Ce sera une lutte à trois dans le groupe H, pour les deux places qualificatives, la Pologne s’étant éteinte sans jamais avoir été allumée. Colombie et Pologne s’affrontaient après avoir perdu chacune leur match d’ouverture et de part et d’autre, il fallait s’attendre à une solide reprise en mains.

C’est ce que le sélectionneur Adam Nawalka avait certainement en tête quand il a remanié sa formation tactique et apporté quatre changements. Au premier quart d’heure du match, on pouvait penser que ça allait marcher. Le pressing de la Pologne était efficace et étouffait le jeu des Colombiens, jusqu’à ce que ceux-ci désserrent les mailles du filet et commencent à se libérer de  l’étau polonais.

Dès lors, les Quintero, Cuadrado, James Rodiguez , Falcao et compagnie se sont mis à voler sur le terrain, imposant un rythme étourdissant à leur adversaire. C’est Mina, jeune joueur du FC Barcelone, assigné à la lourde tâche de marquer Lewandowski, qui a ouvert le score à la fin de la mi-temps. Un magnifique but de la tête sur un service précis de James. À 1,95 m, on ne sera pas surpris que trois des quatre buts marqués en équipe nationale par Mina l’ont été de la tête. Mais un but d’avance, ce n’est pas grand-chose. Tout peut basculer d’un seul coup, sur un bon ou un mauvais jeu, sur un coéquipier ou un adversaire. Mais il faut d’abord y croire. Et il semble que la Pologne n’y a pas cru.

Étourdie par le jeu caféiné des Colombiens, limitée dans ses espaces et dans ses idées, la Pologne a regardé passer le train sans pouvoir y embarquer. Alors qu’on s’étonnait que ce ne soit toujours que 1 à 0 tant le jeu de la bande à James était convaincant, Falcao et Cuadrado ont réglé le match en enfilant deux buts à 5 minutes d’intervalle. Falcao en attaquant la surface de réparation avec un regard de feu et un seul but derrière la tête, celui de compter devant. Et Cuadrado qui a profité d’une autre passe parfaite de James, nommé homme du match, en récompense à un match qu’il aura survolé. La Pologne est sortie de la Coupe du monde pour la troisième consécutive en phase de groupe, sans jamais avoir donné l’impression d’y être entrée. Pour la Colombie, rien n’est assuré. Tout se décidera dans le match contre le Sénégal. Mais en attendant, elle peut se satisfaire en étant la première équipe sud-américaine de cette Coupe du monde à battre un adversaire européen. Une petite douceur en attendant le grand rendez-vous.

Onze buts ont été marqués dans les deux autres matchs, un nul qui ne fait l’affaire de personne et une victoire écrasante où le vaincu a malgré tout fini le match en souriant. D’abord le match nul entre le Japon et le Sénégal. Qui a dit qu’il n’y avait pas de groupe de la mort cette année? Japon et Sénégal, tous deux vainqueurs de leur premier match, se sont livré une lutte à l’arraché, chacun s’efforçant de regagner ce que venait conquérir l’autre. Si deux fois le Sénégal a pris l’avance,  deux fois le Japon est revenu de l’arrière. Le coup de sifflet final s’est fait entendre sans que rien ne soit réglé. Dans son match décisif, le  Japon affrontera une Pologne déjà éliminée mais qui, dans la même situation, a remporté son troisième match dans les deux éditions précédentes. Les Japonais devront prendre au sérieux cet adversaire qui pourrait bien avoir un sursaut de fierté.

Enfin, l’Angleterre s’est qualifiée en laissant à peine le Panama toucher au ballon. Le score de 5 à 0 à la mi-temps laissait présager une seconde demie d’enfer pour los Canaleros. Cinq buts sur sept tirs, dont six cadrés, c’est ce qu’on appelle de l’efficacité. En deuxième mi-temps les Anglais ont un peu levé le pied et sont entrés dans un mode de gestion. Dans un tournoi aussi long, c’est fort compréhensible. Ça n’a pas empêché cependant Harry Kane de compléter son tour du chapeau. L’Angleterre volait vers la victoire quand le Panama a réussi son exploit : marquer un premier but en Coupe du monde. C’est Felipe Baloy, entré à la 69e minute, qui passera à l’histoire du soccer de son pays. Ce but n’a pas qu’un rôle honorifique, il remet aussi l’Angleterre, qui a remporté sa plus grosse victoire  en Coupe du monde, à parfaite égalité avec la Belgique, aussi qualifiée dans le groupe. Même nombre de points, même nombre de buts, la première place se décidera dans l’affrontement entre les deux le 28 juin.

Dès demain commence la dernière journée de la phase de groupes, celles où les matchs sont joué simultanément afin d’éviter les possibles calculs  qui pourraient influencer le cours des matchs. Six équipes sont déjà assurées d’occuper l’une des 16 places disponibles, dix restent à prendre. Bien du drame encore à venir.