La phase des quarts de finale ne pouvait commencer avec plus belle affiche. D'un côté la France, cette équipe prometteuse, bourrée de talent, avec une performance brillante contre l'Argentine, et de l'autre cette Uruguay déterminée, dominante devant le Portugal, dont rage de vaincre résonne à chacun de ses pas.

Un absent de taille pour les Uruguayens cependant. Edinson Cavani, sorti lors du match contre le Portugal, touché au mollet, n'allait pas être disponible pour le match, et serait remplacé par Stuani. Si l'attaquant offrait une bonne solution de rechange pour l'entraîneur Tabarez, c'est l'entente entre Suarez et Cavani qui risquait de manquer le plus. Depuis mars 2017, ce serait la première fois qu'ils ne débuteraient pas un match ensemble. La seule absence pour la France était celle de Matuidi, suspendu pour cumul de cartons.

Uruguay 0 - France 2

Et le coup d'envoi a été sifflé par Nestor Pitana, arbitre dans les bonnes grâces de la FIFA puisqu'il en était à son troisième match dans le tournoi, dont celui d'ouverture. Si on avait pu craindre une rencontre fermée en se basant sur les quatre 0-0 des derniers matchs entre ces deux équipes, l'allure du jeu au premier quart d’heure laissait présager un style beaucoup plus ouvert entre deux formations qui voulaient aller de l'avant. Les périodes de domination sont passées d'un camp à l'autre jusqu'à ce que la France s'installe un peu plus en territoire uruguayen. Et il y a eu ce coup franc à la quarantième minute de jeu. « J’avais demandé à Antoine (Griezmann) de me servir le ballon là où j'étais, racontait Raphael Varane après le match, il l’a fait! » Varane a alors prolongé de la tête le ballon de Griezmann jusqu'au fond du filet. Ce but marqué en fin de mi-temps a pesé lourd et l'est resté surtout à cause de l'arrêt de Lloris sur le coup de pied de Caceres juste avant le sifflet de la mi-temps. Une magnifique parade sur sa droite, au bout de la main tendue pour dévier un tir que Godin a été incapable de reprendre.

L'Uruguay n'a pas été aussi incisive en deuxième mi-temps. Était-ce l’absence de Cavani qui jetait son ombre sur les attaques manquées? Les deux changements amenés par Tabarez n'ont pas apporté l’effet escompté d'autant plus que Griezmann a marqué le deuxième but français quelques instants plus tard.  À 2-0, on sentait que l'Uruguay était battue. Les larmes de José Gimenez, alors qu'il restait encore deux minutes avant les arrêts de jeu, décrivaient mieux que tout l'immense tristesse de cette équipe qui voyait son rêve lui échapper. La France a mérité sa victoire et cette jeune équipe prend de l’expérience à la vitesse grand V.  « Nous avons eu six jours pour nous remettre d'un gros match, six jours pour planer et revenir sur terre. C’est une équipe jeune qui a rehaussé son jeu pour ce match, disait un Didier Deschamps ravi après la rencontre. « Dans tous les cas, ce ne sera pas une Coupe du monde ratée », ajoutait-il en disant sa fierté d'être français  et en se tournant maintenant vers la demi-finale.

Dans le camp des perdants, c'est un capitaine triste et déçu mais aussi grand seigneur, Diego Godin, qui a louangé les siens. « Nous n'avons rien a nous reprocher, nous avons fait un mondial spectaculaire. Nous avons tout donné dans ce match et la France est une grande équipe ». Il n'a surtout pas voulu blâmer Muslera sur son erreur de positionnement sur le but de Griezmann, le père de sa filleule. « Tout le monde fait des erreurs un jour où l'autre. Fernando est un grand gardien, il nous a parfois sauvés il ne faut pas l'oublier. »  L'Uruguay fait partie des équipes qu'on voit quitter avec tristesse. La situation aurait-elle été différente si Cavani avait été au jeu? On ne le saura jamais, mais chose certaine on a vu une France qui joue de mieux en mieux, qui progresse avec aplomb et qui donnera encore plus dans le prochain match.

Surprise surprise

Mais la surprise du jour appartient au deuxième match. On savait que la Belgique avait une équipe solide, l’une des plus équilibrées sur papier. On savait que cette génération était parmi les plus brillantes qu’elle ait amené en Coupe du monde. Mais un doute subsistait. À la magnifique remontée de 0-2 pour l’emporter 3-2 sur le Japon, s’ajoutait le côté sombre de la force : avoir encaissé deux buts devant une formation jugée plus faible et moins douée. Le Brésil  se présentait comme un obstacle immense, voire infranchissable.

En son et images : Brésil - Belgique

Les choses ont rapidement pris une autre tournure. Dans une entame de match digne d’un vaudeville où le ballon se faufilait entre les jambes de tout le monde au milieu d’une défense désorganisée (Belgique) devant une attaque qui ne l’était pas moins (Brésil), le premier quart d’heure s’est achevé sur le onzième but contre son camp de cette Coupe du monde. Stupeur dans les gradins, pour la première fois, le Brésil tirait de l’arrière quand Fernandinho, remplaçant d’un Casemiro suspendu qui aura cruellement fait défaut au Brésil, marquait de l’épaule dans son camp.

Et dans le dernier quart d’heure de la première mi-temps, cette fois-ci un but bien légitime des Belges, sur une superbe frappe de Kevin De Bruyne. Entrer au vestiaire en tirant de l’arrière par deux buts, ce n’est pas arrivé souvent aux Brésiliens. Malgré l’arrivée de Firmino en seconde mi-temps, puis celle de Douglas Costa, le Brésil n’a jamais pu retrouver l’assurance dont ils avaient fait preuve jusque-là dans le tournoi, depuis son match nul contre la Suisse. Il aura fallu l’entrée de Renato Augusto à la 73e pour bouger un peu les choses. Mais son but marqué trois minutes plus tard sera trop peu, trop tard. Encore ce matin, l’entreprise Gracenote sports donnait le Brésil comme favori à 33% pour remporter la Coupe tandis que la Belgique était à 11%. Comme quoi les sondages et prédictions n’ont pas toujours raison. Ça s’est déjà vu ailleurs...

Les demi-finales seront donc toutes européennes puisque les quatre équipes impliquées dans les deux quarts de demain viennent toutes de ce coin du globe. On a déjà un France-Belgique au programme, un gros match en perspective entre des voisins aux liens étroits. Et Neymar? Ah oui Neymar. Il était bien sur la feuille de match.