Pourquoi m'arrêter tout de suite?
Ski mardi, 8 nov. 2011. 17:01 samedi, 14 déc. 2024. 16:49
Je vais poursuivre ma carrière sur le circuit de la coupe du monde de ski acrobatique pour au moins une autre saison. C'est lors de la toute dernière course l'an dernier que le déclic s'est fait et que j'ai décidé que j'allais prolonger ma carrière.
Quand je me suis rendu compte que même dans la trentaine j'ai 32 ans que je pouvais concurrencer avec Guilbaut Colas au niveau de la vitesse et de la technique notamment, je me suis dit pourquoi laisser tomber tout de suite. Qu'est-ce que ça me donnerait d'arrêter alors que je suis en santé et encore en mesure de lutter pour le podium.
Je sens aussi que j'apporte encore à l'équipe et que je sens que je ne vole pas la place à un skieur plus jeune. L'an passé, j'ai partagé plusieurs de mes trucs à mes coéquipiers et je sais que mes enseignements les ont aidés. Lors d'une coupe du monde, les Canadiens ont réussi une fois à prendre les positions deux à six. C'est tout dire notre force.
Dans mon esprit l'an passé, j'avais l'impression que c'était ma dernière année. Je n'ai raté que deux finales et j'ai quand même terminé au septième rang du classement tout en n'ayant pas participé à deux courses par choix. Si je reste, ce n'est pas par un manque de relève non plus, parce que l'équipe nationale sera très forte et dominante même sans moi. On m'a savoir aussi que j'étais un atout pour l'équipe.
Ça fait 15 ans que je suis là et j'adore encore. Je sens que je peux encore m'améliorer et que je peux toujours rivaliser avec les meilleurs. En plus, j'ai le bonheur de pouvoir toujours compter sur l'appui financier de Cascades. Cette entreprise québécoise m'accompagne et m'encourage depuis plus de 12 ans.
J'ai repris l'entraînement récemment après avoir laissé le ski de côté durant toute la saison estivale. J'ai plutôt travaillé tout l'été comme caméraman pour l'école de parachutisme Voltige à Joliette dans Lanaudière. J'ai adoré l'expérience. J'ai effectué pas moins de 480 sauts et j'ai filmé pas moins de 350 personnes. J'ai vécu un été de rêve.
C'était la première fois que je ne voyageais pas durant l'été et l'expérience a été fantastique. Je compte répéter l'an prochain. J'ai donc raté des camps, mais je n'ai pas chômé pour autant parce que j'ai découvert des similitudes entre les deux sports. Les chocs de l'atterrissage à haute vitesse représentent un bel exercice. Puis il y a des ressemblances avec le sport de haut niveau comme la prise de décisions rapides, la gestion de la décélération et il y a aussi l'impact avec l'ouverture du parachute. Bref, j'étais toujours en train de bouger. J'ai développé mon haut du corps davantage et j'ai gardé mon poids bas.
J'ai eu choc quand j'ai participé à un camp avec l'équipe nationale en octobre à Zermatt en Suisse, car mes résultats ont été très bons. Après trois jours, j'affichais un chrono au même niveau que l'an denier, et ce, même sans m'être entraîné durant l'été.
J'étais donc rendu là où j'avais laissé l'hiver dernier. Le chronomètre et la vitesse ne mentent pas. C'est vraiment encourageant d'arriver au bas de la piste avec les mêmes temps qu'Alexandre Bilodeau et Mikael Kingsbury. Je me demandais comment je pouvais rivaliser avec eux aussi tôt dans la saison et à mon âge en plus. Mon entraîneur aussi ne comprenait pas. C'est à partir de ce moment que j'ai fait un rapprochement avec les sauts en parachute.
Ces excellents résultats m'ont conforté dans ma décision de poursuivre ma carrière. Je n'ai pas le sentiment de voler la place à un plus jeune parce que mes résultats me permettent d'être en milieu de peloton. Mais si en cours de route je me rends compte que je ne suis pas à la hauteur et que je n'ai aucune chance de monter sur le podium, je vais simplement rentrer chez moi.
Je vais donc jouer encore une fois le rôle de grand frère et ça va me faire plaisir d'aider mes coéquipiers à mieux performer. Dans le fond, on est justes compétiteurs sur la piste.
Une dernière saison ?
Il s'agit probablement de ma dernière saison, mais il ne faut jamais dire jamais! Je sais qu'il y a des limites à étirer l'élastique et ça me donne le temps de préparer ma sortie. Je travaille sur un projet qui risque d'exiger beaucoup de moi. C'est un beau projet hybride que j'ai hâte de réaliser.
Je pense que j'ai encore des choses à apporter à mon équipe. Comme je suis avec l'équipe nationale depuis longtemps, je connais bien les différents circuits, je sais que je peux aiguiller les gars sur les spécifités de chacune des pistes.
J'ai aussi eu du plaisir l'an passé à partager une technique de saut que j'ai développée il y a deux ans. Je sais que mes coéquipiers en ont profité et j'en suis fort heureux. L'entraîneur Robert Kober me disait que le meilleur résultat de son pire athlète avait été une cinquième place. Et là-dedans, il y a deux ou trois jeunes skieurs qui n'avaient jamais fait de coupe du monde.
Le jour où je serai à la retraite, je serais disposé à partager mes connaissances comme consultant. J'ai d'ailleurs été entraîneur très souvent pendant plusieurs étés à Whistler en Colombie-Britannique alors enseigner ne serait pas quelque chose de nouveau pour moi. Je ne voudrais toutefois pas être à temps plein parce que j'ai d'autres buts.
Début de saison en Finlande et saut à ski
La saison se mettra en branle en décembre à Ruka en Finlande. C'est un endroit que je connais très bien et j'ai hâte d'y retrouver.
Je vais profiter de mon passage en Finlande pour m'initier au saut à ski, le sport national dans ce pays. Je carbure à l'adrénaline et je vais aller explorer quelque chose de nouveau. Il n'y a pas grand-chose qui me fait peur et j'ai hâte de le faire. J'ai déjà sauté de nuit en cachette à partir d'un tremplin de 120 pieds avec mon équipement. Cette fois, je serai dirigé par un entraîneur et un ancien champion du monde avec un équipement adéquat. Je vais apprendre la vraie technique.
Ce qui me fait triper, c'est d'arriver à garder la tête froide et de bien réfléchir dans un moment où le commun des mortels n'y pourrait pas. Je pense ça peut m'aider dans mon sport.
*propos recueillis par Robert Latendresse
Quand je me suis rendu compte que même dans la trentaine j'ai 32 ans que je pouvais concurrencer avec Guilbaut Colas au niveau de la vitesse et de la technique notamment, je me suis dit pourquoi laisser tomber tout de suite. Qu'est-ce que ça me donnerait d'arrêter alors que je suis en santé et encore en mesure de lutter pour le podium.
Je sens aussi que j'apporte encore à l'équipe et que je sens que je ne vole pas la place à un skieur plus jeune. L'an passé, j'ai partagé plusieurs de mes trucs à mes coéquipiers et je sais que mes enseignements les ont aidés. Lors d'une coupe du monde, les Canadiens ont réussi une fois à prendre les positions deux à six. C'est tout dire notre force.
Dans mon esprit l'an passé, j'avais l'impression que c'était ma dernière année. Je n'ai raté que deux finales et j'ai quand même terminé au septième rang du classement tout en n'ayant pas participé à deux courses par choix. Si je reste, ce n'est pas par un manque de relève non plus, parce que l'équipe nationale sera très forte et dominante même sans moi. On m'a savoir aussi que j'étais un atout pour l'équipe.
Ça fait 15 ans que je suis là et j'adore encore. Je sens que je peux encore m'améliorer et que je peux toujours rivaliser avec les meilleurs. En plus, j'ai le bonheur de pouvoir toujours compter sur l'appui financier de Cascades. Cette entreprise québécoise m'accompagne et m'encourage depuis plus de 12 ans.
J'ai repris l'entraînement récemment après avoir laissé le ski de côté durant toute la saison estivale. J'ai plutôt travaillé tout l'été comme caméraman pour l'école de parachutisme Voltige à Joliette dans Lanaudière. J'ai adoré l'expérience. J'ai effectué pas moins de 480 sauts et j'ai filmé pas moins de 350 personnes. J'ai vécu un été de rêve.
C'était la première fois que je ne voyageais pas durant l'été et l'expérience a été fantastique. Je compte répéter l'an prochain. J'ai donc raté des camps, mais je n'ai pas chômé pour autant parce que j'ai découvert des similitudes entre les deux sports. Les chocs de l'atterrissage à haute vitesse représentent un bel exercice. Puis il y a des ressemblances avec le sport de haut niveau comme la prise de décisions rapides, la gestion de la décélération et il y a aussi l'impact avec l'ouverture du parachute. Bref, j'étais toujours en train de bouger. J'ai développé mon haut du corps davantage et j'ai gardé mon poids bas.
J'ai eu choc quand j'ai participé à un camp avec l'équipe nationale en octobre à Zermatt en Suisse, car mes résultats ont été très bons. Après trois jours, j'affichais un chrono au même niveau que l'an denier, et ce, même sans m'être entraîné durant l'été.
J'étais donc rendu là où j'avais laissé l'hiver dernier. Le chronomètre et la vitesse ne mentent pas. C'est vraiment encourageant d'arriver au bas de la piste avec les mêmes temps qu'Alexandre Bilodeau et Mikael Kingsbury. Je me demandais comment je pouvais rivaliser avec eux aussi tôt dans la saison et à mon âge en plus. Mon entraîneur aussi ne comprenait pas. C'est à partir de ce moment que j'ai fait un rapprochement avec les sauts en parachute.
Ces excellents résultats m'ont conforté dans ma décision de poursuivre ma carrière. Je n'ai pas le sentiment de voler la place à un plus jeune parce que mes résultats me permettent d'être en milieu de peloton. Mais si en cours de route je me rends compte que je ne suis pas à la hauteur et que je n'ai aucune chance de monter sur le podium, je vais simplement rentrer chez moi.
Je vais donc jouer encore une fois le rôle de grand frère et ça va me faire plaisir d'aider mes coéquipiers à mieux performer. Dans le fond, on est justes compétiteurs sur la piste.
Une dernière saison ?
Il s'agit probablement de ma dernière saison, mais il ne faut jamais dire jamais! Je sais qu'il y a des limites à étirer l'élastique et ça me donne le temps de préparer ma sortie. Je travaille sur un projet qui risque d'exiger beaucoup de moi. C'est un beau projet hybride que j'ai hâte de réaliser.
Je pense que j'ai encore des choses à apporter à mon équipe. Comme je suis avec l'équipe nationale depuis longtemps, je connais bien les différents circuits, je sais que je peux aiguiller les gars sur les spécifités de chacune des pistes.
J'ai aussi eu du plaisir l'an passé à partager une technique de saut que j'ai développée il y a deux ans. Je sais que mes coéquipiers en ont profité et j'en suis fort heureux. L'entraîneur Robert Kober me disait que le meilleur résultat de son pire athlète avait été une cinquième place. Et là-dedans, il y a deux ou trois jeunes skieurs qui n'avaient jamais fait de coupe du monde.
Le jour où je serai à la retraite, je serais disposé à partager mes connaissances comme consultant. J'ai d'ailleurs été entraîneur très souvent pendant plusieurs étés à Whistler en Colombie-Britannique alors enseigner ne serait pas quelque chose de nouveau pour moi. Je ne voudrais toutefois pas être à temps plein parce que j'ai d'autres buts.
Début de saison en Finlande et saut à ski
La saison se mettra en branle en décembre à Ruka en Finlande. C'est un endroit que je connais très bien et j'ai hâte d'y retrouver.
Je vais profiter de mon passage en Finlande pour m'initier au saut à ski, le sport national dans ce pays. Je carbure à l'adrénaline et je vais aller explorer quelque chose de nouveau. Il n'y a pas grand-chose qui me fait peur et j'ai hâte de le faire. J'ai déjà sauté de nuit en cachette à partir d'un tremplin de 120 pieds avec mon équipement. Cette fois, je serai dirigé par un entraîneur et un ancien champion du monde avec un équipement adéquat. Je vais apprendre la vraie technique.
Ce qui me fait triper, c'est d'arriver à garder la tête froide et de bien réfléchir dans un moment où le commun des mortels n'y pourrait pas. Je pense ça peut m'aider dans mon sport.
*propos recueillis par Robert Latendresse