer les deux derniers points sur lancers francs. Les Australiens ont encore eu une balle pour arracher la première médaille de leur histoire, mais ils ont cafouillé la dernière action et n'ont même pas pu tenter un tir.

La deuxième mi-temps avaient tenu en haleine les spectateurs de la Carioca Arena. Les Espagnols, un moment en tête de douze points en première période, se sont fait rejoindre au retour des vestiaires. Dans les 18 dernières minutes, l'écart, le plus souvent en faveur des Espagnols, n'a jamais dépassé cinq points.

Côté espagnol, Gasol a été bien épaulé par Nikola Mirotic (14 points, 7 rebonds), Sergio Rodriguez (11 points) et Rudy Fernandez (10 points), même si ces joueurs ont raté beaucoup plus de tirs que lui.

L'Australie a aussi été portée par sa star, Patty Mills (30 points), mais le meneur de San Antonio a craqué sur la fin en manquant deux tirs cruciaux dans les 70 dernières secondes.

Avec ce podium, les Espagnols confirment leur statut de grande nation du basket, même avec une génération parfois considérée comme vieillissante. Gasol a 36 ans et n'a pas indiqué s'il continuait en sélection. D'autres joueurs comme Juan Carlos Navarro, Sergio Rodriguez et Rudy Fernandez ont dépassé la trentaine.

Comme souvent, l'Espagne avait mal commencé le tournoi par deux défaites contre la Croatie et le Brésil qui l'avaient envoyée dans le tableau des Américains dès les demi-finales et lui coûtent finalement l'argent.