Peut-il y avoir de fin plus crève-cœur pour une équipe que celle vécue par le Mexique devant les Pays-Bas? Peut-il y avoir issue plus cruelle que celle qui vous sort d’une Coupe du monde sur deux actions alors qu’il ne reste pratiquement plus de grains dans le sablier?

Le Mexique, qui est entré dans la Coupe du monde par la (très) petite porte d’en arrière avait finalement réussi à prouver qu’il méritait sa place. Victoire contre le Cameroun, Brésil en échec 0-0, victoire de 3-1 sur la Croatie, sa qualification en huitièmes de finale n’était pas due au hasard. Il s’est donc amené dans ce match contre les Pays-Bas, l’une des quatre équipes ayant réussi un parcours parfait jusqu’ici, sans complexes et sans peur. Il l’a d’ailleurs montré tout au long de la première mi-temps.

Les Mexicains avaient l’avantage du jeu et parvenaient à garder les dangereux francs-tireurs néerlandais – Van Persie, Sneijder, Robben- loin du but d’Ochoa. Ils se montrent plus audacieux et plus entreprenants. Mais les Pays-Bas peuvent se permettre d’être patients. Dans une guerre d’usure, ils sont plus avantagés par la profondeur de leur effectif et par l’expérience de leurs joueurs.

Le défi physique est important. Un soleil implacable darde ses rayons à l’aréna Pernambuco Recife de Fortaleza. Dans les gradins, les spectateurs ont déserté les sections exposées au soleil. Température ressentie dans les estrades : 42 °Celsius. Sur le terrain, une pause fraîcheur planifiée est sifflée à la 32e minute. Même les arbitres en profitent en s’apposant des serviettes humides sur les épaules et en s’hydratant. Je ne peux m’empêcher de me demander ce qu’il en sera au Qatar… Une pause fraîcheur aux quinze minutes? Présentement, il fait 34 °C là-bas, température ressentie de 44, et ce, pas dans les gradins au soleil, mais partout. Tous les jours.

Au retour, le Mexique continue de dominer. À la 37e minute, les Pays-Bas n’ont qu’un seul tir au but, dont aucun cadré, contre 5 (2) pour le Mexique. Van Persie n’a pas beaucoup de ballon, ce qui explique peut-être la pauvreté de cette statistique. Moment de panique chez les Mexicains quand Marquez fait une mauvaise passe et que Robben se retrouve avec le ballon dans la surface. Marquez réussit un beau retour et malgré les jérémiades de Robben, pas de pénalty.

Quand ils reviennent sur le terrain pour la deuxième demie, les Mexicains croient encore en leur étoile et c’est finalement Giovanni Dos Santos qui marque le but. Enfin un, lui qui avait été privé de deux buts valides contre le Cameroun. Vlaar avait bien tenté de repousser de la tête, mais son ballon, trop vertical, profite au jeune Mexicain. Mais les Pays-Bas se réveillent et sortent de leurs sabots pour enfin enfiler leurs chaussures de sport. La menace est là, tout le temps. Huit de leurs neuf derniers buts ont été marqués en deuxième période de jeu. Ochoa multiplie les miracles. Van Persie, Robben (qui a tenté d’avoir un autre pénalty à la 68e), Huntelaar, rien ne passe. Même si ce dernier était hors jeu, Ochoa a réussi l’arrêt à bout portant.

Autre pause fraîcheur. Louis Van Gaal dit avoir préparé son match en fonction de cette pause fraîcheur. Ses changements y sont prévus et Huntelaar, qui devait faire basculer le match, entre à ce moment. À la reprise, la menace Oranje est partout sur le terrain. Ils pressent, ils forcent, ils acculent le Mexique au fond de sa zone. Et ce qui devait arriver arriva. Sur le 10e corner du match, la majorité en seconde mi-temps, Sneijder déjoue Ochoa, deuxième but du tournoi accordé, sur une frappe imparable. Ce but fait mal au Mexique, très mal même. On le voit dans les yeux du gardien, on le voit dans le pas alourdi des joueurs. Il y a une brèche dans la muraille, le doute s’est installé. Et du côté des Néerlandais, on flaire ce doute aussi sûrement qu’un chat débusque une souris.

Et après l’avoir tenté tant de fois, Arjen Robben l’a enfin son penalty. Ça laisse un goût amer à cause de l’incessante comédie jouée par le pourtant talentueux néerlandais. Il n’a pas besoin de ça pour bien paraître, mais, comme un enfant gâté qui veut sa friandise, sa moue boudeuse se tourne constamment vers l’arbitre pour qu’on gronde le méchant. Est-ce que ça m’agace? OUI! Sauf que cette fois-ci, il y a bien faute. Marquez, à sa quatrième Coupe du monde, à sa 16e présence dans le tournoi prestigieux, accroche Robben qui s’empresse de faire un plongeon exagéré pour s’assurer que l’arbitre a bien vu l’outrage. Mais il n’avait rien à craindre, l’arbitre avait vu. Huntelaar, rentré tout frais de la pause du même nom, converti le pénalty devant un Ochoa impuissant. Les Pays-Bas passent à la phase suivante.

Il y a bien des choses que nous allons regretter du Mexique. Les arrêts magique d’Ochoa, dont la valeur marchande a certainement augmenté dans ce tournoi, le jeu pétillant sur le terrain, les partisans joyeusement bruyants dans les gradins, les mimiques et l’enthousiasme de l’entraîneur Miguel Herrera, surnommé « El piojo » (le pou) dans son pays. Il peut se retirer la tête haute très certainement et envisager l’avenir avec optimisme. Mais ce n’est pas ça qui va le consoler aujourd’hui.

Les Pays-Bas, quant à eux, se sont faits une belle frayeur. À eux maintenant de démontrer qu’ils méritent leur chance.

Jusqu’au bout

Avec deux équipes qui n’ont marqué aucun but avant la 42e minute de jeu dans cette Coupe du monde, il ne fallait pas s’étonner que ce soit toujours 0 à 0 à la mi-temps. Pourtant, le Costa Rica et la Grèce ont des styles bien différents. Mais les Costariciens empruntés peinaient à trouver leurs marques sur le terrain et à développer son jeu. La Grèce produit cet effet. Celle-ci en profitait en montant un peu plus qu’à son habitude. À la 22e minute, Campbell est fauché par Karagoinis à quelques centimètres de la surface de réparation. À quelques centimètres du pénalty. Le Costa Rica ne peut profiter du coup franc. Mais on ne change pas l’immuable…0-0 à la mi-temps malgré une grosse chance de la Grèce détournée par le genou du gardien Navas.

Il faudra attendre de revenir de la pause, pas fraîcheur, mais régulière celle-là, pour que le match balance du côté du Costa Rica. Un jeu qui part de Campbell, passe par Bolanos et Ruiz qui frappe du pied droit. Le ballon roule doucement, mais fermement vers le but et les défenseurs tétanisés ne bougent pas d’un poil, pas plus que Karnezis qui voit le ballon passer à ses côtés comme dans un mauvais rêve. Le Costa-Rica mène, mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué? Avec son deuxième carton jaune du match, Oscar Duarte est expulsé et le Costa-Rica doit terminer le match à dix.

Et tout à coup, il y a des Grecs partout sur le terrain. Ils passent tout près de réaliser l’exploit dans les minutes d’arrêt de jeu où le gardien Navas fait une grosse frayeur à son entraîneur. Touché à l’épaule, il tarde à se relever. Il n’y a plus de remplacement possible pour le Costa Rica, toutes les cartouches ont été utilisées… Mais il aura quelques minutes pour se remettre… Pour la deuxième fois des huitièmes de finale, on va en prolongation.

Véritable marée bleue sur le terrain. Les Grecs sont remontés et le ressort des Costariciens est brisé. On sent leur désarroi et ils subissent l’invasion de la flotte grecque. Cependant les Grecs n’arrivent pas à mettre à profit leurs multiples chances. Et plus le temps passe, plus il sert le Costa Rica. Une séance de tirs au but nivellerait les chances. Et inévitablement on y arrive. L’égalité persistera jusqu’au 8e tir quand Gekas rate son but. Umaña a au bout de son pied, le tir le plus important de l’histoire du soccer costaricien. Et il marque! Le Costa Rica l’emporte et la Grèce n’a qu’à se blâmer de ne pas avoir su profiter de l’avantage d’un homme à partir de la 66e minute de jeu! Le Costa Rica continue donc son parcours étonnant qui l’a fait coiffer un groupe d’où bien peu pensaient l’en voir sortir, en envoyant l’Italie et l’Angleterre à la maison.

Pays-Bas contre Costa Rica en quart de finale… Qui aura appris le plus de ses erreurs en huitième?