Le Portugal est entré sur le terrain avec des ambitions. Beaucoup d'ambitions. Avoir le passeport pour les quarts de finales dès le deuxième match, pour ne pas se casser la tête, pour ne pas se mettre en position délicate.

La République tchèque est entrée sur le terrain avec le même dessein. Les prémices pour un match de haut niveau étaient là.

Les deux entraîneurs avaient annoncé la couleur : le maintien du même onze de départ qu'au premier match. La vérité de la part de Scolari, un peu d'intox de Brückner qui a finalement titularisé le meilleur buteur de l'Euro 2004, Milan Baros, et le nouveau venu Matejovsky en remplacement de Jarolim.

Mais c'est d'un grand duo que s'est faite la différence. Deco, qui avait été un peu en demi-teinte lors du premier match, a pris toute sa place dans le second. C'est de lui qu'est venue l'inspiration des siens, c'est lui qui a donné le ton au match. Dès la 8e minute de jeu, son but, modelé entre lui et Cristiano Ronaldo, a ouvert les enjeux. La réplique des Tchèques n'a pas tardé, moins de dix minutes plus tard, mais l'influence de Déco s'était fait sentir sur tout le match.

Il aura fallu attendre la deuxième mi-temps pour que le match se dénoue, et Deco aura encore été à l'origine de la poussée qui a amenée Cristiano Ronaldo à donner l'avance aux siens. Ronaldo est impressionnant, ça va de soi. Mais pour qu'il réalise en avant, il faut que l'action origine du milieu. Pour faire le travail de peinture, il faut que quelqu'un ait construit le mur…

Les Tchèques n'ont pas mal paru loin de là. Baros a apporté un peu plus d'animation que Koller à l'avant, Polak a été irréprochable au milieu, la défense n'a pas trop mal paru, mais l'adversaire était plus fort aujourd'hui. Cependant les hommes de Karel Brückner ont été beaucoup moins ternes que lors du premier match et ont laissé entrevoir des atouts qui les hissent au-dessus des deux autres prétendants du groupe. Logiquement, on devrait les retrouver eux aussi en quarts de finales.

L'autre match s'est joué à trois : la Suisse, la Turquie et la pluie. Si le match Espagne-Russie s'est déroulé sous la flotte hier, il fallait savoir nager pour disputer le Suisse-Turquie d'aujourd'hui. L'arbitre Lubos Michel, converti en sauveteur de plage, a dû se demander si le match pourrait arriver à sa conclusion avant d'être emporté par une vague… Les Suisses, plus à l'aise dans cet environnement humide, ont bien cru détenir leur passeport vers les quarts de finales quand Hakan Yakin a marqué à la 32e minute. Le ballon s'est arrêté net dans une flaque d'eau et l'attaquant suisse (d'origine turque) a pu devancer le gardien qui nageait un peu plus loin.

Mais la pluie a cessé à la mi-temps. Et sans que les conditions ne redeviennent parfaites, elles se sont suffisamment améliorées pour permettre aux Turcs de récupérer une certaine vitesse, une certaine fluidité dans leur jeu. Leur but égalisateur les a relancés. Tout indiquait qu'on s'en allait vers une nulle qui n'écartait personne quand un autre coup de tonnerre a ébranlé le stade et les Suisses. Dans les arrêts de jeu, Arda Turan marquait le but vainqueur, un brin dévié par le mollet d'un Müller dévasté, et du même coup sortait la Suisse de « son » Euro. Un sort qu'elle ne méritait pas vraiment, en tout cas pas à ce stade de la compétition. Frei aurait-il vraiment pu faire la différence?

La deuxième place du groupe se jouera donc entre la République Tchèque et la Turquie. Les Suisses seront bon pour un dernier tour de pistes contre les hôtes du dernier Euro. Ceux-ci s'étaient au moins inclinés en finale.