Si les matchs quart de finale de la Coupe du monde de beach soccer FIFA 2015 (appellation contrôlée…) sont une indication de ce que seront les demi-finales, cœurs sensibles s’abstenir! Ça va jouer dur dans le sable de la plage d’Espinho au Portugal et bien malin qui pourrait en prédire les résultats.

On a eu droit à quatre thrillers au bout desquels des équipes méritantes ont acquis le droit de croiser le fer pour gagner une place en finale. Quelques résultats déchirants aussi. Les deux derniers champions du monde s’affrontaient dans une finale avant l’heure, poussant un premier match en prolongation dans cette Coupe du monde. Le Brésil, créateur de cette version festive du soccer, contre la Russie, championne en titre des deux dernières éditions. Il ne restait que neuf secondes à la prolongation quand Egor Shaikov, capitaine de l’équipe russe complètement démarqué au deuxième poteau a propulsé, d’une tête précise, son équipe en finale. Les Brésiliens, fascinants à voir jouer sur le sable, véritables artistes dans la manipulation et le contrôle du ballon, auront payé cher leurs errements défensifs. On va les regretter pour le reste du tournoi.

La Russie, donc, première qualifiée sur cette victoire in extremis 6-5, affrontera le Portugal qui a gagné sa place avec toute l’assurance de l’équipe hôte du tournoi. Les Suisses n’ont pu revenir face aux trois buts encaissés sans réplique en deuxième période. L’effort de Stankovic, valeureux durant tout le match, a été balayé par Madjer, en route pour son tour du chapeau et possiblement un titre de Soulier d’or du tournoi, et Coimbra qui mettaient le match hors d’atteinte pour la Suisse qui perdait 7 à 3. Une Suisse quand même étonnante pour un pays dont le principal attrait touristique n’est certainement pas les plages. Mais tant au volleyball de plage qu’au soccer de plage, les Helvètes ont choisi de consacrer temps, argent et efforts pour arriver à être compétitif sur ce terrain loin des cimes enneigées des Alpes qui les entourent. Avec succès comme on peut le constater.

Une première demi-finale opposant donc la Russie au Portugal. Les deux attaques ont le même nombre de buts marqués dans le tournoi, soit 23. Cependant, le Portugal en a accordé 13 contre 19 pour la Russie. Suffisant pour faire pencher la balance en faveur des Portugais? Pas sûr… Si l’équipe hôte peut compter sur l’un des plus formidables duos du tournoi, Belchior et l’incroyable Madjer, toujours aussi percutant à 38 ans, les Russes ont une équipe très équilibrée. Le danger peut venir de partout. En outre, ils peuvent compter sur deux gardiens solides qui se sont partagé la tâche tout au long du tournoi, alors que du côté du Portugal, Petrony n’est entré qu’une seule fois en cours de jeu. Il y a l’avantage de la foule, certes, qui sera bruyante et mobilisatrice pour l’équipe locale. Encore une fois, suffisant pour faire pencher la balance en faveur des Portugais? Rien n’est moins sûr… Avantage Russie.

Dans l’autre partie du tableau, les deux matchs quart de finale ont été remportés à l’arraché, par une faible marge d’un but. Ozu Moreira, l’âme et le cœur de l’équipe japonaise, n’aura pas pu empêcher les Italiens d’aller chercher la victoire grâce aux deux buts d’Emanuele Zurlo qui talonne maintenant Madjer avec 7 buts. Les deux meneurs chez les buteurs, Pedro Moran du Paraguay et Noel Ott de la Suisse, sont éliminés de la compétition. L’Italie demeure donc invaincue dans le tournoi.

Elle fera face à Tahiti qui a gagné sa place au terme d’un duel harassant contre l’Iran. Meneuse à quatre reprises dans le match, elle s’est fait rattraper autant de fois par des Iraniens tenaces et acharnés. La défaite aura été cruelle pour eux, n’ayant pas pu renverser le rythme d’alternance des buts. Taiarui, avec 4 min 21 s à faire, a réglé la question. Cette fois-ci l’Iran, épuisé par ses multiples retours incessamment perdus, a dû s’avouer vaincu.

La deuxième finale opposera donc l’Italie à Tahiti. La plus forte attaque, 23 buts pour Tahiti à égalité avec la Russie et le Portugal, contre la meilleure défense de tout le tournoi, un maigre 9 buts accordés à l’adversaire par l’Italie. Celle-ci, finaliste en 2008, effectue un retour en Coupe du monde. Pas de gros buteurs, mais deux joueurs autour desquels s’articule l’attaque l’équipe : Zurlo et Gori qui ont marqué plus de la moitié des buts des leurs. C’est là où le bât blesse pour la formation italienne. Tahiti n’aura qu’à surveiller étroitement ces deux joueurs pour porter un sérieux coup à la production offensive de son adversaire. En revanche, l’excellente défense des Italiens ne saura plus où donner de la tête. Tous les Tahitiens ont marqué, sauf Mo et le deuxième gardien, Beo. À sa Coupe du monde en 2013, Tahiti avait réussi une très honorable quatrième place. Nul doute qu’elle a le talent et les arguments pour aller plus loin cette fois-ci. Avantage Tahiti.

Le beach soccer (sic) est très différent de son grand frère sur gazon et peut laisser un peu de sable entre les dents des puristes. Mais le spectacle en vaut la peine et donne parfois de belles pièces d’anthologie, comme ce but spectaculaire marqué par Bruno Xavier à la Coupe Riviera Maya 2014, contre l’Allemagne. Alors samedi, oubliez la pluie qu’on nous promet et donnez-vous un bain de soleil en regardant des demi-finales dignes de ce nom. La plage d’Espinho à elle seule, fait rêver.

Tahiti 5 - Iran 4
Italie 3 - Japon 2
Portugal 7 - Suisse 3
Brésil 5 - Russie 6 (Prolongation)