Il fallait laisser un peu de temps passer pour faire le bilan de cette expérience de la Coupe du monde féminine FIFA. Il fallait laisser le vent souffler sur les dernières vapeurs de la compétition... tout comme il faudrait qu’il souffle sur Vancouver pour la libérer de cette fumée intense qui l’a envahie. Au ciel intensément bleu que nous avons connu lors de nos deux premiers séjours dans ce joyau de la côte ouest, a succédé une lumière jaunâtre diffusée par un soleil qui peinait à percer l’épaisse couche de fumée qui s’abattait sur la ville. La finale a eu lieu juste à temps, avant que cette aura sinistre ne vienne fausser la donne, avant que la fumée intense ne vienne piquer la gorge et les yeux des joueuses sur le terrain. Qui en ont quand même senti les premiers effluves.

Alors, que reste-t-il de cette Coupe du monde? En ce qui me concerne, l’envie d’en voir un peu plus. Un peu plus, parce que je n’ai pas ressenti l’effet « wow » des autres Coupes du monde ou Euros déjà couverts. Un peu plus, parce que je sens que ces joueuses peuvent nous donner des matchs à couper le souffle, des envolées d’anthologie, des prestations éblouissantes. Mais je ne les ai pas vues, ou si peu, éparpillées çà et là au fil du tournoi. Il faut dire que je n’ai pas vu tous les matchs, prise bien souvent entre deux avions, entre deux aéroports.

C’est donc un sentiment bien personnel que j’exprime, parce que dans le tournoi, il y a eu de beaux jeux bien sûr, de belles constructions, des buts spectaculaires, des instants déchirants et d’autres exaltants. Mais il y a eu aussi beaucoup de jeu à l’économe, de stratégies dictées par la prudence, de longues possessions stériles. Vingt matchs se sont terminés sur le score de 1-0. Plusieurs ont été décidés sur des pénaltys parfois tirés par les cheveux. Mais ça fait partie de l’apprentissage, ça fait partie du peaufinage d’une compétition, du passage d’un format de 16 à 24 équipes, amenant quelques déséquilibres inévitables entre débutantes et expérimentées.

Vancouver

Déjà, on a pu voir que l’écart se resserre, que la Coupe du monde n’est plus l’affaire de deux ou trois grandes nations. Elle aura été riche en enseignements pour celles qui faisaient une première entrée dans la compétition, et d’ores et déjà on peut présumer qu’en France, en 2019, le niveau de jeu sera encore plus relevé. La finale a couronné les meilleures, celles qui logiquement devaient soulever la coupe, pour une troisième fois, au bout de leurs bras. Le Japon avait eu un parcours moins ardu, un groupe plus « facile » avec trois nations participant à leur première Coupe du monde. Il a même joué de chance parfois avec cette victoire en demi-finale offerte gracieusement par Laura Basset sur ce but contre son camp. Après 15 minutes, voire 10, le match était déjà plié. Seul le fait que c’était les Américaines qui menaient, dans un stade bondé de leurs compatriotes, a su maintenir une ambiance de fête dans les gradins.

Mais ce fut une expérience formidable. Suivre l’équipe canadienne d’un bout à l’autre du pays nous a permis de vivre la compétition différemment. Voir et entendre les entraîneurs en points de presse avant et après les matchs nous permettait de prendre le pouls des équipes en place et de mieux saisir, parfois, ce qu’elles vivaient sur le terrain. C’était un gros événement. La présence de la presse internationale en témoignait, la présence des employés de la FIFA aussi. Question sécurité, ce n’était pas, à ma grande surprise, aussi serré que lors des Jeux olympiques. Pas de contrôle, sinon de la validité de notre laissez-passer, aux entrées. Une circulation assez libre à l’intérieur des stades et un accès relativement facile aux athlètes, lorsqu’elles voulaient bien se prêter au jeu. Les réticences rencontrées parfois sont incompréhensibles. Elles avaient aussi un devoir de promotion du sport, une obligation envers cette couverture médiatique qu’elles recherchaient, mais ce fut l’exception.

Le bilan est donc très positif. Tant au point de vue des assistances, même si ce fut parfois long à démarrer, qu’au niveau de l’audience télévisuelle qui s’est chiffrée à plusieurs millions dans le monde. C’est encore loin de ce que réussit la Coupe du monde masculine, mais il y a là indéniablement un pas intéressant. Le soccer féminin continue de cheminer, comme on aurait dû le traduire, vers un plus grand but!