La jeune Gabrielle Daleman, seize ans, est entrée dans le monde de la compétition internationale par la grande porte, celle des Jeux de Sotchi.

Elle a admirablement supporté la pression, montrant une belle détermination en réussissant le triple boucle malgré le fait qu’elle avait perdu de la vitesse en posant la main sur la glace après le triple lutz.

Puis la nervosité s’en est allée graduellement, laissant place à la grâce et l’assurance. Malgré 3,20 points de déduction, elle a pris la première place avec sa meilleure performance de la saison, place qu’elle a conservée jusqu’à ce que Kexin Zhang la déloge et prenne la première place qualificative.

Mais ce n’était que retarder l’échéance pour Gabrielle, officiellement qualifiée pour le libre après le passage de l’Austrlienne Brooklee Han.

La championne canadienne en titre, Kaetlyn Osmond, est arrivée avec une médaille déjà en poche, ayant contribué à la réussite du Canada à la compétition par équipe.

Ce qui caractérise Kaetlyn, c’est sa grande aisance, sa glisse naturelle, son sourire qui semble remplir toute la patinoire et qui est très porteur pour un public qui ne demande qu’à être conquis. Elle a le style, elle a l’allure et elle a ce qu’il faut pour aller loin…

Mais aujourd’hui, les sauts d’habitude si solides n’étaient pas là. Elle a doublé son triple boucle dans la combinaison, réussi son triple flip avec audace, mais le double axel, malgré une entrée réussie, s’est moins bien terminé et lui a valu une déduction de 1,29.

Le résultat final est très en deçà de sa meilleure marque au programme court qui était de 70,30. Le 56,18 est décevant, mais lui permet tout de même de se qualifier pour le programme libre.

Une réussite si on tient compte de la saison difficile qu’elle a connue, les blessures l’empêchant de prendre part aux compétitions internationales et ne lui permettant pas d’amasser les points suffisants pour lui donner un meilleur ordre de passage au programme court.

La performance de Yuna Kim, championne olympique en titre, était très attendue. Son ordre de passage inusité, 17e sur 30, était lui aussi dû à un manque de compétitions internationales où elle aurait pu accumuler des points - elle n’en a fait que quatre depuis 2010 - mais ça n’a pas paru sur la glace.

Concentrée, perfectionniste, elle a réussi le plus haut pointage de la saison en programme court, à 74,92. Yuna, qui était entraînée par Brian Orser à Vancouver, a gardé la forme en participant à de nombreux spectacles, où on subit un type de pression bien différente. Elle a admirablement bien renoué avec la pression olympique.

La suite du programme amenait les gros noms attendus… mais aucune de patineuses n’a réussi à déloger Yuna Kim en tête du classement. C’est la Russe Adelina Sotkinova qui s’en est approchée le plus en faisant lever le toit de l’amphithéâtre. Carolina Kostner y est allée d’une interprétation très classique de l’Ave Maria qui mettait en exergue sa maturité, comparé à l’ingénuité de la jeune Yulia Lipnitskaya, partie prenante de la médaille d’or en équipe de la Russie, qui a chuté sur son triple flip, elle qui ne tombe pas souvent.

Ce sera plus difficile pour elle de se frayer un chemin vers le podium. Les trois premières sont toutes à l’intérieur du même point, six points devant Gracie Gold, elle-même trois points devant Lipnitskaya. Mais à quinze ans, elle a le temps d’en vivre d’autres Jeux olympiques. Le programme libre sera donc très relevé. Espérons que les performances seront aussi au rendez-vous et qu’on ne revivra pas la finale décevante des hommes.