MADRID - Le FC Barcelone, hors de portée du Real après le match nul des Merengue (1-1) sur la pelouse de l'Espanyol Barcelone, s'est assuré samedi soir sans jouer le 22e titre de champion d'Espagne de son histoire.

Ce titre vient quelque peu apaiser la brûlure produite par la double gifle reçue en demi-finale de la Ligue des Champions (0-4; 0-3) contre le Bayern, qui a donné l'impression d'une fin de cycle du Barça sur la scène européenne.

Même s'il fait suite à cette leçon de football, ce succès national a tout de même été accueilli avec une vive émotion par les Barcelonais.
Deux personnes étaient particulièrement associées à ce sacre: l'entraîneur Tito Vilanova et le défenseur français Eric Abidal, tous deux réchappés d'un cancer.

Vilanova, parti durant deux mois à New York pour soigner un cancer à la glande salivaire après une rechute, était en pleine lumière après ce premier titre conquis sans son maître spirituel, Pep Guardiola, qui avait passé la main l'année dernière.

Laissé seul aux commandes après avoir remporté aux côtés de « Pep » 14 trophées en quatre ans - un record - Vilanova a au moins su perpétuer cet héritage en Liga, avec ce 4e titre en cinq ans.

Il a aussi retrouvé un acolyte parfait en la personne de Jordi Roura qui, durant les deux mois d'absence de Vilanova pour son traitement, a assuré l'intérim de manière sobre et efficace.

Aux côtés de Vilanova, la présence d'Abidal prenait aussi une résonance particulière: transplanté du foie en avril 2012 en raison d'un cancer à cet organe, le Français de 33 ans a accompli un retour presque unique dans le sport.

Tout pour la Liga

Alors qu'on lui prédisait déjà l'arrêt de sa carrière sportive, « Abi » est revenu à la compétition en un temps record - seulement un an après sa greffe.

Teinté d'émotion, ce titre possède évidemment aussi des aspects sportifs impressionnants.

Auteurs du meilleur début de saison de l'histoire de la Liga avec 13 victoires consécutives et un match nul, les Blaugrana ont assommé d'entrée de jeu un Real lent au démarrage puis déchiré par des divisions internes.

Le regain de forme des Madrilènes - vainqueurs aux points dans les confrontations directes (2-2; 3-1) - sera arrivé trop tard.
Durant une bonne partie de la saison, Messi le virtuose aura porté son équipe à bout de bras.

Crédité de la bagatelle de 46 réalisations, le quadruple Ballon d'Or se sera plus que jamais transformé en machine à buts de son équipe. À 4 journées de la fin, il peut encore battre son propre record de 50 buts établi la saison dernière.

À ses côtés, Iniesta et Xavi auront su prendre le relais quand l'Argentin, perturbé par une blessure à la cuisse, aura eu besoin de souffler.

Une sensation prédomine tout de même: celle que les hommes de Vilanova sont quelque peu en bout de course. On pourrait proposer une simple explication conjoncturelle: les Barcelonais n'ont pas su répartir leurs efforts, brûlant toutes leurs cartouches en Liga et se retrouvant à court de carburant dans une Ligue des champions, qui, une nouvelle fois, leur échappe.

Un noyau très solide

Certains joueurs ont tout particulièrement participé à la conquête du 22e titre de l'histoire du FC Barcelone: Messi est évidemment incontournable, bien secondé par Iniesta, tandis que Piqué et Valdes colmataient tant bien que mal une arrière-garde parfois débordée.

Lionel Messi

Auteur de 46 buts en Liga, soit près de la moitié des buts de son équipe, le petit Argentin aura souvent porté à bout de bras sa formation. A 4 matches de la fin du championnat, il peut encore battre son propre record - de 50 réalisations - établi la saison dernière.

Le quadruple Ballon d'Or aura notamment traversé une période particulièrement faste entre janvier et début avril, où il a fait mouche contre les 19 autres équipes de la Liga, du jamais-vu jusqu'ici. Avec un doublé le week-end dernier, il a étiré sa série à 21 matches de championnat de suite avec à chaque fois un but au moins !

Sa blessure à la cuisse droite en quart de finale aller de la C1 contre le PSG l'a freiné sur la scène européenne, et le Barça n'a su le suppléer. De quoi relancer l'idée de mieux épauler la "Pulga" (puce).

Andres Iniesta

À 28 ans, le petit milieu aux dribbles en arabesque reste une valeur sûre de ce Barça.

S'il a moins marqué que d'autres années (5 buts toutes compétitions confondues contre 8 l'année dernière), il a été un dépositaire du jeu important pour les Blaugrana, notamment lorsque Messi a commencé à décliner en fin de saison.

S'entendant bien avec tous les milieux catalans - et notamment avec Fabregas, qu'il a alimenté en ballons pour en faire le 2e meilleur buteur de l'équipe - Iniesta n'a pas fait défaut à se réputation de "Mage" du ballon.

Le champion du monde et double champion d'Europe a notamment pris toute son ampleur lorsqu'il est redescendu d'un cran, plutôt que d'évoluer comme ailier comme c'était le cas en début de saison.

Gerard Piqué

L'une des rares satisfactions de la défense catalane, qui a par ailleurs bien souffert cette saison.

Autant la saison dernière, le grand défenseur central s'était dissipé, livrant un exercice en pointillés, autant cette saison, il a été constant, écopant comme il pouvait dans une arrière-garde qui prenait parfois l'eau.

Si le Barça ne termine le championnat qu'avec la 3e meilleure défense, ce n'est en tout cas pas du fait de Piqué, qui aura tenu son rang.

L'international espagnol, qui a passé cette saison le cap des 50 sélections, a d'autant plus de mérite qu'il a souvent dû faire équipe avec des partenaires différents - Bartra, Adriano ou même Abidal, revenu à la compétition un an seulement après sa greffe de foie - du fait des blessures longue durée de Puyol et Mascherano.

Victor Valdes

Même s'il ne remportera pas son 5e Zamora consécutif (prix décerné au gardien ayant le moins encaissé de buts), le portier blaugrana a paradoxalement réalisé une de ses meilleures saisons.

S'il avait commencé du mauvais pied, commettant une bévue en Supercoupe d'Espagne face au Madrilène Di Maria qui a finalement coûté le trophée aux Barcelonais (victoire à domicile 3-2; défaite à l'extérieur 2-1), le reste de la saison du gardien de 31 ans a été exemplaire.

C'est simple: Valdes s'est montré aussi irréprochable dans les cages blaugrana qu'il l'a été en mars face à la France lors des qualifications pour le Mondial-2014 (victoire de l'Espagne 1-0).

Lui qui a d'ores et déjà annoncé au Barça qu'il ne prolongerait pas son contrat qui arrive à échéance en juin 2014, va donc cruellement manquer aux siens. Peut-être même dès cet été, puisqu'il pourrait partir en cas de belle offre. Pour le remplacer, des noms comme Guaita, Diego Alves ou Lloris ont été cités. Mais tous auront fort à faire pour faire oublier "VV".