KRASNAÏA POLIANA, Russie - Si ce n'avait été que de lui, on aurait tenu la finale olympique de slopestyle tout de suite après les qualifications, jeudi. Maxence Parrot est tellement 'hot' par les temps qui courent qu'il enchaînerait les compétitions à tous les jours.

Le jeune planchiste de Bromont va tenter en début d'après-midi samedi — en pleine nuit au Québec — d'être le premier médaillé d'or des Jeux de Sotchi et le tout premier de l'histoire des Jeux d'hiver en slopestyle. Pour lui, ce ne serait pas rien.

«J'accorde une importance à ça, ne cache-t-il pas avec toute la candeur de ses 19 ans. Je serais super content d'être l'ambassadeur de ma discipline sportive à travers le monde.»

On n'aurait pas cru cela, il y a à peine un mois, mais Parrot va se présenter au sommet de la pente du Parc extrême de Rosa Khutor une tête au-dessus de ses concurrents, après avoir dominé l'étape des qualifications.

Il «roule à la planche», c'est le moins qu'on puisse dire, et rien ne semble vouloir l'arrêter, pas même la dangerosité du parcours olympique ni la polémique (re: Shaun White). En Russie, il affiche le même flegme, la même assurance, qu'il avait à Stoneham quand il a signé son premier succès en Coupe du monde, le 19 janvier. Sa conquête de deux médailles d'or aux X-Games, au Colorado, la semaine suivante, n'a fait qu'augmenter sa confiance. Le jeune homme est imperturbable en entrevue, ça frôle l'insouciance. Sa bulle olympique n'est pas plus grande qu'à l'accoutumée.

«Je commence à réaliser que je suis aux Jeux olympiques, disait-il après avoir obtenu son meilleur score à vie (97,50). Même en arrivant ici, je ne le réalisais pas encore. Mais là, en voyant la foule, l'atmosphère, je suis dedans.

«Les Jeux olympique, c'est la plus grosse compétition jusqu'à maintenant pour nous en slopestyle, a-t-il poursuivi. J'aimerais gagner. Je serais fier de ramener la médaille d'or au Canada.»

En finale, Parrot devra principalement en découdre avec son coéquipier Sébastien Toutant, quelques Norvégiens et Finlandais ainsi qu'un Suédois.

Son autre coéquipier Mark McMorris, qui faisait figure de favori avant les JO, devra survivre à l'étape de la demi-finale, samedi matin. McMorris, de Regina, qui soigne une blessure aux côtes, était fort abattu à l'issue des qualifications. Saura-t-il se relever? La possibilité d'un triplé canadien paraît, en tout cas, plus que jamais improbable. Charles Reid, de Mont-Tremblant, va aussi tenter de dégoter une des quatre places restantes en vue de la finale, tôt samedi.

«Je crois que le triplé est toujours possible, avance Parrot. Ça va dépendre comment Mark va se sentir physiquement.»

Contrairement à Parrot, Toutant n'est pas au sommet de son art actuellement. Mais le Montréalais, âgé de 21 ans, surnommé «Seb Toots», peut sortir un lapin de son chapeau à tout moment.

Gros calibre

On s'attend à une finale haute en couleurs. Tout le monde va mettre toute la gomme, et le directeur de Canada Snowboard, Robert Joncas, prédit que les aspirants au trône devront tenter deux triples sauts périlleux désaxés (tire-bouchon). En qualifs, Parrot n'en a tenté qu'un seul qu'il a réussi à la perfection.

«Ça risque d'être autre chose en finale, admet Parrot. Deux triples 'tire-bouchon' de suite, j'ai fait ça à Aspen (X-Games), mais je verrai ici à l'entraînement vendredi si ça peut se faire. Le parcours est difficile, mais c'est peut-être réalisable. On verra bien.»

Le Norvégien Staale Sandbech, deuxième derrière Parrot au classement de la Coupe du monde et médaillé de bronze aux X-Games, représente son principal adversaire. Sandbech, 20 ans, a été le meilleur de sa vague de qualifs, avec 94,50 points. Gjermund Braaten est un autre Norvégien qui sera à surveiller. Les Finlandais Roope Tonteri et Peetu Piiroinen ainsi que le Suédois Sven Thorgren sont d'autres grands aspirants.