BERLIN - Quatre buts en deux matches de qualification pour le Mondial! Thomas Müller, en panne d'efficacité à l'Euro 2016 et en Bundesliga cette saison, semble mystérieusement transformé chaque fois qu'il enfile le maillot aux quatre étoiles de l'Allemagne.

Grâce à ses deux doublés consécutifs, la Mannschaft se trouve en tête de son groupe avec deux victoires par 3 à 0, avant de recevoir l'Irlande du Nord mardi à Hanovre.

Après la Norvège début septembre, c'est la République tchèque qui a fait les frais samedi soir de la forme retrouvée de l'attaquant de 27 ans, auteur du premier et du troisième but de son équipe. Désormais bien lancée pour se qualifier et aller défendre en 2018 en Russie le titre mondial conquis au Brésil.

Sur les raisons de cette résurrection, après un Euro-2016 sans but, le joueur du Bayern Munich n'a pas vraiment d'explication. Et c'est par l'humour qu'il préfère répondre : « J'étais dans une situation tragique avant le match, et je suis très content de m'être sorti du pétrin », a-t-il lancé à brûle-pourpoint samedi soir après son doublé. Connaissant l'homme, sa confiance en lui et sa sérénité, les journalistes ont éclaté de rire. Müller manie l'auto-dérision aussi bien que le ballon.

« Blague à part, je ne sais pas à quoi ça tient. C'est intéressant, et amusant, enfin, pas si amusant que ça, que ça remarche maintenant, alors que l'on repart pour un Mondial », a tenté d'expliquer Müller, auteur de 10 buts en phases finales de Coupe du monde, et toujours à zéro en deux tournois européens (2012 et 2016).

« J'ai toujours dit que j'essayais de me laisser influencer le moins possible par les moments positifs ou négatifs. Il faut juste travailler dur et continuer d'essayer », a-t-il dit, heureux de faire taire le débat sur son inefficacité, qui inquiétait et agitait l'Allemagne depuis son Euro raté.

« Mülleriser »

Joachim Löw, son sélectionneur, pourtant jamais avare d'une analyse pointue, avoue lui aussi son incompréhension : « C'est difficile à expliquer. Il y a des phases dans la carrière d'un attaquant, parfois il marque, parfois il ne marque pas. Pendant l'Euro, Thomas était dans l'une de ces phases sans but, c'est tout. »

Ce retour en grâce avec l'équipe nationale est d'autant plus étonnant qu'en six matches de championnat depuis août, l'homme aux 36 buts pour 80 sélections n'a toujours pas marqué une seule fois. Le jeu de la Mannschaft lui conviendrait-il mieux?

On peut évidemment arguer du fait qu'au Bayern, Robert Lewandowski occupe les espaces dévolus au buteur, et que le rôle de Müller consiste à évoluer en soutien, autour de lui. Mais ce serait oublier un peu vite que le même Müller a terminé à la troisième place du classement des buteurs la saison dernière, avec 20 réalisations.

La situation en équipe nationale est un peu différente. En l'absence d'un véritable buteur, Löw demande à ses milieux offensifs plus de courses en profondeur dans la surface, notamment pour se trouver en position de reprendre les centres.

Ce qu'a fait Müller par deux fois contre les Tchèques, convertissant en buts des services de Götze en première période puis de Hector après la pause.

Pour le plus grand bonheur des supporteurs et des commentateurs allemands, qui ont depuis longtemps transformé son nom pour en faire le verbe « Mülleriser », plus ou moins synonyme, selon les situations de « faire un grand match et marquer des buts »!