Je vais participer officiellement à ma dernière compétition de coupe du monde en sol québécois au cours de la fin de semaine au Mont-Gabriel. Cette fois c'est vrai puisque je vais tirer ma révérence pour de bon à la fin de la présente saison.

Ça fait au moins trois ans que tout le monde pense que c'est la fin pour moi, mais je peux vous le confirmer que c'est la fin cette année. Je ne reviendrai pas sur ma décision. Je sais que j'ai fais le tour et je sais qu'une après-carrière emballante m'attend. Même si je gagnais toutes les courses d'ici la fin de la saison, je vais prendre ma retraite de toute façon.

J'étais plus émotif l'an dernier lors de mon passage au Mont-Gabriel alors que je jonglais avec la possibilité de prendre ma retraite. Cette année, on dirait que mon deuil est fait, car l'an dernier je pensais vraiment que c'était fini. Ce n'est finalement qu'à la dernière épreuve de la saison que j'ai décidé de poursuivre pour au moins une autre saison. Je me sens nettement plus détaché et serein avec l'idée de quitter les pentes.

Ça fait des années que je prépare ma sortie. C'est un luxe que j'ai pu me payer et que peu d'athlètes ont eu. Tout en étant compétitif sur les pentes, je préparais ma sortie. C'est comme pour l'ensemble de ma vie où tout est planifié. Je ne mets jamais tous mes oeufs dans le même panier. Je suis d'autant plus heureux que je sais que je ne me retrouverai pas devant un grand vide au moment de la retraite. J'ai des projets en parachutisme avec l'école Voltige pour laquelle j'ai effectué 480 sauts l'été dernier alors que j'ai vibré plus que sur les pentes.

J'ai beau être émotivement détaché par rapport à la situation, je suis déçu de mon début de saison. J'ai notamment été disqualifié une fois et, pour la première fois de ma carrière, j'ai raté une course parce que j'ai été malade.

Comme d'habitude, plusieurs membres de ma famille, des amis proches et des membres de la compagnie Cascades, qui m'appuient depuis toujours, seront au Mont-Gabriel pour m'encourager. Ça va être plaisant parce que l'équipe est encore une fois fantastique cette année. Puis, la piste du Mont-Gabriel n'est pas très compliquée sur le plan technique. J'ai encore amélioré mes sauts et ça me permet d'anticiper de bons résultats.

Durant ma carrière de 15 saisons, j'ai toujours pris le soin d'écouter mon corps et de ne pas me surentraîner durant la saison morte. Ça m'a permis de durer tout ce temps. D'ailleurs, c'est le dixième anniversaire de ma fracture au cou subie en 2002 et le neuvième anniversaire de ma victoire à Tremblant après ma grave blessure. Pour moi, cette victoire représente le summum d'un retour au jeu. Avec ma conquête du titre mondial en 2007, ma victoire à Tremblant est l'une des réussites dont je suis le plus fier. Je suis fier aussi de dire que j'ai réalisé la plus belle performance de ma vie lors des Jeux olympiques de Vancouver en 2010 et d'avoir le sentiment que même si je recommençais la course, je ne pourrais pas faire mieux.

Au moment de cette chronique, j'ignore encore si Alexandre Bilodeau participera à l'événement, mais je pense qu'il y sera. C'est une piste qu'il connaît bien et les conditions seront probablement meilleures parce qu'on n'a pas encore connu cette période de redoux avec beaucoup de pluie et une séquence de gros gel comme on connaît généralement à cette période de l'année au Québec.

Un début de saison difficile

Je ne suis pas satisfait de mes résultats jusqu'ici même si je sais que je skie très bien cette saison. Je trouve ça poche d'avoir terminé 23e à Ruka en Finlande après avoir brisé un bâton et d'être tombé malade à Méribel, en France, mais ce n'est pas grave. Ces contre-performances ne me mettront pas à terre. Je demeure zen par rapport aux résultats. Je présume que c'est le signe de la sagesse!

À mon âge, on se laisse moins influencer par ces événements. Que voulez-vous que j'y fasse si je suis suffisamment malade pour être alité ou si je casse un bâton en course? Ce bris ne m'a d'ailleurs pas empêché de terminer mon saut, c'est juste que j'ai raté mon atterrissage.

Une équipe pleine d'espoir

Sur le plan collectif, l'équipe nationale est toujours aussi forte et c'est prometteur pour le Mont-Gabriel où la piste est comme celle de Méribel quant à la longueur et la pente.

Mikael Kingsbury, qui a gagné à Ruka en bosses et à Méribel en duo, sera à nouveau à surveiller, mais ce ne sera pas facile, car plus la pente est facile et plus il est difficile de se démarquer pour le skieur. Il a réussi à gagner deux fois et je ne vois pas comment il ne pourrait pas gagner une fois de plus en fin de semaine.

Chez les femmes, l'Américaine Hannah Kearney est en avance sur toutes les autres concurrentes. Chez les Québécoises, les soeurs Chloé, Maxime et Justine Dufour-Lapointe seront aussi à surveiller. On a l'avantage de bien connaître cette piste. Audrey Robichaud également sera à surveiller de très près. Notre potentiel est gros, mais il faut être honnête et dire qu'Hannah est un peu en avance sur toutes les concurrentes.

À bientôt!

*Propos recueillis par Robert Latendresse