ROME - Forte de sa victoire de 2-1 à l'aller, la Juventus Turin pourrait être tentée de murer son but à Dortmund dans la grande tradition italienne plutôt que de se ruer à l'attaque, mercredi en 8e de finale retour de Ligue des champions.

Docteur ès tactique, Massimiliano Allegri devrait aligner le 3-5-2 des années Antonio Conte et tenter une sorte de « catenaccio » revisité.

Le jeu est risqué face à la vitesse des attaquants du Borussia, Pierre-Emerick Aubameyang et Marco Reus en tête. Les modernes, adeptes du jeu offensif du siècle de Pep Guardiola, voudraient que la « Vieille Dame » titille un peu la défense jaune et noire, inquiétante de faiblesse à l'aller où elle a pris deux buts sur deux accélérations.

Mais Allegri a plusieurs raisons de relire les classiques italiens.

Il a récupéré Andrea Barzagli, qui a disputé samedi son premier match après neuf mois à l'infirmerie, et peut reformer la défense de fer : le trio Barzagli, Leonardo Bonucci, Giorgio Chiellini, avec Gianluigi Buffon dans les buts.

Ensemble ils ont joué 71 matchs sous le maillot « bianconero » pour 40 buts concédés, à peine un peu plus d'un tous les deux matches. Même si Barzagli revient d'une longue absence, Allegri mise sur les automatismes.

Pirlo forfait

Depuis le match contre l'Olympiakos Le Pirée, il a abandonné le 3-5-2 pour appliquer son 4-4-2, mais Allegri a ressorti trois fois le vieux système à trois centraux, et n'a encaissé qu'un but. Se contenter de défendre 90 minutes, son équipe sait faire, comme à la Fiorentina ou à l'AS Rome.

Le technicien est d'autant plus tenté par cette option que la Juve a marqué sur deux contres à l'aller. Enfin, le forfait d'Andrea Pirlo réduit les milieux titulaires à trois: Arturo Vidal, Claudio Marchisio et Paul Pogba, avec Stephan Lichtsteiner et Patrice Evra sur les côtés dans un rôle d'arrières-milieux.

La petit forme offensive du Borussia, qui reste sur deux 0-0 en championnat contre Hambourg et Cologne, incite encore plus Allegri à privilégier le « calcio » antique.

En effet Jürgen Klopp, qui se doute bien que son collègue défendra son avantage, aborde la rencontre sans grandes certitudes. Le Borussia est certes parvenu à sortir des profondeurs du classement de Bundesliga où il végétait depuis le début de la saison, mais les deux nuls vierges montrent que le malaise plane toujours du côté de la Ruhr.

« Si le match d’aujourd’hui a été bon pour quelque chose, c’est qu’il a permis de voir ce qui n’allait pas », a commenté Klopp après la rencontre face à Cologne.

« Rolls Reus »

L’entraîneur du BVB, dixième en championnat, reste confiant car ses joueurs « peuvent le faire ». « Nous avons déjà vu cette équipe produire des performances exceptionnelles », a-t-il dit, et « contre la Juventus, ce sera un tout autre match et nous pouvons faire beaucoup mieux ».

Le Borussia devra mettre de la vitesse pour déstabiliser le probable futur champion d'Italie (14 points d'avance sur le deuxième) et compter sur la réussite de ses attaquants Aubameyang et « Rolls Reus » qui ont signé neuf des 13 derniers buts du club en championnat. En Ligue des champions, l'international allemand a marqué cinq fois lors des quatre dernières rencontres, dont le but de l'aller.

Le Borussia compte également sur son ex-« juventino » Ciro Immobile. S'il n'est pas parvenu à s'imposer en Bundesliga, l'attaquant italien devient un autre joueur les soirs de Ligue des champions (quatre buts lors des cinq matches de poule).

Inspiré, Immobile pourrait faire basculer un grand classique du foot européen. Juve et Borussia se sont affrontés deux fois en finale, les Italiens ont remporté la Coupe de l'UEFA 1993, les Allemands la Ligue des champions 1997. À qui la belle?