Le Canada continue de bien faire à la compétition de patinage artistique par équipe, nouveauté aux Jeux olympiques. Il a amorcé la journée au deuxième rang cumulatif, et la termine à la même place, avec encore trois épreuves à venir.

Il y a d’abord eu le programme court en danse, où allait s’amorcer le bras de fer entre les Canadiens Virtue et Moir et les Américains Davis et White, invaincus depuis les championnats du monde 2012… remportés par Virtue et Moir. Ce chassé-croisé s’entamait donc à la compétition par équipe, au programme court. Nul besoin de forcément gagner la première place dans cette formule. C’est une compétition par équipe et c’est sur le total des quatre disciplines que les médailles vont se gagner. Mais… les dix points à prendre sont bien tentants et mieux vaut mettre toutes les chances de son côté!

Virtue et Moir se sont élancés sur la glace derrière les champions russes Bobrova et Soloviev, qui avaient une double tâche : amasser le plus de points possibles pour l’équipe, et bien se positionner au cœur de leur propre équipe. Avec 70,27, ils prenaient la première place provisoire. La magie Virtue et Moir s’est mise à opérer dès les premières mesures. Leur programme  court a été parfaitement adapté pour eux. Élégance, difficulté, fluidité, particulièrement efficaces dans la séquence de « quick step », ils n’ont eu qu’un petit accroc dans la seconde série de twizzles de Tessa. Mais à ce niveau, un petit accroc, c’est ce qui fait la différence. Meryl Davis et Charlie White ont été parfaits et sont allés chercher les points précieux pour les États-Unis, qui tiraient de l’arrière avec seulement dix points après deux épreuves.

C’est là où la pression peut apparaître dans la compétition par équipe, quand le résultat doit absolument venir pour compenser une contre-performance d’un coéquipier. Mission accomplie donc pour Davis et White.

Chez les femmes, ce genre de pression a dû être ressenti par Mao Asada. Outre la fabuleuse première position de Yuzuru Hanyu, le Japon n’avait pu faire mieux que deux septièmes places en couple et en danse. Donc Mao devait à elle seule amener le Japon en finale (les cinq premières équipes au classement y accèdent). Elle a chuté sur le triple axel qui ouvrait son programme et a donc subi une déduction. Cependant, elle est la seule femme à tenter le triple axel. C’est donc un risque qu’elle prend. Si ça fonctionne, elle engrange des points, sinon, elle risque la déduction. Mais je dois dire qu’elle s’est admirablement reprise par la suite et est allé chercher les 8 points que vaut une troisième position, suffisants pour amener le Japon en finale.

La Canadienne Kaetlyn Osmond a terminé cinquième, amassant six points pour l’équipe. Kaetlyn était la première à passer sur la glace, ajoutant donc un peu de stress à l’exercice. Mais elle illustre parfaitement une déclaration de Kurt Browning : « la compétition doit être une récompense, non une punition. » Quand Kaetlyn est sur la glace, on a la ferme impression qu’elle s’amuse. Elle respire la confiance, patine avec désinvolture et avec une aisance remarquable. D’autant plus remarquable que Kaetlyn n’a fait aucune compétition internationale cette saison, se remettant d’une fracture de stress qui a beaucoup nui à son entraînement. Tout ça, c’était oublié et elle a réussi tous ses sauts toujours caractérisés par la solidité de leur atterrissage.

Mais la star chez les femmes, c’est la jeune prodige russe Yulia Lipinitskaya, âgée de 15 ans. Elle a pris sans surprise la première place, au terme d’un programme court touchant et superbement exécuté. Avec le triple lutz-triple boucle, elle présente la combinaison la plus difficile chez les femmes…et la réussit avec une aisance remarquable.

La Russie, le Canada, les États-Unis, le Japon et l’Italie passaient donc en finale, aussitôt amorcée par le programme libre en couple. Ce ne sont pas les mêmes patineurs qui font le libre. La charge de travail deviendrait un peu lourde avant la compétition individuelle ou en couple qui viendra plus tard cette semaine. Ainsi, pour le Canada, ce sont Kirsten Moore-Towers et Dylan Moscovitch qui en défendaient les couleurs, eux qui étaient restés à un pas du podium du championnat du monde 2013. Ils ont encore fait la preuve que le Canada s’appuie sur des représentants solides. Seule petite erreur, un cafouillage de Kirsten sur le triple salchow. Mais des points qui les placent loin devant les Italiens et à six points des Russes Stolbova et Kilov en tête.

Ceux-ci ont patiné sur la musique de la Famille Adams, un thème qui leur donnait beaucoup de latitude et qu’ils ont utilisé avec brio, multipliant les mouvements créatifs et originaux. Une première place méritée, il convient ici de le souligner. Parce que des allusions de complot entre les juges ont  ressurgi là-bas. On se souvient tous de Salt Lake City où la juge française avait comploté pour donner une note inférieure à Salé-Pelletier, incident qui avait été mis au jour et qui avait été à l’origine de la refonte du mode de notation en patinage artistique. Eh bien selon le journal « L’Équipe », les juges russes et américains se seraient entendus pour servir leurs pays respectifs afin d’écarter le Canada de la première place en danse et de favoriser les Américains. Allégations aussitôt réfutées bien sûr par tous les intéressés. Difficile de dire qui a tort et qui a raison.

Par contre, il semblerait que les contrôles antidopage se soient multipliés pour l’équipe canadienne. Ainsi, Kaetlyn Osmond s’est fait réveiller au beau milieu de sa sieste de l’après-midi, avant sa compétition pour aller passer un tel test. C’est plutôt inhabituel comme procédure puisque ce genre de test se fait rarement le jour d’une compétition, avant celle-ci. Mais doit-on là également parler de complot? Adoptons plutôt l’attitude des athlètes et du capitaine de l’équipe Scott Moir qui déclare « Ce genre de chose est hors de notre contrôle. Nous devons nous concentrer sur notre travail sur la glace et ce que nous avons à y faire. »

La conclusion de cette compétition par équipe sera demain. On sait déjà que ce sera Kevin Reynolds –Mister Quad- qui patinera le libre pour le Canada. Un podium? Oui, certainement. Mais sur quelle marche?