L’Argentine qui est morte cent fois dans cette Coupe du monde avait reçu un coup de défibrillateur avec la victoire du Nigéria sur l’Islande. Aujourd’hui, elle mord la main qui l’a sauvée et vole la qualification au nez d’un Nigéria catastrophé.

On savait que la journée serait riche en émotions de toutes sortes. C’est surtout dans les rencontres de l’après-midi que l’intensité dramatique, dont parlait Jean hier, a atteint son point culminant. Avec la Croatie assurée de sa place, le Nigéria, l’Argentine et l’Islande pouvaient tous prétendre à la deuxième position qualificative.

Le premier but de Messi, au premier quart d’heure de jeu, plaçait l’Argentine au deuxième rang d’un classement qui n’allait cesser de se modifier au fil des deux matchs entrelacés. Vingt minutes plus tard, Badelj marquait pour la Croatie, confortant un peu la position argentine, toujours à la merci d’une victoire islandaise. Les nouvelles voyagent vite dans les stades et on sentait le soulagement, crispé tout de même, sur le terrain. En deuxième mi-temps, une erreur stupide des défenseurs argentins qui se mettent à trois pour donner un corner bien inutile voient l’effet domino de leur geste. Sur le corner, Mascherano ceinture Balogun et l’arbitre du match Cuneyt Çakir, siffle sans hésitation. Pénalty pour le Nigéria. Moses le place plus qu’il ne le frappe et prend le gardien Armani, à sa première sélection nationale, à contre-pied. L’égalité requalifie le Nigéria. Dans l’autre match, un pénalty de l’Islande converti par Gylfi Sigurdsson, ramène la situation à ce qu’elle était avant les deux matchs. Besoin de victoire pour l’Islande et l’Argentine pour aller plus loin. Le temps file à une vitesse affolante pour les deux prétendants à la qualification.

L’Islande s’est remise à y croire, mais peut-être un peu tard. L’Argentine multiplie les attaques et frôle la catastrophe quand un ballon de Musa est stoppé par la tête de Rojo et dévie sur son bras. Après révision vidéo, M.Çakir décide de ne pas donner le pénalty. Le ballon va de la tête au bras, explique-t-il à un Musa estomaqué. C’est ce même Rojo qui marquera le but salvateur dix minutes plus tard. Il a jailli au point de pénalty comme un diable sort de sa boîte et récupéré le centre de Mercado d’une volée du pied droit, alors que le gauche est son arme de prédilection. Ce n’est que son troisième but en sélection argentine, mais un but qui propulse son équipe en huitième de finale. De l’autre côté, la Croatie a renvoyé l’Islande dans ses terres de glace et de feu avec un but de Perisic qui lui enlevait tout espoir. Deux matchs qui auront tenu la planète soccer en haleine d’un bout à l’autre. Ça compensait  pour une matinée beaucoup plus calme…

Bleu-Blanc-Pâle

Il fallait bien que ça arrive, un premier 0-0 dans cette Coupe du monde. Mais s’il y a des 0-0 excitants tissés d’arrêts spectaculaires et ponctués de montées à l’emporte-pièce, ce ne fut pas le cas de ce match entre la France et le Danemark, une France pâle à l’image des maillots blancs des Bleus. Pourtant, même si la qualification de la France était assurée, il y avait des choses à aller chercher. D’abord pour les  remplaçants amenés dans la formation par Didier Deschamps qui se devaient d’impressionner s’ils voulaient espérer gagner une place pour le huitième de finale. Ce ne fut pas le cas. Kimpembé n’a certainement pas chipé le poste de Umtiti, pas plus que Sidibé celui de Pavard, Lemar s’est bien agité  devant la défense, mais beaucoup de bruit pour rien. Dans les buts, Mandanda n’a pratiquement rien eu à arrêter et sur le seul tir qu’il a reçu sur le coup franc de Eriksen, il a dû prendre le ballon en deux temps. Rien de rassurant.

Le discours de Didier Deschamps à la fin du match était…corporatif. « On a assuré l’objectif de prendre la première place. Cette phase de groupe a été compliquée. Il y a de la densité et ce n’est pas évident. Les changements ont un peu nui à la cohésion de l’équipe, mais c’est bien que tous les joueurs se sentent concernés. » Quel est finalement le véritable visage de cette équipe de France? Fébrile dans sa victoire contre l’Australie, pas convaincante dans celle contre le Pérou et absente dans ce match contre le Danemark. Le manque de leadership devient de plus en plus évident. Qui peut prendre les choses en mains et sonner le réveil, lorsque nécessaire? Les candidats ne se bousculent pas au portillon. Qui peut aider Griezmannn à retrouver son lustre, lui qui a encore été en difficulté contre le Danemark, ce qui a peut-être amené Fekir plus tôt que prévu en remplacement.

En son et images : Danemark contre France

On sent que les Bleus ne se sont pas rassurés – et n’ont rassuré personne – avant la phase cruciale des matchs éliminatoires. De son côté, le Danemark  n’a pas été provocateur, s’est contenté de cette nulle et puisque le Pérou gagnait dans l’autre rencontre et n’a pas fait plus que nécessaire pour aller chercher mieux. Zzzzzzzzzz.

Un mot sur ce Pérou qui a terminé son Mondial avec grâce, faute d’être qualifié pour la suite. Une victoire sur une Australie pourtant dominante, deux buts marqués par des joueurs déterminants pour la sélection inca, soit Carillo, infatigable coureur et Guerrero, le capitaine rescapé de suspension. C’est un peu de baume sur le cœur d’une équipe péruvienne qui aura été joueuse tout au long du tournoi, et dont on aurait aimé voir plus, tout comme le Maroc.

On aura donc en huitième de finale France-Argentine, Croatie- Danemark. Il faudra que le coq chante pour la France afin de sonner un réveil salutaire. Ce n’est jamais facile de jouer contre une équipe revenue d’entre les morts.

Australie 0 - Pérou 2
Danemark 0 - France 0
Nigéria 1 - Argentine 2
Islande 1 - Croatie 2