LA ROCHELLE (AFP) - Colette Besson, décédée mardi à 59 ans, laissera à la légende du sport français un souvenir en "or", celui du 400 m aux Jeux de Mexico (1968), au bout d'une ligne droite éblouissante, longs cheveux bruns au vent, qui allait faire d'elle "la petite fiancée de la France."

Cette championne discrète et simple, sportive exemplaire, qui l'an dernier encore disait continuer de "courir pour le plaisir", força aussi l'admiration pour son combat contre le dopage, qu'elle abhorrait -elle présida le Laboratoire national antidopage- puis récemment contre le cancer.

Colette Besson, née le 7 avril 1946 à Saint-Georges-de-Didonne (Charente-Maritime, ouest), était quasi-inconnue du grand public à la veille des JO de Mexico, sa première grande compétition internationale. Bien moins connue en tout cas que sa compatriote Monique Noirot, qui figurait dès 1967 dans les dix meilleures du monde sur 400 m.

Puis, il y eut cette ligne droite du 16 octobre. Attaquée en 5e position, loin, si loin derrière la favorite, la Britannique Lilian Board, en tête au virage et inaccessible à 50 m de l'arrivée. Sauf pour la fougueuse Besson qui s'arrache, remonte et rattrape Board à deux m, pour plonger sur le fil.

"Grâce à Mai 68"

"Cette dernière ligne droite triomphale (...) avait l'exubérance d'une révolution mexicaine", écrira l'écrivain et chroniqueur sportif Antoine Blondin, grand admirateur de Besson, et qui grava l'expression "la petite fiancée de la France."

L'émotion de la jolie brune, vécue en direct par des milliers de Français -les JO sont retransmis en mondovision, les téléviseurs se multiplient- ses larmes de joie à l'annonce du chrono (52 sec, record d'Europe) la rapprochèrent encore du public, instants immortalisés par des clichés de Raymond Depardon.

Colette Besson expliqua son succès par "beaucoup de travail, d'abnégation, de confiance en moi." Ainsi qu'une "excellente préparation" due... à Mai 1968. Les établissements scolaires étant en grève, la prof de gym partit à Font-Romeu (Pyrénées françaises) trois mois avant l'équipe de France, bénéficiant de plus de quatre mois de préparation en altitude.

"C'est ce qui explique ma dernière ligne droite. Les autres ont craqué, elles manquaient d'air", dit-elle.

Après Mexico, Colette Besson conquit bien un record du monde (51 sec 7) mais eu la rare infortune de céder le titre européen 1969 à sa compatriote Nicole Duclos dans le même chrono, mais couronnée à la photo-finish. Aux JO de Munich en 1972, Besson fut éliminée en séries.

La longue attente pour une digne successeur à Besson -24 ans et l'or de Marie-José Pérec sur 400 m aux JO de Barcelone- finit par ajouter à la légende.
Colette, elle, rejoint l'enseignement et continua de se battre "pour un sport propre, de façon quotidienne, avec mes élèves."

"J'ai besoin de courir de temps en temps comme de manger, de respirer, de dormir, confiait-elle à la veille des JO d'Athènes. Quand je cours, je retrouve des sensations, le rappel de toutes les émotions du passé. J'ai toujours couru pour le plaisir et ça ne change pas."