Avant même que les cérémonies d’ouvertures n’aient lancé officiellement les Jeux olympiques de PyeongChang, les athlètes de patinage artistique on fait leurs premières traces sur la glace, dans la compétition par équipe. Les programmes courts chez les hommes et en couple étaient présentés et les dix pays inscrits à cette épreuve ont pu amasser leurs premiers points.

Chaque pays présente un athlète ou un couple dans chaque catégorie. Le premier au classement récolte dix points, le deuxième en a neuf, et ainsi de suite. Les cinq premiers au classement pourront poursuivre avec le programme libre, où encore une fois il y a dix points pour la première position et on descend jusqu’à six pour la cinquième. Le podium sera déterminé au total des points des athlètes d’un même pays. À noter que deux substitutions sont permises après le programme court, que ce soit par stratégie ou à cause d’une blessure.

Ce sont les hommes qui ont... brisé la glace, si on peut dire. Mais c’est plutôt la glace qui les a brisés. Les quadruples sauts, essentiels aujourd’hui dans la compétition masculine, ont donné du fil à retordre à plus d’un d’entre eux. Les chutes ont été nombreuses et personne n’a survolé la compétition. Sans surprise, le Japonais Shoma Uno a pris la tête du classement, malgré un premier saut à la réception difficile. Le Canadien Patrick Chan a connu lui aussi sa part d’ennuis en chutant sur deux sauts, notamment sur le triple axel. Patrick peut faire mieux, mais il sera tout de même allé chercher huit précieux points avec la troisième place.

En couple, Megan Duhamel et Eric Radford étaient très attendus et ils ont certes répondu à l’appel. Dès les premiers instants de leur chorégraphie, la magie opérait et on a senti qu’ils étaient exactement là où ils voulaient être, qu’ils étaient en pleine possession de leurs moyens.  Ils ont patiné avec aisance sans commettre d’erreur. Ils sont allés chercher les neuf points que leur a valu leur deuxième place, coiffés de justesse par les athlètes russes patinant sous la bannière olympique, Tarasova et Morozov.

Une belle façon d’amorcer ces Jeux et regarder le podium avec encore plus de fermeté eux qui se sont rassurés avec un septième titre canadien consécutif après une finale des Grands Prix difficile où ils ont terminé au troisième rang. Leur participation à un spectacle en Chine aura été déterminant pour la suite des choses. Après avoir vu Ekatarina Gordeeva patiner sur Morning Glory, ils ont décidé de revenir à leur chorégraphie montée sur cette musique, qui leur avait permis de décrocher l’or au championnat du monde 2016. Revenir dans une zone de confort pour les Jeux olympiques était une bonne solution, et ils l’on prouvé au championnat canadien.

À Sotchi, le Canada a remporté la médaille d’argent à la première présentation de la compétition par équipe. La profondeur de l’équipe à PyeongChang peut permettre de rêver à plus, et le Canada occupe présentement le premier rang.

Dans la compétition en couple, outre Duhamel et Radford, Julianne Séguin et Charlie Bilodeau, deuxièmes au championnat canadien, et Kristen Moore-Towers et Michael Marinaro, deux couples qui ont déjà terminé huitièmes au championnat du monde, peuvent certainement se battre pour un top dix. Pour Juliane et Charlie, ce sont des premiers Jeux olympiques, alors que Moore-Towers était à Sotchi, mais en partenariat avec Dylan Moscovitch.

Les femmes et les couples en danse aborderont la compétition en équipe un peu plus tard (on s’y perd avec les aujourd’hui, demain, ce soir avec cet important décalage horaire...) mais là aussi, les chances de médailles dans leur épreuve respective seront sérieuses.

Chez les femmes, avec Kaeltlyn Osmond, Gabrielle Daleman, le Canada est fort bien représenté. Toutes deux du podium des derniers championnats du monde, elles ont de belles chances de bien figurer. Même si c’est Daleman qui a remporté le titre du championnat canadien, Osmond est considérée parmi les meilleures au monde, ce qu’elle cherchera à prouver à PyeongChang. Larkyn Austman a la troisième place canadienne, elle qui ramassait les fleurs sur la glace lors des Jeux olympiques de Vancouver. Le fait d’y côtoyer notamment Joannie Rochette l’a certainement inspirée et moussé ses propres rêves. C’est sa médaille de bronze aux championnats canadiens qui lui a ouvert les portes de PyeongChang. Un top 15 pour Austman serait une belle réussite.

En danse, tous les yeux seront tournés vers Tessa Virtue et Scott Moir, absolument phénoménaux depuis leur retour à la compétition après une absence de deux ans. Ils ont tout remporté dans leur sillage, un seul titre leur ayant échappé dans les deux dernières saisons, celui de la dernière finale des Grands prix remportée par leurs grands adversaires, les Français Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron. Ce sera un duel entre la sensualité envoûtante de l’interprétation du Tango de Roxane et autre pièce tirée de « Moulin Rouge », et l’élégance classique de la Sonate « Au clair de lune » de Beethoven. Piper Gilles et Paul Poirier avaient raté de justesse leur qualification pour Sotchi mais ils se sont admirablement repris cette année. Grande qualité de glisse, présence indéniable sur la glace, ils peuvent certainement se placer dans le top-10 tout comme Kaitlyn Weaver et Andrew Poje qui sont déjà montés deux fois sur le podium mondial, remportant l’argent et le bronze. Quatrièmes l’an dernier, ils avaient terminé septièmes à Sotchi.

La seule catégorie où le Canada n’envoie pas une équipe complète, c’est chez les hommes, avec deux places plutôt que trois. Patrick Chan, triple champion du monde, double médaillé d’argent à Sotchi (équipe et en simple), est la meilleure chance de podium du Canada chez les hommes. Cependant, la compétition est féroce avec les Yuzuru Hanyu, Nathan Chen, Javier Fernandez et Shoma Uno. Réussir les quads sera primordial et malgré toute son élégance sur la glace et son style envoûtant, Chan devra réussir tous ses atterrissages s’il veut prétendre au podium. Il y a moins de marge de manoeuvre en simple que par équipe. Le sympathique Keegan Messing, qui en sera, à l’instar de Larkyn Austman, à sa première grande compétition internationale, devra répéter sa performance des championnats canadiens pour espérer lui aussi un top-15.

La délégation canadienne en patinage artistique n’a pas fini de faire parler d’elle et plusieurs s’entendent pour dire que c’est l’une des plus fortes, sinon la plus forte, qui ait représenté le pays à des Jeux. Ce sera fascinant à suivre.