Pendant que mes coéquipiers ont pris la direction de Calgary pour y disputer la prochaine épreuve du circuit de la Coupe du monde, j'ai plutôt bifurqué vers le Colorado, où je passerai une semaine en solitaire en préparation des championnats du monde qui auront lieu la semaine prochaine à Deer Valley.

Ce changement de cap fait partie d'une stratégie que j'ai élaborée au mois d'octobre et découle du constat suivant : c'est toujours difficile de skier à Deer Valley. Non seulement la piste se trouve à 7000 pieds d'altitude, mais elle est super longue et très exigeante physiquement. Je trouvais que le laps de temps de quelques jours seulement entre l'étape de Calgary et le début des championnats du monde ne me permettait pas d'arriver en Utah dans des conditions optimales.

Avec la permission de mon équipe (j'ai dû la demander parce que je manquais une épreuve canadienne) je pars donc pour Winter Park, l'un des meilleurs endroits au monde pour faire du ski de bosses, avec trois objectifs en tête : repos, entraînement et acclimatation. Comme ce complexe se trouve à 9000 pieds d'altitude, je crois que j'aurai un avantage marqué sur mes compétiteurs à Deer Valley.

Je dis que je pars en solitaire, mais ce n'est tout à fait vrai. Je ne serai accompagné d'aucun entraîneur ou coéquipier, mais j'ai quand même beaucoup d'amis là-bas. D'ailleurs, j'habiterai chez une amie de très longue date, l'Américaine Michelle Roark, que j'ai connue à l'époque où on skiait sur le circuit de la Coupe Nor-Am. Je bénéficierai aussi du support financier de mon équipe, qui n'a pas hésité à m'appuyer dans ma décision.

Je crois fermement que j'arriverai à Deer Valley avec une bonne longueur sur la concurrence. Ça ne peut pas faire autrement puisque d'ordinaire, ça me prend trois jours pour m'habituer à cet endroit. Là, je mets toutes les chances de mon bord.

C'est vrai que ma décision hypothèque mon objectif de terminer dans le top-3 au classement général du circuit de la Coupe du monde, mais en même temps, l'objectif ultime, c'est une médaille aux championnats du monde. Je suis donc prêt à prendre ce pari, le dilemme est facile pour moi.

Une belle troisième place à Lake Placid

J'ai raison d'être optimiste parce que je viens de réussir une encourageante troisième place à Lake Placid. J'étais content, parce que j'ai terminé deux fois en cinquième place aux qualifications, ce qui représente, à part la Chine en début de saison, mon meilleur résultat en trois ans.

Dans ma première course, j'ai commis la même erreur qui a fait mal à Alexandre Bilodeau le lendemain. J'ai trop voulu en mettre, je suis allé trop vite dans le milieu et je n'ai pas réussi à tenir la piste. Le deuxième jour, j'ai tiré un peu plus sur le frein à main et j'ai été récompensé. Enfin, j'ai réussi ma meilleure descente de la saison en finale, ce qui m'a donné une troisième place.

C'était surtout le fun de voir autant de coéquipiers autour du podium. Non seulement Mikaël Kingsbury a récolté l'argent - sa quatrième médaille de la saison - mais Marc-Antoine Gagnon et Cédric Rochon ont terminé quatrième et cinquième respectivement. Chez les filles, Chloé Dufour-Lapointe, Kristi Richards et Jennifer Heil ont pris les positions deux à quatre.

C'est toutefois dommage pour Alex, il voulait vraiment gagner cette épreuve, mais il est très fort et je sais qu'il va s'en remettre.

C'est plaisant de voir les excellents résultats obtenus par l'équipe canadienne depuis le début de la saison. On fait tout ce qui faut de la bonne façon. Les résultats des uns motivent les autres et ça fait boule de neige.

Je serai à Calgary en pensées pour appuyer mes coéquipiers, en espérant que ma stratégie aura rapportera des dividendes! On se reparle la semaine prochaine.

*Propos recueillis par Nicolas Landry.