Petite leçon de zoologie aujourd’hui à l’Estadio Nacional Mane Garrincha de Brasila où deux types de volatiles différents s’affrontent : le coq et l’aigle. Un oiseau de basse-cour et un grand rapace diurne. Mais quelle face du coq verrons-nous aujourd’hui? Celle du mâle de la poule se distinguant par ses grandes plumes relevées en faucille, ou celle du coq de combat? Et l’aigle, utilisera-t-il son vol puissant ou se contentera-t-il de planer?

La première mi-temps nous a montré une France un peu pâle (c’est ça des Bleus en blanc), pas en réussite dans le dernier tiers du terrain, maladroite dans ses relances et approximative en défense. Rien pour faire chanter le coq. Du côté du Nigéria un peu plus de volume physique, d’occupation de terrain, mais aussi cette incapacité à compléter les jeux et à aller au bout des actions. L’aigle ne parvient pas à refermer ses serres sur sa proie.

À la 18e minute, Musa vient ponctuer une belle séquence de domination en marquant un but qui sera refusé sur hors-jeu. Ça sentait le coq rôti... Ce but refusé semble réveiller la France qui remonte rapidement le terrain et quelques instants plus tard, Pogba décroche un tir du pied droit solide, mais le nid est défendu par un aigle royal. Vincent Enyeama, qui joue en championnat français avec Lille, connaît un excellent tournoi.

Mais après ces éclats de part et d’autre, on retombe dans une inertie où les deux équipes semblent être confortables. Pogba qui passe mollement à Valbuena, intercepté par un défenseur qui remet aussi négligemment le ballon dans les pieds de Pogba qui n’en profitera pas. Des coqs en pâtes et des aigles ramollis. Lloris aura un bel arrêt à faire avant la pause de la mi-temps devant Emmanuel Emenike qui a eu tout le temps du monde pour armer sa frappe.

Quelques statistiques commencent à émerger... La France a perdu 2 de ses 3 derniers matchs en Coupe du Monde contre des pays africains, 0-1 contre le Sénégal en 2002, 1-2 contre l’Afrique du Sud en 2010. Et depuis 1998, la France a été impliquée dans le plus de matchs qui se sont terminés sur des 0-0... l’Italie en 1998, l’Uruguay en 2002 et 2010, la Suisse en 2006 et maintenant l’Équateur cette année. Didier Deschamps doit secouer sa basse-cour.

À la reprise, un peu d’engagement, trop même alors que Blaise Matuidi frôle le carton rouge pour une faute sur Onazi qui envoie le Nigérian à l’infirmerie. Des deux côtés on aurait pu y laisser des plumes... Lloris doit ensuite repousser des poings un autre tir sec, de Odemwingie cette fois. Puis arrive un dix minutes complètement fou qui fera ultimement basculer le match dans le camp des Français. Benzema se retrouve complètement seul devant Enyeama qui réussit l’arrêt, mais le ballon vole derrière lui. Moses fond sur le ballon et écarte la menace. La « goal line technology » le montre sans équivoque, le ballon n’est jamais rentré. Quelques minutes plus tard, autre arrêt sur Benzema et le ballon va ensuite taper la barre transversale. C’est fou, fou, fou. Encore une minute et, sur un corner de Valbuena, Pogba marque et pousse la France en avant. Célébration sobre de la part du buteur. Un seul but, c’est fragile en Coupe du Monde, parlez-en aux Mexicains!

Griezmann, entré pour Giroud, amène le but d’assurance... qui sera marqué par Yobo contre son camp. Les jeux sont faits, il ne reste plus que les arrêts de jeu à écouler pour que l’aigle retourne dans son nid. La France l’emporte sur des Super Eagles qui ont manqué de souffle en fin de match et qui n’ont pas réussi à profiter de leurs occasions devant les buts. Elle passe en quart de finale, le coq peut chanter.